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Jeudi
27 novembre 2003 : les Lagunas Cejas seuls et la Valle de la
Luna envahie.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo
: grand bleu
La
matinée est bien remplie avec la suite de la soirée.
Un petit aller-retour pour Chris en France se prépare pour
les jours qui viennent. Une nouvelle expérience du tour du
monde pour toute la famille.
En début d’après-midi, Choupie, Julia, Chris
et le guide Marcelo vont aux Lagunas Cejas qui accueillent une petite
colonie de flamands roses. Ca rappelle les Galápagos. Soleil
de plomb, toujours nous dit Marcelo, sur mer de sel et petits lacs
d’eau bleu et verte. Un mystique est venu jusque là en
vélo et médite à tête découverte
au bord de la première lagune. Ca doit chauffer sous son crane.
Nous traversons quelques mètres de bouillaque qui aspire les
chaussures pour atteindre la croûte de sel. Un peu plus loin,
la lagune dans laquelle on se baigne. Si on a envie. La concentration
de sel est la même que dans la mer morte, il est fortement
déconseillé de rester plus d’une demi-heure dans
l’eau. Petit plateau continental de sel avec trente centimètres
d’eau et tout de suite après, tombant d’eau verte à quatre
mètres de profondeur. Typique de l’endroit à requins
en mer et à crocodiles en eau douce. Mais il paraît
que rien ne vit dans cette eau. Et ils pêchent quoi alors les
flamands roses ? Choupie décline pour cause de peau déjà trop
sèche. Julia fait comme sa maman qui ne l’encourage
guère… Seul Chris se baigne pour avoir la joie une fois
dans sa vie de ne pas couler à pic s’il s’arrête
de pédaler. Il en profite pour se laver les cheveux, attention
les yeux. Même yeux fermés, impossible de laisser la
tête dans l’eau. Ca pique trop. Une fois dehors, même
bien séché avec une serviette, il reste une bonne pellicule
de sel sur la peau. Petit bout de retour à l’extérieur
sur la plate forme du 4X4. Nous nous ensablons. Après la poussière,
deuxième véritable indice attestant que nous sommes
dans le désert.
La vallée de la Luna et ce qui l’accompagne, c’est
l’excursion que tout le monde fait. Facile, pas loin, pas chère,
en voiture, 4X4, van, bus de cinquante places ou bicyclette, tout
le monde y va au coucher du soleil. Paysages grandioses, montagnes
enchevêtrées ou bien alignées, immenses dunes
de sable gris, coucher de soleil comme au cinéma. Dommage
qu’il y ait autant de monde. Le sommet de notre dune est sonorisée
par une colonie de pingouins italiens, sous espèce locale
la plus bruyante du monde, mais souriante… Seule Garance est
prête à relever le défi sonore. La descente de
la dune se fait « en skiant » pour partie et en roulant
pour le reste. Bonjour le sable partout. C’est vraiment le
désert en fait ici. Les enfants sont ravis. Un sable de plus
pour la collection familiale.
Encore une belle journée. On mange bien à l’Estaka,
c’est le même patron qu’à l’Adobe
et en plus il y a un peu moins de monde. Ca fonctionne le business
dans le coin…
La phrase du
jour : "Regarde
par derrière, c’est par là qu’il est
beau le ciel" Félix.
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Vendredi
28 novembre 2003 : Monjes de Pacana et Salar de Tara, back
to grandiose.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo
: grand bleu
Pour monter de San Pedro 2500 au col à 4800 mètres,
c’est tout droit. Face au plateau en pente, en seconde, sur
la Panaméricaine pourtant bien goudronnée. Les 2,9
litres diesel de notre 4X4 ne peuvent pas faire mieux. Quand on regarde
devant, on se demande pourquoi. Quand on regarde derrière,
on comprend tout de suite. Très raide. Les enfants sont restés
avec Maud à l’hôtel, c’était une
bonne idée. Roberto, le frère aîné de
la troisième femme du père de Marcelo, mort à 115
ans dans son lit pendant la sieste, nous accompagne. En plus de ses
vingt et quelques enfants (le dernier, Marcelo, est né quand
il avait 90 ans) le papé avait aussi mille lamas qu’il
conduisait à travers les Andes. Roberto l’accompagnait.
Il a eu le temps de tout apprendre en marchant pendant des années
par ici. Plus tard, chauffeur professionnel, c’est Roberto
qui a ouvert la route à travers les cols des Andes vers l’Argentine,
avec son camion Ford 138. La piste ouverte, depuis San Pedro, il
a pu sillonner Chili, Argentine, Bolivie, Pérou, pendant vingt
ans. Nous sommes en de bonnes mains.
Premier arrêt matinal sur le plateau à plus de 4800
mètres. L’altitude du Mont Blanc… La lagune est
très belle et surtout on ne s’attend pas à voir
autant d’eau et d’herbe ici. Partout autour, des rochers
et du désert. En s’approchant doucement entre les trous
d’eau nous atteignons une grande mare. Incroyable vie des oiseaux
avec canards grands et marrons, canards type colverts, oies blanches
avec bout des ailes noires, hirondelles, petites tourterelles à gorge
verte, mouettes, petits oiseaux noirs, d’autres avec les épaules
rouges.. Un vrai parking à oiseaux. Sur la route, lumière
pure du matin sur les hauts plateaux. Ici, la route est un vrai spectacle.
Luminosité, paysages, animaux, couleurs, pureté… Roberto,
c’est son monde ici. Il connaît tout. Il fait partie
du spectacle magique. D’ici, pour descendre jusqu’à San
Pedro avec les bêtes il fallait trois jours…
Les Monjes, un de nos buts du jour, sont de grands monolithes ou
polylithes de pierre ocre dressés au milieu du désert.
Pur et imposant avec le salar de Aguas Calientes en toile de fond.
Malheureusement il est déjà tard et la lumière
de midi écrase la pierre et les ombres. Marcelo propose de
ramener Chris un matin pour la vue, juste pour le prix de l’essence,
pour le plaisir des yeux et des photos et peut-être celui de
passer un autre moment ensemble. Les Monjes c’est l’endroit
où nous quittons la route pour la piste. Roberto connaît
tous les rochers du coin, les meilleurs points de vue, la moindre
piste à droite ou à gauche, celles aussi où l’on
ne s’ensable pas. Nous traversons les hauts plateaux. Seuls
en compagnie d’un de ceux qui les connaît le mieux. Vues.
Souvenirs qui se préparent. Espérons qu’ils seront
inoubliés. Nous nous arrêtons souvent pour photograpier
et admirer. Gracias. De nada. Le grand plaisir. Ca monte, ça
descend, entre deux passages rocheux beiges, blancs et jaunes, nous
arrivons au Salar de Tara. Immense étendue d’eau verte
ou bleu pâle selon les méandres, le blanc du sel et
de la lumière partout, quelques points roses ou blancs des
flamands, le vert dur des plantes qui ont réussi à s’accrocher
ici. A quelques kilomètres vers là-bas, c’est
la Bolivie. Un peu plus à droite, c’est l’Argentine.
Ici, c’est le Chili. Mais ça n’a pas toujours été ainsi.
Pour satisfaire complètement le touriste de passage, une famille éleveuse
de lamas s’est installée au bord du Salar. En plus des
vieux, installés ici, de la famille montée pour aider à tondre
les lamas, il y a une petite fille de deux ans et un petit garçon
de quatre mois. Nous aurions pu amener Garance…et ramener des
informations intéressantes pour les pédiatres qui s’intéressent
au mal de l’altitude chez l’enfant. C’est la saison
de la tonte, juste avant l’été. Il faut attraper
un lama au lasso au milieu du troupeau, l’entraver, lui bander
les yeux, tondre, aux ciseaux une première couche, au couteau
une seconde couche, celle près de la peau, la plus fine. Erreur
fatale du cisailleur ou geste délibéré ? On
veut bien nous vendre de la viande de lama. A 1700 pesos (3 Euros)
le kilo de cuisse pure avec l’os, c’est une affaire que
nous ne pouvons pas manquer. Nous mangerons les huit kilos de viande
ce soir avec la famille de Marcelo et Roberto. Les éleveurs
nous fournissent aussi le sel pour le pic-nique. Un comble dans un
endroit pareil !
Le 4X4 ne redémarre pas. Roberto diagnostique une panne de
démarreur. Tout le monde pousse et nous voilà repartis.
Mais attention à ne pas caler d’ici à San Pedro.
Nous remontons au dessus du Salar pour faire le tour des montagnes.
Si nous étions arrivés plus tôt, nous aurions
pu faire tout le tour du Salar par en bas, sur l’autre rive.
Roberto continue la formation de Marcelo qui écoute attentivement
son grand frère tout en prenant un petit cours de conduite
hors piste. Choupie est impressionnée par le désert,
Chris retrouve des airs de Sahara. Nouvelle descente le long d’un
cours d’eau, (comment peut-elle surgir à quelques dizaines
de mètres du sommet de cette montagne ?), vers la lagune d’Aguas
Calientes. Une lagune c’est toujours des couleurs pastel qui
s’entremêlent, du blanc difficile à regarder,
une impression d’irréel, de lointain. Comme un mirage.
Ici il y a toujours de grandes montagnes autour. En bas, le syndicat
d’initiatives a bien fait les choses. Une vigogne (lama sauvage
couleur Camel vivant à plus de 4000 mètres et produisant
une laine de luxe en vente chez Hermès) se détache
du troupeau et court à côté de la voiture à 70
km/h puis à 50 km/h pendant plusieurs centaines de mètres.
Merci pour le spectacle.
Les gros rochers que nous voyons en haut du plateau sont les Monjes
de ce matin. Nous avons fait une grande boucle autour des montagnes
derrière nous. Paysages et ciels formidables en compagnie
de formidables personnages. Nous remontons sur la Panamericana, à peine
quelques kilomètres plus loin que là où nous
l’avons quittée ce matin. Ce n’est pas avec des
parcours aussi tordus que nous risquons de finir le tour du monde
rapidement. La descente est plus rapide que la montée. La
lumière moins belle.
Le repas dans la famille de Marcelo est très intéressant
et amical. Nous faisons la connaissance d’une cousine, d’un
oncle et de deux cousins. Pas plus de 2% de la tribu ! Le lama, garanti
100% cholestérol free, est bon mais un peu sec. Le vin Chilien
excellent. Une petite lampée par terre, pour Patchamama la
terre bienfaitrice, avant d’en boire. Discussion café du
commerce intercontinental. Les Chiliens ont les mêmes problèmes
que les Européens. C’est ça la mondialisation.
La phrase du
jour : "J’ai
la chair de coq" Félix.
LES
PHOTOS / POUR GAGNER DU TEMPS / PHRASES
DU JOUR EN RAB