Journal de bord
CHILI
Décembre 2003 / PATAGONIE - LA CARRETERA AUSTRAL

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-4H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 08 Heures du matin à Santiago

Samedi 27 décembre 2003 : la Carretera Austral, intro.
GMTFr : -4H 43° sud 73° ouest météo : pluie intermittente.
Avant le matin, la nuit. A l’intérieur. Les ouvertures de portes incessantes pour aller aux toilettes et le froid du pont extérieur qui s’engouffre. Les passagers qui enjambent les autres passagers pour toutes sortes de raisons. Maud dort mais a froid. Chris dort bien grâce à sa botte secrète, la capuche de sa parka noire sur le visage et les yeux. Une vraie chambre noire. Sur le pont de la barge. Le froid. Choupie met le moteur en route plusieurs fois pour décongeler l’intérieur du 4X4, pendant que les enfants dorment comme des plombs sous les ponchos. En définitive, ils sont tous les trois sur la banquette arrière plus espace pieds remplis. Le bruit. Celui des autres 4X4 qui font aussi fonctionner leurs chauffages, de la descente de certains passagers à Ayacara à quatre heures du matin, de la chèvre montée à Ayacara et qui bêle au bout de sa corde en répandant ses déjections partout. Choupie, sur le siège passager, ne dort pas beaucoup. Elle abandonne à six heures du matin et se met à lire..
Tout le monde se retrouve au saut de la voiture, à huit heures du matin. Les enfants heureux et reposés. Les grands mitigés mais contents de l’expérience. Une chose est certaine, avec des conditions pareilles, nous devrions avoir semé pas mal de touristes. La dernière heure de la traversée est magnifique. Le paysage a complètement changé. Rien à voir avec Puerto Montt, un port, une ville, ni la croisière San Rafael et les côtes hospitalières de doux pâturages de l’archipel de Chiloe. Ici c’est rude. Enormes montagne abruptes et massives, forêts denses qui recouvrent tout, cascades et pierres, sommets enneigés, eau envahissante, pas de route, juste une piste de pierres concassées. Le 4X4 avale bien les trous et les pierres plus grosses que les autres.
A part celui d’être notre point de débarquement, Chaiten n’a strictement aucun intérêt. Choupie nous amène à une cinquantaine de kilomètres de là, au lodge Yelcho, sur la lac Yelcho. Nous voilà de nouveau dans une cabane en bois au bord d’un lac. Comme au Canada. Après un déjeuner léger et des bonnes douches réparatrices, Chris en profite pour partir pêcher, Choupie pour repartir à Chaiten faire des courses, Maud et les enfants pour rester cool, au coin du poêle à bois, se reposer. Choupie expérimente les courses en économie de pénurie. Du poisson ? Non, pas de poisson, peut-être demain ou plutôt mardi. Des légumes ? Non, pas de légumes, c’est une supérette ici, allez voir directement chez le producteur. Choupie essaie de réunir de quoi faire une casuela (soupe roborative Chilienne). Chris essaie de ramener des protéines à la case. Après de nombreux endroits, au milieu du lac, dans des trous, dans le courant, dans une lagune et après différentes techniques infructueuses, traîne puis lancer, le miracle s’accomplit. Une magnifique truite arc-en-ciel (trucha arco-iris) de plus d’un kilo et demi, au lancer, avec un Rapala, sous une souche dans la lagune. La chance des débutants. Chaba, le guide de vingt et un an veut revenir demain pour apprendre à Chris la technique de la pêche à la mouche. Les enfants ont dormi jusqu’à six heures du soir.
Petit dîner dans la cabane. La casuela n’est pas au niveau de celle d’Alva, mais est moins lourde à digérer que les repas du Skorpios. La truite attendra demain. Tout le monde dort bien. La nuit sur la barge semble déjà loin, tout le monde a oublié la croisière sur la lagune San Rafael… Grâce au poêle à bois, il fait bien chaud dans notre cabane douillette.
La phrase du jour : "C’est le cerveau qui guide tout le corps, les bras, les jambes…" Choupie. "On est des marionnettes alors ?"Julia.

Dimanche 28 décembre 2003 : lago Yelcho et Ventisquero local.
GMTFr : -4H 44° sud 73° ouest météo : pas de pluie + rayons de soleil

Petit déjeuner à l’hôtel. Décidément pas vraiment aimable le gérant et totalement incompétentes la plupart des personnes de son équipe. Nous l’oublierons vite. Pour lui nous n’avons jamais existé. Internet planté en permanence, réceptionniste incapable d’appeler un numéro de téléphone, serveur saisonnier dont c’est le premier jour, de sa carrière…
Choupie et Chris partent en excursion au Ventisquero, un des glaciers du coin. Une bonne marche d’une heure et demi aller et pareil pour le retour. Le sentier suit le torrent qui descend du glacier. C’est joli, avec de belles vues sur deux glaciers qui se terminent en cascades puis se rejoignent en un seul torrent. Premier contact avec la forêt Patagonne. Humide. Très humide. De la boue partout. La principale difficulté du trek, c’est la boue. Les chaussures et les pantalons de pluie s’en souviendront. En revanche, pas une goutte de pluie pendant tout le chemin. Un exploit pour la région. Vue l’heure tardive du départ et la préparation sommaire de la journée, pas de pic-nique.
Après-midi en famille dans la cabane. La réceptionniste a enfin réussi a joindre la France par téléphone… C’est son deuxième jour de boulot. Choupie prépare la suite du voyage aux petits oignons, Maud grave ses photos sur des CD, les enfants profitent des rayons du soleil devant la cabane, Chris met le JDB à jour. Au dîner, tout le monde teste la truite arc en ciel cuite amoureusement sur le barbecue dehors. Meilleure que celle de Jack au Canada, bonne même, mais pas quoi en faire des folies. Si nous étions venus pêcher à la mouche pendant une semaine, cela aurait été la seule que nous aurions gardée, nous aurions rejeté à l’eau toutes les autres. Plus facile à faire quand c’est moins bon qu’un loup ou une dorade. Nous ne mangeons pas plus que ça. Comme quoi on peut facilement sauter le repas de midi de temps en temps.
La phrase du jour : "Moi je suis sérieuse sur les photos autrement je suis moche" Julia.

Lundi 29 décembre 2003 : Futaleufu à la frontière Argentine.
GMTFr : -4H 44° sud 73° ouest météo : pas de pluie + rayons de soleil

Petit déjeuner à l’hôtel. Le gérant se déride un peu, peut-être parce que nous partons ? Nous avons une longue route à faire. 270 km de piste. L’aller-retour à Futaleufu, à quelques kilomètres de la frontière Argentine, vaut la peine. Gorges recouvertes de forêts, cascades, torrent bleu turquoise, rapides… Par endroit la forêt est très étrange car elle a été brûlée dans les années 30 et les troncs gris pointent leur nez à travers les feuillages plus récents. A d’autres endroits les souches dépassent dans les pâturages à vaches ou à moutons. Il faut savoir qu’à cette époque, une loi attribuait les terres aux colons, à condition qu’elles soient « propres ». Alors, malgré le désastre écologique que cela représentait, les colons ont brûlé d’immenses étendues qui sont devenues leur propriété et des pâturages à moutons et à vaches. La rivière, le Rio Frio, est connu pour le rafting et le kayak. Christophe et Félix veulent absolument essayer, les filles ont peur d’avoir froid et les dissuadent. Il faut dire que les clubs de rafting n’ont pas l’air très pro.
Nous arrivons enfin à Futaleufu, dernier village de la vallée avant la frontière argentine. C’est un mignon (très) petit village, plein de rosiers de toutes les couleurs et d’Argentins venus faire des ballades à cheval ou descendre la rivière. Les Argentins se reconnaissent aisément. Grands, blonds, extravertis, regardant les autres, les Chiliens, d’un air très condescendant. Déjeuner dans un petit restau dont le principal intérêt réside dans ses deux chiens, Sophie et Napoléon, qui jouent avec les enfants. Pendant le retour vers la Carretera Austral, plusieurs troupeaux de vaches nous bloquent momentanément la route. Les gauchos, à cheval, vêtus comme dans les livres, poncho et grand chapeau à bords plats, les conduisent.
Nous continuons vers El Pangue, notre lodge de ce soir. Petit arrêt essence, quand on en trouve il faut toujours faire le plein car il y a peu de stations sur la route. Courses à la Junta, petit village très triste de la Carretera Austral. Heureusement, les rivières, les lacs, les champs, les sommets enneigés et la forêt sont magnifiques dans la lumière du soir. Notre lodge est très bien placé, sur le lac Risopatron, dans un écrin de montages. Les chevaux du lodge se baladent entre les cabanes. Soirée familiale avec, enfin, pâtes au ketchup.
La phrase du jour : "Quels animaux on va voir dans le désert?" Félix.

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