Journal de bord
AUSTRALIE
L'Outback (le hors arrière ou le très reculé)
Avril 2004

Merci l'hôtesseMercredi 14 avril 2004 : au cœur de l’Australie.
GMTFr : +7H30 24° sud 134° est météo : désertique
Nous garderons un bon souvenir de notre appartement à Sydney, proche de tout à pied, cuisine chinoise à tous les repas. Le taxi a mis la radio à fond, Algésira donne des nouvelles du front, ça n’a pas l’air de rendre notre chauffeur radieux. Nous non plus, mais à cause des hurlements au milieu de la friture du poste, pas à cause des nouvelles, on ne comprend rien ! A « l’alléauport », l’hôtesse, blonde, nous enregistre notre montagne de bagages, allégée de quelques kilos laissés à l’hôtel après des mois d’usage intensif. Avec l’expérience, si « c’était à refaire… », nous emporterions la moitié de bagages, 12 kilos par personne au lieu de 25, un sac pour deux. Tout ce dont nous avons besoin, à six, pour le mois à venir, tient dans trois sacs pas pleins. Et encore, nous nous sommes permis quelques fantaisies. Virgin Bleu, c’est les avions rouges. On paye ses consommations, mais les hôtesses maquillent les petits Stroumphs. Il faut voir le sérieux de Garance dans ce genre d’exercice. Elle met toutes les chances de son côté pour que ce soit réussi. Filles, fleurs, garçon, lapin de Pâques. Tous très réussis. Félix fait semblant de ne pas comprendre l’anglais, pour ne pas froisser l’hôtesse en refusant ses avances… ce n’est que partie remise. L’Australie, vue d’en haut, c’est un grand disque plat désertique. Nous verrons mieux d’en bas. Et c’est grand. Trois heures de vol pour aller de la côte Est à pile au centre, un Londres-Marrakech de chez nous, en quelque sorte. Reste trois heures de vol pour aller du centre jusqu’à la côte ouest. Marrakech-Abidjan, ou quelque chose comme ça. Six heures de vol d’est en ouest, c’est presque la durée d’un Paris-New York.
A terre, nous retrouvons un 4X4 Nissan, un Patrol après le Pathfinder d’Amérique du sud. Les bons souvenirs du Chili. Un grand pays, de l’espace vierge, de la piste, un gros 4X4. Il fait 34°C. Mais à l’ombre. Dans le 4X4, au soleil sur le parking, il fait au moins 20°C de plus. Les bagages rentrent, Julia et Félix s’attribuent tout de suite le siège du coffre, coincés à côté d’une montagne de sacs qui monte jusqu’au plafond. C’est leur cabane. Nous avons l’impression d’y être enfin. Sydney, c’était la ville, les villes sont les parenthèses de notre voyage. Ici, c’est le désert, la nature, elle grande, nous de passage. Tout le monde est content, chacun est à sa place.
A l’hôtel, choc thermique. En plein désert, portes ouvertes, ils climatisent à 16°C. Certainement avec l’intention de climatiser aussi les alentours de bush. Installation, déjeuner très mauvais, repos sur le lit, sieste pour Garance. Sortie en groupe allégé, Choupie et Garance se reposent, vers l’attraction d’Alice Springs, le « Desert Park », un bout de désert grillagé. L’émeu et le kangourou ne peuvent pas s’échapper, donc on les voit, volière très sympa avec beaucoup d’oiseaux, Julia et Félix en position cactus-barbapapa pour pouvoir approcher les oiseaux sans les effrayer, serpents, marsupiaux, lézards et dérivés divers de souris, derrière des vitres. On peut aller faire un tour au Desert Park. De retour à l’hôtel, baignade de JFG dans la piscine. Après, on peut dîner, bon, au restaurant Thaï de l’hôtel. Mais inutile de chercher le centre ville d’Alice Springs, c’est le supermarché.
La phrase du jour  : « J’ai atterri au N’goro N’goro, je suis en Afrique. » Félix.

On y est presqueJeudi 15 avril 2004 : la route.
GMTFr : +7H30 25° sud 131° est météo : désertique tempérée
Nous évitons le petit déjeuner au mauvais snack de l’hôtel pour atterrir dans un des meilleurs cafés de l’outback, le Mediterraneo, dans un passage au début de la rue piétonne. Il n’y a qu’une seule rue piétonne, on ne peut pas le manquer. Si on le cherche, le Mediteraneo est à droite en empruntant la rue, à quelques mètres de la station de taxis. Jus frais pressés minute, œufs de poule de ferme au bon jaune orange, cuits sans graisse et déposés sur des toasts beurrés, montagne d’excellent bacon de cochon fermier, pancakes (panquéqués en espagnol…) maison, feuilles de thé à filtrer avec une petite passoire… Un coin de civilisation au milieu du désert, c’est peut-être pour ça qu’il s’appelle Mediteraneo ? Le meilleur thé depuis le départ d’Europe. Achat de CD’s pour les images envoyées vers l’Europe, boites vides de pellicules photos pour la collection de sables, couches pour Garance, eau pour le désert, poste pour les cartes postales. Et puis la route.
Plein sud, comme en Patagonie, notre direction fétiche. Mais ici, pas de glaciers, des gros monolithes qui émergent du sol, pas de la mer. La route est longue, droite, sèche, goudronnée. Dommage le goudron, mais pour notre retour vers le nord nous emprunterons la piste. De Alice Springs vers Uluru, c’est un bout de la highway qui va jusqu’à Adélaïde. C’est pour ça qu’il y a du monde, une voiture toutes les cinq ou dix minutes. Un endroit assez couru. Une seule voie dans chaque sens, aucune difficulté pour doubler, les lignes droites font des kilomètres. Camions de 100 tonnes, une remorque accrochée au tracteur, 36 tonnes, deux à la suite derrière, de chacune 30 tonnes environ, parfois trois remorques… D’ailleurs, un troupeau de six chameaux sauvages (très nombreux en Australie) pourrit sur le bas-côté de la route, pris de plein fouet par un road train, le nom de ces camions gigantesques. Les bus partis de Darwin, côte nord, il y a une vingtaine d’heures, arriveront à Adélaïde, côte sud, dans une vingtaine d’heures. Question de patience, d’habitude et repères… Plate, sèche et grande, l’Australie. Première étape possible dans une station service au bout de 200 km. Les deux petits dorment, nous continuons une demi-heure de plus. Le paysage est comme dans les films, la lumière médiocre, mais nous aurons forcément de meilleures opportunités d’ombres en débuts et fins de journée, au volant, à travers l’immensité. Nous finissons par avoir l’expérience de ce genre de situations, un sixième sens du vrai qui nous fait rejeter le marketé, une patience de sage pour attendre les bons moments que réserve toujours l’authentique. Nous quittons la highway, direction Uluru.
Le stop dans la station service est local. Cuisine de fermier anglo-saxon, immense arrière salle aux tables et chaises en formica marron, portraits des artistes aborigènes exposés dans la galerie attenante, au sol de sable rouge. La route encore. Stop avec vue sur un monolithe au loin, mais à toit plat, ce n’est pas encore Uluru, notre but du jour, dont le dos rouge a la forme d’une carapace de tortue. Nous grimpons une petite butte de sable orange vif. Contre toute attente, derrière, totalement invisible depuis la route, un immense lac salé. Collecte de sable et photos de famille malgré les assauts des mouches, petites, noires, qui ne piquent pas mais sont trop nombreuses pour nous. A la fin de la première journée, la technique anti-mouche est déjà bien au point : attendre que tout le monde soit devant sa porte, entrer rapidement tous ensemble dans la voiture, refermer rapidement, garder la bouche fermée, démarrer, ouvrir toutes les fenêtres pour chasser les mouches. Heureusement, ce n’est pas la saison, il n’y a presque plus de mouches… ouf ! Tu m’as fait peur.
Arrivée à Ayers Rock, le « complexe » (resort) touristique d’Uluru, là où aucun village n’a jamais existé avant l’explosion du tourisme. Il ne plait pas à Julia qui trouve, à raison, que la réception ressemble à un aéroport, aussi chaleureux, ni à Chris, à cause de l’architecture compliquée des appartements qui ne laissent pas entrer la lumière, consomment une place énorme pour ne proposer aucun endroit où se poser et fournissent des chambres minuscules dans un immense espace sur trois niveaux. De nulle part dans le resort on ne voit Uluru. En plein désert plat, sans aucune contrainte architecturale. Une vraie performance. On y fait des courses, on y réserve un tour en « alicoptère » pour le lendemain 8h10, on y dort. On n’y vit pas.
La phrase du jour  : « Cassez-vous les mouches ! » Julia.

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