Lundi 24 mai 2004 : requins-baleine.
GMTFr : +6H00 22° sud 114° est météo : beau, vagues
Départ pour l’attraction majeure d’Exmouth, nager avec les requins baleine. C’est la compagnie Three Islands qui nous emmène. Pick up (ils viennent nous chercher) à 7h30, petit tour en minibus pour récupérer les derniers attardés, briefing en chemin, programme de la journée, comment suivre le requin baleine avec des palmes… pour nous et un Australien, en anglais, pour tout le reste des participants, en japonais. C’est bien qu’il n’y ait que des japonais, pas envahissants et tellement loin de nous que pas de compétition ni de discussions oiseuses avec de futurs nouveaux amis rapidement oubliés. Du coup, c’est presque comme si nous étions seuls, un quasi charter privé. Il fait beau. On y va. Cool, comme ils disent ici.
Le minibus s’arrête au bord d’une plage de sable, transfert en Zodiac jusqu’au bateau, un catamaran à moteur, équipement à bord avec ce qui manque à chacun, palmes, masque, tuba, combinaison en néoprène. Nous partons rapidement vers la passe et nous nous arrêtons à l’extérieur du récif de corail pour un test du matériel et une plongée bouteille pour les japonais. Nous attendons le retour des ninjas pour rejoindre les trois bateaux qui se relayent autour d’un requin baleine à quelques centaines de mètres de là. Ils arrivent enfin, le spectacle va pouvoir commencer.
Nous levons l’ancre et rejoignons le groupe des autres bateaux en prenant notre tour, car tout cela est très bien organisé. Pas plus de 10 personnes autour du requin à la fois, pas plus de 20 personnes par bateau. Le premier bateau se met dans l’axe du requin qui arrive, un groupe se met à l’eau, tente de suivre comme il peut le plus grand poisson du monde, coup de sifflet, ce groupe s’arrête, le deuxième groupe du bateau se met à l’eau, coup de sifflet, le premier groupe du bateau suivant se met à l’eau et ainsi de suite. Un bon business, il suffit d’un squale pour faire vivre quatre bateaux. Comme les requins-baleine nagent tout droit sans dévier, il suffit de bien disposer les bateaux les uns derrière les autres dans l’axe du cap du poisson.
Notre tour arrive. Les japonais tous dans le même groupe, Maud malade (sea sick) reste à bord avec JFG, le groupe B se compose de l’australien, Choupie et Chris. Un requin baleine presque que pour nous, presque, car l’australien, surexcité, prend encore plus de place que son format pachydermique ne le laissait non supposer, mais prévoir. Nous sautons à l’eau, trop tard, pas exactement dans la bonne direction, Choupie part pour le record du 100 mètres nage libre, mais avec ses palmes de location ses pieds sont toujours plus petits que ceux de Ian Thorp. Aucune chance, grande excitation, effort violent, Choupie ne voit pas passer le géant, mais est livide, hors d’haleine, au milieu du grand bleu trouble. Car, si les requins-baleine sont ici en ce moment, c’est pour se gaver de plancton. Et qui dit plancton concentré, dit eau trouble. Plutôt un bien, car comme ça, on ne peut pas apercevoir les autres requins, les vrais, ceux qui mangent de la viande et qui rôdent forcément au fond ou autour. Nous réussirons mieux au prochain coup, mais Chris en a profité quand même pas mal.
Une nouvelle chance se présente, Chris indique le cap, Choupie saute du bon côté du bateau, c’est toujours ça de pris, il faut aller vers Tamako, la chef plongeuse, qui indique avec son bras levé, où se trouve la bête. Justement, elle nous fonce tranquillement dessus. On ne la voit sortir du bleu que lorsqu’elle n’est plus qu’à quelques mètres, nous avons juste le temps de nous écarter de son chemin. Grosse bête, très placide, bouche à peine ouverte, points blancs sur tout le corps, une « démarche » de marionnette géante, pas vraiment taillée pour la chasse ni la vitesse. Avec son air de maquette Hollywoodienne d’avant l’animation informatique 3D, elle passe avec indifférence devant nous, qui essayons de la suivre. Un éléphant à travers les mouches. Elle, 7 ou 8 mètres, environ 10 tonnes, nous, 130 kilos, à deux. Pas la peine de s’énerver, ni d’un côté, ni de l’autre. Choupie n’est tout de même pas totalement rassurée et reste sur ses gardes. Coup de sifflet, place aux suivants. Choupie et Chris remontent sur le bateau radieux. Bientôt un autre plongeon. On doit descendre voir quatre ou cinq fois ce requin là, on ne sait plus très bien, mais la technique d’approche et de suivi s’affine. Puis nous passons au suivant. Mais avant, petite soupe roborative et amuse gueules genre mézé. Pour nous, un vrai repas, pour les Australiens, un apéro. Question de repères, l’Australie fait onze fois la France.
Recherchés par avion, partagés en bon entendement entre les bateaux qui se tiennent informés par radio, tout près du récif (mais tout de même à l’extérieur), les requins-baleine sont facilement repérés. Le prochain est un gros, 11 mètres, habitué des lieux et facilement reconnaissable grâce à son bout de queue manquant. Cette fois tout le monde y va, Maud, qui va mieux, JG qui se sont réchauffés. Superbe spectacle, énorme créature, lente, pataude mais fluide, deux poissons pilotes sous le ventre, un banc de petits poissons de coraux devant la bouche pour profiter des reliefs du géant. Pas de stress. Grâce au gars de la sécurité zodiac qui les met pile poil au bon endroit, Félix, qui suit sur le dos de son papa, est très content du spectacle, mais regrette que ce soit un peu trop court à cause d’un problème d’eau dans le masque. Julia se régale longtemps, bon masque, bon tuba, mais laisse toujours son papa entre le monstre et elle. Et pas question de lâcher la main non plus. Tout le monde remonte ravi sur le pont. Derniers runs pour ceux qui ont encore assez d’énergie, nous en avons, avant de rentrer déjeuner dans le lagon.
Milan, le cuisto serbo-croato-australien (TEVJDB), nous a préparé un bon repas presque méditerranéen, vidéo de nos requins du jour sur la télé du bord. Retour au minibus. Milan vient prendre une bière à la maison le soir et nous raconte sa vie à Londres avec sa fiancée anglaise, son pèlerinage en Serbie qui s’arrête devant un barrage Américain à cinq kilomètres du village où était né son père, sa vie de cuisinier en Australie.
Julia, six ans, un mètre trente et vingt kilos, Félix, quatre ans et demi, un mètre dix et quinze kilos, Maud, Choupie, Chris et même Garance à sa façon, ont vu un requin baleine de 11 mètres et 25 tonnes, en liberté, aujourd’hui. Grande journée.
La phrase du jour : « Impressionnant ! » Félix, après avoir vu le requin baleine.
Mardi 25 mai 2004 : petite journée tranquille à Exmouth.
GMTFr : +6H00 22° sud 114° est météo : beau
Le fait majeur de la matinée c’est le poisson entier, pas en filet, que Choupie sauve à la poissonnerie. Un Empereur Rouge, en anglais, un capitaine, en français, pas la même notion de la hiérarchie militaire, mais un des meilleurs poissons des deux côtés des eaux chaudes.
Après-midi à la plage, à Turquoise Bay, ça n’est pas Fakarava, mais ça n’est pas Dieppe non plus. Le fort courant qui suit le rivage fournit un grand jeu aux enfants, aller par mer, retour par terre. Sur le chemin vers Exmouth, fin de journée, tous les kangourous du parc naturel sont de sortie, un oiseau genre émeu court sur pattes, un edchina, croisement du porc-épic et du hérisson, des émeus, des vrais, dont un court avec la voiture avant de découvrir qu’en s’arrêtant, nous nous éloignons plus vite de lui, mais bon, c’est un émeu, même pas une autruche donc. On se croirait presque au Serengueti. Arrivée en haut du phare du bout de la péninsule alors que le soleil commence à disparaître dans la mer.
Petite journée, mais bonne journée.
La phrase du jour : « siplé boire ». Garance, qui apprend à parler et les bonnes manières en même temps.
LES
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