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Mardi
30 décembre 2003 : Puyuhapi belle journée.
GMTFr : -4H 44° sud 73° ouest météo : soleil
Petit déjeuner au club house du lodge. Les enfants
apprécient les canaris et les parents les lambris et l’odeur
d’ail qui émane de la cuisine; à moins qu’elle
ne date d’hier soir. Avant d’entrer dans la voiture,
petite visite au cerf du coin. Ensuite, matinée glacier.
C’est d’un commun par ici. On finit par ne plus très
bien se rendre compte. Mais les enfants sont ravis du pont suspendu,
que Choupie accepte cette fois de traverser. Depuis la lagune, on
peut voir l’énorme glacier donner naissance à une
cascade qui tombe le long de la falaise. Certainement un des coins
les plus spectaculaires depuis le début du voyage, surtout
quand, comme aujourd’hui, le temps est assez clément
et qu’on peut voir le glacier. Il paraît que beaucoup
sont revenus ici plusieurs fois sans jamais le voir. Un gars, abrité par
une bâche, certainement charpentier, construit une barque en
bois. Comme on ne peut pas monter une barque par le chemin, son job à lui,
c’est de construire la barque là où on en aura
besoin. C’est à dire au bord du lac, pour s’approcher
de la cascade et du glacier. Nous ne savons pas quand il a commencé,
mais il reste encore pas mal de boulot. Il a placé moins de
la moitié des bordées. Surtout que pour raboter les
planches, il se sert de sa hache. A part ça, il a un gros
tuyau pour ramollir le bois à la vapeur et pouvoir courber
les planches. Il suffit qu’il allume un feu de bois à un
bout et qu’il introduise de l’eau par l’autre bout.
Il a aussi une énorme boite d’énormes clous.
Certains dépassent de plus de cinq centimètres du bateau.
Suerte. Il nous remercie.
Nous déjeunons chez Rossbach, d’une sorte de cassoulet
allemand aux saucisses. Très bon. Dommage qu’il fasse
si beau, nous aurions apprécié encore plus un jour
de pluie… La patronne, qui parle Espagnol par obligation et
Allemand par conviction et atavisme, avait du parier sur un des 300
jours de pluie annuelle. Les enfants mangent aussi saucisse, mais
Frankfort avec purée maison. Très bon aussi. Ils mangent
de plus en plus, bientôt ils ne nous laisseront plus rien à finir
dans leurs assiette, voire ils commenceront à piquer dans
les nôtres !
Pour digérer, nous allons visiter la fabrique artisanale de
tapis. Tout fait main. C’est en face. Très intéressant.
Garance est subjuguée. Une semaine à deux pour faire
un tapis de deux mètres sur trois environ. Laine de mouton
chilienne teintée sur place. Métiers à tisser
totalement manuels, le contrepoids est assuré par une batterie
de voiture, juste le poids idéal. Les dames ont le coup de
main, elles regardent le papier au dessus d’elles pour savoir
de quelles couleurs doivent être les nœuds. Ici, pas de
cartons complexes ou de navettes automatiques. Un dessin avec un
fil de pêche pour bien suivre la ligne. Après chaque
coup de métier pour bien serrer le rang, on remonte le fil
de pêche d’une ligne. Même fabriquer les bobines
ou couper les bouts de laine tous de la même longueur se fait à la
main. Choupie se laisserait bien tenter. Elle va essayer de faire
un damier sympa pour la chambre des enfants. Il paraît qu’en
deux mois ils le livrent en Europe, alors !
Retour au cabanas el Pangue, pour un petit bain extérieur
dans la piscine à 35°C. C’est presque trop chaud.
Julia, qui profite des « vacances de Noël » sans école,
réclame un cours de natation. Félix mate les petites
Chiliennes qui viennent se baigner. Maud trouve l’eau un peu
chaude. Pour se rafraîchir, Choupie et Chris imitent les Chiliens
de l’hôtel qui se jettent du pont dans l’eau de
la rivière à 10°C environ. Il vaut mieux se jeter
plutôt que réfléchir trop longtemps. Deux plongeons
du bord pour Choupie. Pareil pour Chris depuis le pont. Très
froid mais bien bon.
Après la douche, « l’âge de glace » devant
l’ordinateur, pour toute la petite classe et le papa. Ce soir,
pâtes pour les enfants, céréales et fruits pour
les adultes. La diète commence.
Varié comme journée non ?
La phrase du
jour : "Les
filles c’est les filles et elles sont pas trop raisonnables" Félix.
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Mercredi
31 décembre 2003 : Puyuhapi – Coyhaique, la Carretera
Austral la belle.
GMTFr : -4H 45° sud 72° ouest météo : grand
bleu
Aujourd’hui nous allons « bouffer » de la piste
et de la poussière. 240 km jusqu’à Coyhaique,
la métropole d’équilibre régionale.
Après Puyuhapi, nous passons devant l’embarcadère
des thermes du même nom, le top du luxe en Patagonie chilienne.
Christophe est assez tenté, les filles pas vraiment, alors
nous ne nous arrêtons pas, nous gardons cela pour quand nous
serons vieux et que nous préfèrerons les massages à la
piste…Quoique, même « jeunes », un bon
massage après la piste… La route est très belle.
Bord du fjord Puyuhapi, lacets de montagne au milieu de la forêt
clairsemée par les anciens incendies, cascades de toutes
parts et arrivée à Villa Amengual. Ce « bled » a été construit
il y a 20 ans pour apporter des services aux colons. C’est
une sorte de camp de maisonnettes en tôles, personne dans
les rues à midi sous le soleil de plomb. Nous avons la chance
de trouver de quoi faire un pic-nique dans un « supermercado » local,
soit le quart d’une petite épicerie arabe chez nous.
Après cette étrange étape, nous déjeunons
au bord du lac Las Torres. Très beau, mais envahi de mouches
et de taons qui nous font manger en quatrième vitesse. Julia
et Félix pêchent un peu, Garance agite ses petits
bras en riant pour faire fuir les insectes. La dernière étape
du jour est somptueuse. Une immense vallée où coule
le rio Simpson, bleu transparent, des tapis de fleurs violettes
et jaunes, des vaches, des moutons, des chevaux et la fin de la
piste. Nous recroisons quelques cyclistes très motivés.
Pour faire la Carretera Austral en vélo, il faut être
un peu cinglé. A Coyhaique nous allons au Pasarela lodge,
chaudement recommandé par tous les guides et pourtant au
très mauvais feng sui.
Pour faire tomber la pression du lieu, nous allons faire un tour
en ville. Très sympa, Coyhaique. Et nous rentrons réveillonner
au lodge. C’est toujours étrange de devoir faire la
fête avec des inconnus. Heureusement l’ambiance est
bon enfant et le trio qui partage notre table étonnant :
une Chilienne expatriée aux US, son mari ingénieur
du Missouri et leur fille qui, à 20 ans, ferait mieux de
voyager sans papa et maman. Ils sont sympas et ont vécu
en France, à Cassis ! Le buffet est bon et nous rentrons
nous coucher quand la troupe brésilienne de la table à côté commence à danser.
Les filles ont toute une plastique étonnante, seins et fesses
dressés vers le haut, à croire que la chirurgie est
consommation courante au Brésil. Grosses embrassades à minuit
avec les traditionnels 12 grains de raisins Castillans.
A tous ceux qui lisent le JDB, une excellente année 2004
de la part de nous six.
La phrase du
jour : "Feliz
ano nuevo" A tous.
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Jeudi
01 janvier 2004 : le blues de Coyhaique
GMTFr : -4H 45° sud 72° ouest météo : grand
bleu
Pour la première fois depuis le départ, petit coup de blues collectif
(pour les grands, les enfants, eux, s’éclatent). Nous nous sommes
tous couchés tard après une grosse journée de piste. Fatigue.
De la journée, mais aussi de voyager depuis presque quatre mois. La date
symbolique du premier de l’an y est aussi certainement pour quelque chose.
Noël, sur le Skorpios, ne nous a pas fait le même effet. Il y avait
toujours l’avancée douce et certaine du bateau sur une mer belle,
l’animation nonchalante du bord, les passagers avec lesquels nous avions
sympathisé, l’activité du jour. L’hôtel dans
lequel nous sommes n’arrange rien. Sympathique et typique mais juste au
bord de deux torrents qui se rejoignent. Ca fait un bruit d’enfer et provoque
une sensation d’insécurité. Pas du tout un bruit rythmé comme
celui de la mer. Sentiment d’insécurité augmenté par
un terrain compliqué et dont toutes les pentes tombent vers le torrent.
L’architecture, en dépit du bon sens, fait que même grandes
et avec des fenêtres sur trois côtés, les chambres sont obscures.
Le seul lieu paisible et plat, est l’ère de jeu avec balançoires,
derrière, pour les enfants. Nous n’avons qu’une hâte
c’est d’aller nous reposer ailleurs. Et sur le Skorpios, nous étions
pris en charge. Ici nous sommes loin. Pour la première fois, nous avons
conscience d’être aussi loin. 15.000 km de la maison, même
si nous savons que c’est au maximum 24H d’avion pour rentrer. En
plus pour Chris et Choupie, la maison, ça n’est pas très
bien défini… Par chance, les téléphones mobiles se
sont remis à fonctionner, mais nous n’appelons que la famille. En
revanche cela fait pratiquement trois semaines que nous n’avons pas eu
de connexion internet potable. Une heure pour un message de trente mots, ça
ne donne pas beaucoup de possibilités de contacts externes. Nous tournons
un peu en rond en appelant toujours la famille. Comme le fait remarquer Choupie, ça
fait un mois que nous sommes en Patagonie. Lacs, champs, monts enneigés,
verts des forêts, nous commençons à en être un peu
blasés, d’autant que ce sont des choses que nous avons déjà vues,
différentes mais dans le même esprit, au Canada. Ce cycle est un
long, surtout qu’il nous reste pas mal de temps à passer ici. Presque
un mois. Et puis nous sommes certainement un peu trop pleins, comme après
un séjour gastronomique à Vic Fezensac. Enormément de belles
choses, quelques points forts fantastiques, mais maintenant nous manquons d’appétit.
Nous avons commencé la diète culinaire, il va peut-être falloir
commencer la diète touristique ? Ou peut-être faire des activités
différentes, comme du rafting, de l’avion au dessus des glaciers… IL
va falloir se reposer, élargir un peu le cercle et innover pour retrouver
oxygène et appétit.
Pour aujourd’hui, nous faisons une petite boucle entre lacs et lagunes
de la région. Super classique… Très beaux paysages d’un
plateau, couvert de lacs, de fleurs bleues et jaunes et de vaches, entouré de
montagnes enneigées. Choupie a réussi à acheter un pic-nique
dans Coyhaique, ville morte en ce premier jour de l’année. Nous
mangeons à l’ombre, incroyable la chaleur au soleil, au bord d’un
lac avec vue sur les sommets enneigés. Un peu de vie chilienne, avec un
mouton entier qui cuit sur chaque petite plage au bord du moindre bout de ruisseau
ou de lac praticable. Nous nous demandions où étaient les Chiliens
de la ville, ils sont ici, comme nous. Ou plutôt, nous, comme eux. Il y
en a même deux qui intéressent particulièrement Félix
avec les vrombissements de leurs scooter des mers. Les enfants pêchent.
Julia avec une marguerite comme appât et Félix avec un fil de pêche
sans hameçon qu’il a trouvé au bord de l’eau. Les parents
profitent du calme du lac, des activités des Chiliens et des jeux des
enfants. L’esprit est différent de d’habitude, nous sommes
moins dedans, comme spectateurs.
Très bonne idée de dîner en ville, au Rincer, le « restaurant
historique ». La partie historique est fermée mais le rez-de-chaussée
est très animé par tout ce que Coyhaique compte de bourgeoisie,
ils se font tous la bise, de routards et de touristes. Les trois petits profitent
du coin jeu, les trois grands de l’animation du lieu, de la bonne cuisine
maison. Il va falloir rentrer à l’hôtel. C’est un effort,
mais demain nous partons. Nous allons chercher un coin vraiment tranquille pour
nous reposer après la grosse journée de piste qui nous attend.
Profitons encore un moment des enfants.
La phrase du
jour : "Quand
je te sers comme ça très fort, ça veut dire
que je te fais un gros koala" Félix.
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PHRASES DU JOUR EN RAB