Mercredi 26 mai 2004 : le festin de Garance.
GMTFr : +6H00 22° sud 114° est météo : beau, vent
JF accompagnent leurs parents à la pêche au gros, Maud préfère éviter le mal de mer et Garance va en profiter pour se reposer une journée. La club nautique d’Exmouth est pour quelques mois encore un port de crevettiers, mais dépêchez-vous, le terrassement et les canaux de la future marina sont déjà terminés. Nous avons rendez-vous avec Ross sur son bateau, le F.A.D., pour une journée de pêche au marlin, le roi des poissons.
Très beau bateau, un Bertram Carribean 45 ( 14 mètres), tout pour la pêche, le vrai matériel de pro. Le capitaine, bonne tête sèche d’Irlandais, taillée au boomerang, rougie par le soleil, un top gun de la pêche et Peter le marin, l’Australien surfer, large sourire à caquette, comme dans les séries télé, nous accueillent. Sortie rapide et sans bavure, toujours l’enthousiasme universel du départ à la pêche. Mer bleue, ciel bleu, lumière transparente et bleue, bon début. Julia est ravie que nous ne soyons « que nous » à bord.
Petite navigation à plus de vingt nœuds pour atteindre le trou à marlin, au large du phare de la péninsule. Quatre lignes à l’eau, les leurres pèsent près d’un kilo chacun, des poulpes multicolores avec deux hameçons énormes, deux près du bateau, deux plus loin, écartées avec de longs tangons en carbone pour éviter les nœuds entre les différentes lignes, plus une petite au milieu avec un petit leurre pour les thons. Ross à la manœuvre et au sondeur pour pêcher au bon endroit, Peter aux cannes. La mer bouge pas mal, écume blanche sur fond bleu Méditerranée, cannes et tangons noires, nylon blanc, moulinets cuivre rutilant au soleil, très beau spectacle. Tzing, une ligne part, celle de la petite canne à thon, c’est Félix qui mouline et remonte fièrement un thon rayé verticalement de violet. Il n’en reviennent pas, Félix sur la photo, le thon de repartir si vite à l’eau. Chips, coca, attente, nouveau thon, c’est Julia qui mouline, mais arrivé au bord du bateau, il se décroche. Le suivant est sur une grosse canne, espoir mais combat trop rapide, certainement pas un gros marlin. Chris remonte un barracuda d’un peu plus d’un mètre. Autre lieu, autres cieux, le barra tellement apprécié aux Antilles, repart à l’eau, jugé médiocre chair ici alors qu’on n’y connaît pas la ciguatera. Encore un thon, Choupie remonte son plus gros poisson ainsi que son premier à la traîne, bataille rapide, une petite bonite, jugée elle aussi médiocre à manger. Elle repart à l’eau après la photo. A ce rythme, on ne risque pas de remplir les glacières. Attente, tours des profondeurs. Nouvelle touche sur la petite ligne, Julia remonte un thon à ailes jaunes et chair blanche de quelques kilos. Jugé comestible par le patron, nous le gardons. Félix remonte encore une petite bonite. Heureusement qu’il y a la petite ligne, car du côté des monstres, pas beaucoup d’animation comme dit Ross.
Nous changeons de coin de pêche pour aller vers le « hedge », un tombant où le fond passe de 60 à 120 mètres brutalement. Nous en faisons inlassablement le tour, mais rien ne vient. C’est le moment de manger la pêche des professionnels, des crevettes roses, fraîches de la nuit précédente, juste ébouillantées, un régal. Mais pas de marlin pendant ce temps. Juste un très gros thon à aile jaunes venu grignoter quelques tentacules plastique d’un de nos gros poulpes, avant de disparaître au fond sans tirer sur l’hameçon. Et toujours pas de marlin. Nous décidons d’aller nous baigner près des îles plates et essayer de trouver des langoustes.
Nous remontons les lignes, dommage pour le spectacle de ses bonds formidables, cela aurait été le premier marlin de Chris, un grand souvenir pour toute la famille. Et la fin de la pêche, c’est toujours une petite mort, tout le contraire du début, sauf quand elle a été miraculeuse. Nous jetons l’ancre entre les îles, l’eau est frisquounette et un peu trouble, mais, avant que nous ayons eu le temps de mettre la petite famille à l’eau, Peter revient avec un belle langouste attrapée au lasso (boucle de fil de fer au bout d’un bâton). Tout le monde à l’eau, un ban de perroquets, une carpe rouge, des poissons de récif, mais d’autres langoustes, point. Un bel endroit, l’eau trouble est peut-être due au début de la saison des crevettes, les crevettiers remuant le fond de la baie avec des chaînes, un peu plus loin.
Retour vers le port par mer belle après une bonne journée de mer, deux dauphins nous disent bonjour en passant. Au revoir Ross, le pro et Peter, le gentil, merci, nous repartons avec des filets de thon à ailes jaunes et nos rêves de marlin, deux bonnes raisons pour revenir un jour pas trop lointain.
Garance a deux ans aujourd’hui. Née à Toulouse, un an à Minorque, deux ans à Exmouth, un premier tour du monde bientôt bouclé, un bon départ dans la vie. Festin de reine pour son anniversaire avec sashimi de thon blanc (nous avions prévu wassabi et sauce soja), filet et tête de thon, plus langouste, au barbecue, gâteau au chocolat. Merci Ross et Maud. Garance est superbe dans son déguisement de fée rose avec son cartable à kangourou sur le dos, prête à partir à l’école direct dans cette tenue intégrale.
La phrase du jour : « Mamilène (mamie Hélène)» Garance au téléphone. « Elle arrive ? » Félix qui a une idée relative de la distance Marseille-Exmouth.
ENSEIGNURE (lieu de pêche que l’on retrouve grâce à des repères sur la côte)
Exmouth est un des meilleurs endroits d’Australie pour la pêche. Bien meilleur encore que Broome, déjà très réputé. C’est l’avis de Peter mais aussi de Ross, qui emmène les gens pêcher depuis plus de 20 ans, qui passe la saison à Exmouth mais habite Broome. On y pêche de tout : marlin, thon, carpe rouge, barramundi, crevette et langouste, de toutes les façons possibles, traîne, au fond, au lancer, à la mouche… On peut venir de loin pour pêcher à Exmouth. On peut faire totalement confiance à Ross, ainsi qu’à son bateau absolument impeccable et à son matériel pléthorique et presque neuf, pour des tours-croisières d’une journée à une semaine.
F.A.D. Ross
tél : 0410 649 135
site web : fadcharter@wn.com.au |
TECHNIQUE MARLIN
On ne pêche à traîne avec comme leurres de gros poulpes multicolores et deux hameçons très sérieux maintenus dos à dos avec du chatterton. On traîne entre 7 et 8 nœuds sur les fonds où la présence des marlins est connue, grand fond au large du phare, tombant…
Les marlins sont gros, on pêche avec 850 mètres de fil sur de gros moulinets et des cannes courtes très solides. Il n’est pas rare que les marlin embarquent tout le fil, en général ils prennent environ 400 mètres de fil en 15 secondes.
Deux cannes pêchent très près du bateau, entre 10 et 15 mètres, pas plus. Les marlins, rois des mers, n’ont peur de rien et ont un comportement très agressif. Ils n’hésitent pas à attaquer les leurres aussi près du bateau et alors le spectacle est superbe. C’est avec une de ces cannes que nous avons attrapé le barracuda. Les deux autres lignes sont écartées par les perches, une reste entre 30 et 40 mètres du bateau, l’autre une vingtaine de mètres plus loin. Pour animer la journée et occuper les enfants, on met un ligne au centre avec un petit leurre, poulpe blanc, monté sur une petite canne, pour les thons. |
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