Journal de bord
CHILI
Décembre 2003 - Janvier 2004 / PATAGONIE - LA CARRETERA AUSTRAL

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-4H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 08 Heures du matin à Santiago

Mardi 30 décembre 2003 : Puyuhapi belle journée.
GMTFr : -4H 44° sud 73° ouest météo : soleil
Petit déjeuner au club house du lodge. Les enfants apprécient les canaris et les parents les lambris et l’odeur d’ail qui émane de la cuisine; à moins qu’elle ne date d’hier soir. Avant d’entrer dans la voiture, petite visite au cerf du coin. Ensuite, matinée glacier.
C’est d’un commun par ici. On finit par ne plus très bien se rendre compte. Mais les enfants sont ravis du pont suspendu, que Choupie accepte cette fois de traverser. Depuis la lagune, on peut voir l’énorme glacier donner naissance à une cascade qui tombe le long de la falaise. Certainement un des coins les plus spectaculaires depuis le début du voyage, surtout quand, comme aujourd’hui, le temps est assez clément et qu’on peut voir le glacier. Il paraît que beaucoup sont revenus ici plusieurs fois sans jamais le voir. Un gars, abrité par une bâche, certainement charpentier, construit une barque en bois. Comme on ne peut pas monter une barque par le chemin, son job à lui, c’est de construire la barque là où on en aura besoin. C’est à dire au bord du lac, pour s’approcher de la cascade et du glacier. Nous ne savons pas quand il a commencé, mais il reste encore pas mal de boulot. Il a placé moins de la moitié des bordées. Surtout que pour raboter les planches, il se sert de sa hache. A part ça, il a un gros tuyau pour ramollir le bois à la vapeur et pouvoir courber les planches. Il suffit qu’il allume un feu de bois à un bout et qu’il introduise de l’eau par l’autre bout. Il a aussi une énorme boite d’énormes clous. Certains dépassent de plus de cinq centimètres du bateau. Suerte. Il nous remercie.
Nous déjeunons chez Rossbach, d’une sorte de cassoulet allemand aux saucisses. Très bon. Dommage qu’il fasse si beau, nous aurions apprécié encore plus un jour de pluie… La patronne, qui parle Espagnol par obligation et Allemand par conviction et atavisme, avait du parier sur un des 300 jours de pluie annuelle. Les enfants mangent aussi saucisse, mais Frankfort avec purée maison. Très bon aussi. Ils mangent de plus en plus, bientôt ils ne nous laisseront plus rien à finir dans leurs assiette, voire ils commenceront à piquer dans les nôtres !
Pour digérer, nous allons visiter la fabrique artisanale de tapis. Tout fait main. C’est en face. Très intéressant. Garance est subjuguée. Une semaine à deux pour faire un tapis de deux mètres sur trois environ. Laine de mouton chilienne teintée sur place. Métiers à tisser totalement manuels, le contrepoids est assuré par une batterie de voiture, juste le poids idéal. Les dames ont le coup de main, elles regardent le papier au dessus d’elles pour savoir de quelles couleurs doivent être les nœuds. Ici, pas de cartons complexes ou de navettes automatiques. Un dessin avec un fil de pêche pour bien suivre la ligne. Après chaque coup de métier pour bien serrer le rang, on remonte le fil de pêche d’une ligne. Même fabriquer les bobines ou couper les bouts de laine tous de la même longueur se fait à la main. Choupie se laisserait bien tenter. Elle va essayer de faire un damier sympa pour la chambre des enfants. Il paraît qu’en deux mois ils le livrent en Europe, alors !
Retour au cabanas el Pangue, pour un petit bain extérieur dans la piscine à 35°C. C’est presque trop chaud. Julia, qui profite des « vacances de Noël » sans école, réclame un cours de natation. Félix mate les petites Chiliennes qui viennent se baigner. Maud trouve l’eau un peu chaude. Pour se rafraîchir, Choupie et Chris imitent les Chiliens de l’hôtel qui se jettent du pont dans l’eau de la rivière à 10°C environ. Il vaut mieux se jeter plutôt que réfléchir trop longtemps. Deux plongeons du bord pour Choupie. Pareil pour Chris depuis le pont. Très froid mais bien bon.
Après la douche, « l’âge de glace » devant l’ordinateur, pour toute la petite classe et le papa. Ce soir, pâtes pour les enfants, céréales et fruits pour les adultes. La diète commence.
Varié comme journée non ?
La phrase du jour : "Les filles c’est les filles et elles sont pas trop raisonnables" Félix.

Mercredi 31 décembre 2003 : Puyuhapi – Coyhaique, la Carretera Austral la belle.
GMTFr : -4H 45° sud 72° ouest météo : grand bleu

Aujourd’hui nous allons « bouffer » de la piste et de la poussière. 240 km jusqu’à Coyhaique, la métropole d’équilibre régionale. Après Puyuhapi, nous passons devant l’embarcadère des thermes du même nom, le top du luxe en Patagonie chilienne. Christophe est assez tenté, les filles pas vraiment, alors nous ne nous arrêtons pas, nous gardons cela pour quand nous serons vieux et que nous préfèrerons les massages à la piste…Quoique, même « jeunes », un bon massage après la piste… La route est très belle. Bord du fjord Puyuhapi, lacets de montagne au milieu de la forêt clairsemée par les anciens incendies, cascades de toutes parts et arrivée à Villa Amengual. Ce « bled » a été construit il y a 20 ans pour apporter des services aux colons. C’est une sorte de camp de maisonnettes en tôles, personne dans les rues à midi sous le soleil de plomb. Nous avons la chance de trouver de quoi faire un pic-nique dans un « supermercado » local, soit le quart d’une petite épicerie arabe chez nous.
Après cette étrange étape, nous déjeunons au bord du lac Las Torres. Très beau, mais envahi de mouches et de taons qui nous font manger en quatrième vitesse. Julia et Félix pêchent un peu, Garance agite ses petits bras en riant pour faire fuir les insectes. La dernière étape du jour est somptueuse. Une immense vallée où coule le rio Simpson, bleu transparent, des tapis de fleurs violettes et jaunes, des vaches, des moutons, des chevaux et la fin de la piste. Nous recroisons quelques cyclistes très motivés. Pour faire la Carretera Austral en vélo, il faut être un peu cinglé. A Coyhaique nous allons au Pasarela lodge, chaudement recommandé par tous les guides et pourtant au très mauvais feng sui.
Pour faire tomber la pression du lieu, nous allons faire un tour en ville. Très sympa, Coyhaique. Et nous rentrons réveillonner au lodge. C’est toujours étrange de devoir faire la fête avec des inconnus. Heureusement l’ambiance est bon enfant et le trio qui partage notre table étonnant : une Chilienne expatriée aux US, son mari ingénieur du Missouri et leur fille qui, à 20 ans, ferait mieux de voyager sans papa et maman. Ils sont sympas et ont vécu en France, à Cassis ! Le buffet est bon et nous rentrons nous coucher quand la troupe brésilienne de la table à côté commence à danser. Les filles ont toute une plastique étonnante, seins et fesses dressés vers le haut, à croire que la chirurgie est consommation courante au Brésil. Grosses embrassades à minuit avec les traditionnels 12 grains de raisins Castillans.
A tous ceux qui lisent le JDB, une excellente année 2004 de la part de nous six.
La phrase du jour : "Feliz ano nuevo" A tous.

Jeudi 01 janvier 2004 : le blues de Coyhaique
GMTFr : -4H 45° sud 72° ouest météo : grand bleu

Pour la première fois depuis le départ, petit coup de blues collectif (pour les grands, les enfants, eux, s’éclatent). Nous nous sommes tous couchés tard après une grosse journée de piste. Fatigue. De la journée, mais aussi de voyager depuis presque quatre mois. La date symbolique du premier de l’an y est aussi certainement pour quelque chose. Noël, sur le Skorpios, ne nous a pas fait le même effet. Il y avait toujours l’avancée douce et certaine du bateau sur une mer belle, l’animation nonchalante du bord, les passagers avec lesquels nous avions sympathisé, l’activité du jour. L’hôtel dans lequel nous sommes n’arrange rien. Sympathique et typique mais juste au bord de deux torrents qui se rejoignent. Ca fait un bruit d’enfer et provoque une sensation d’insécurité. Pas du tout un bruit rythmé comme celui de la mer. Sentiment d’insécurité augmenté par un terrain compliqué et dont toutes les pentes tombent vers le torrent. L’architecture, en dépit du bon sens, fait que même grandes et avec des fenêtres sur trois côtés, les chambres sont obscures. Le seul lieu paisible et plat, est l’ère de jeu avec balançoires, derrière, pour les enfants. Nous n’avons qu’une hâte c’est d’aller nous reposer ailleurs. Et sur le Skorpios, nous étions pris en charge. Ici nous sommes loin. Pour la première fois, nous avons conscience d’être aussi loin. 15.000 km de la maison, même si nous savons que c’est au maximum 24H d’avion pour rentrer. En plus pour Chris et Choupie, la maison, ça n’est pas très bien défini… Par chance, les téléphones mobiles se sont remis à fonctionner, mais nous n’appelons que la famille. En revanche cela fait pratiquement trois semaines que nous n’avons pas eu de connexion internet potable. Une heure pour un message de trente mots, ça ne donne pas beaucoup de possibilités de contacts externes. Nous tournons un peu en rond en appelant toujours la famille. Comme le fait remarquer Choupie, ça fait un mois que nous sommes en Patagonie. Lacs, champs, monts enneigés, verts des forêts, nous commençons à en être un peu blasés, d’autant que ce sont des choses que nous avons déjà vues, différentes mais dans le même esprit, au Canada. Ce cycle est un long, surtout qu’il nous reste pas mal de temps à passer ici. Presque un mois. Et puis nous sommes certainement un peu trop pleins, comme après un séjour gastronomique à Vic Fezensac. Enormément de belles choses, quelques points forts fantastiques, mais maintenant nous manquons d’appétit. Nous avons commencé la diète culinaire, il va peut-être falloir commencer la diète touristique ? Ou peut-être faire des activités différentes, comme du rafting, de l’avion au dessus des glaciers… IL va falloir se reposer, élargir un peu le cercle et innover pour retrouver oxygène et appétit.
Pour aujourd’hui, nous faisons une petite boucle entre lacs et lagunes de la région. Super classique… Très beaux paysages d’un plateau, couvert de lacs, de fleurs bleues et jaunes et de vaches, entouré de montagnes enneigées. Choupie a réussi à acheter un pic-nique dans Coyhaique, ville morte en ce premier jour de l’année. Nous mangeons à l’ombre, incroyable la chaleur au soleil, au bord d’un lac avec vue sur les sommets enneigés. Un peu de vie chilienne, avec un mouton entier qui cuit sur chaque petite plage au bord du moindre bout de ruisseau ou de lac praticable. Nous nous demandions où étaient les Chiliens de la ville, ils sont ici, comme nous. Ou plutôt, nous, comme eux. Il y en a même deux qui intéressent particulièrement Félix avec les vrombissements de leurs scooter des mers. Les enfants pêchent. Julia avec une marguerite comme appât et Félix avec un fil de pêche sans hameçon qu’il a trouvé au bord de l’eau. Les parents profitent du calme du lac, des activités des Chiliens et des jeux des enfants. L’esprit est différent de d’habitude, nous sommes moins dedans, comme spectateurs.
Très bonne idée de dîner en ville, au Rincer, le « restaurant historique ». La partie historique est fermée mais le rez-de-chaussée est très animé par tout ce que Coyhaique compte de bourgeoisie, ils se font tous la bise, de routards et de touristes. Les trois petits profitent du coin jeu, les trois grands de l’animation du lieu, de la bonne cuisine maison. Il va falloir rentrer à l’hôtel. C’est un effort, mais demain nous partons. Nous allons chercher un coin vraiment tranquille pour nous reposer après la grosse journée de piste qui nous attend. Profitons encore un moment des enfants.
La phrase du jour : "Quand je te sers comme ça très fort, ça veut dire que je te fais un gros koala" Félix.

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