Journal de bord
CHILI
Novembre 2003 / Désert d'Atacama

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-4H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 08 Heures du matin à Santiago

Samedi 29 novembre 2003 : Et un et deux et trois et quatre lagunes.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo : grand bleu
Ce qu’il y a de bien avec le désert c’est qu’il n’y a pas besoin de se faire de souci pour la météo. Quand en plus le désert est en altitude, il ne fait pas chaud. Sec, chaud et froid, tout le monde est enrhumé. Notre journée avec toute la troupe commence doucement et sans prendre d’altitude. Exactement ce qu’il nous faut pour démarrer après les changements d’altitude d’hier. Toconao, petit village sur le plateau de San Pedro, possède pour attractions principales : ses maisons en pierre réfractaires isothermes, mais pas pour autant jolies; ses boutiques d’artisanat local, tissage altiplanique de Lama, d’alpaga et travail du bois de cactus, mais ce sont des survêtements Adidas et des tee-shirts en coton qui sèchent au soleil; sa charmante église fleurie, blanche dedans dehors; et comme clou du spectacle pour les enfants, moutons, chèvres, lapins, alpagas et lamas dans la cour arrière de notre boutique d’élection. Quelques brins herbe fraîche les appâtent royalement. A la sortie de Toconao, au fond de la Quebrada de Jerez, passe une rivière que les hommes cultivent depuis longtemps. Dans la gorge abritée du soleil, il fait frais, l’eau coule à flots dans des petits canaux d’irrigation pour aller arroser pommiers, poiriers, vignes, figuiers, légumes et arbres dont les Alamos (sortes de grands peupliers verts) de « Fort Alamos ». En haut, au soleil, la carrière de pierres blanches réfractaires que les gens du village vendent à ceux qui ont les moyens de les acheter.
Le Salar de Atacama, qui a donné son nom à toute la zone et sa lagune de Chaxa, ne méritent pas un arrêt trop long. Surtout quand on manque les heures favorables du petit matin ou de la tombée de la nuit, quand le sel prend une couleur rose ou orangé. Flamands roses andins ou chiliens, mouettes blanches et noires avec bec courbé « dans l’autre sens » pour pouvoir bien explorer le fond de lagune, quelques lézards. Mais surtout, du sel. En blocs, damé en chemin ou en route, en cristaux, en formes de lave déchiquetée, en pierres. Le désert minéral. Moins beau paraît-il que celui de Uyuni pas si loin en Bolivie qui est uniquement de sel et donc bien plat avec îles de cactus au milieu. Ici, le mélange du sel avec d’autres minéraux en fait une curiosité géologique mais pas un must esthétique. Nous y sommes venus. Mais vers midi on est écrasé de soleil et aveuglé de lumière blanche au milieu de ce désert minéral. Pas vraiment accueillant mais marquant quand même. Pour voir du beau, il faudra revenir. A moins que la renommée du Salar ne soit due à sa proximité et son accessibilité depuis San Pedro ? Nous pouvons continuer et peut être revenir à un moment de la journée plus favorable. Nous prenons un peu d’altitude pour déjeuner à Socaire, d’une bonne soupe de légumes paysanne et de l’inévitable poulet riz salade chilienne (tomate-oignons) dans un restaurant case. Depuis l’arrière du pick-up, en direction du Volcan Licancabur, le dieu local, superbe petit cimetière très coloré dominé par les Andes.
La vraie route commence à la sortie du village. C’est d’ailleurs là que s’arrête le goudron et que commence la piste. Cailloux, terre, sable, poussière, touffes d’herbes jaunes à perte de vue, les montagnes et les plateaux des Andes sont partout. Difficile à photographier, on emporte le souvenir, pas des photos. Décrire l’endroit est impossible et pas souhaitable. Il faut venir voir tous les tons d’ocre, de rouge, de vert, de bleu, tous les oxydes des métaux remontés du fond de la terre qui se mélangent dans les coulées sur les pentes des immenses volcans. La route qui serpente, tiens des lamas, des grandes lignes droites à travers les plateaux. Tiens des autruches en bas ! C’est bien des autruches Marcelo ? Tu savais qu’il y avait des autruches ici toi ? Petite descente, virage, paf ! Vue plongeante sur une immense lagune turquoise (ici ils disent calypso), montagnes grises d’un côté, bleues de l’autre, rouges au fond, flamands rose qu’on distingue à peine, jaune des touffes d’herbe qui s’accrochent bien alignées face au vent pour essayer de capter un peu d’humidité les jours où il y en a un peu. C’était la lagune de Aguas Calientes (les eaux chaudes). Même nom qu’hier, mais ailleurs.
Nous sommes à 4400 mètres, aucun des trois enfants ne souffre de l’altitude. Un peu de poussière, nouvelle montée, quelques virages et cailloux supplémentaires, paf ! Lagune émeraude bordée de blanc, volcans qui l’entourent. Simple et beau. Nous allons au bord pour nous rendre mieux compte. Le vent souffle fort à cet endroit. Le blanc au bord c’est du sel. Il est tellement épais et dur qu’on peut rouler en voiture dessus. Un peu plus au large le sel a fabriqué des petits bassins où il s’auto-cristalise. On peut marcher sur les berges et s’approcher de l’eau vert amande. Marcelo nous offre de gros cristaux magnifiques que nous allons essayer de ramener chez nous intacts. Julia aimerait bien les offrir au père Noël. Parce qu’un des avantages du tour du monde, c’est qu’on croit au père Noël un peu plus longtemps. Il y en a même qui se remettent à y croire… L’endroit est magnifique mais un peu hostile, nous ne tenons pas très longtemps dans le vent. Nous quittons la Lagune Tujaito pour les lagunes Miniques et Miscanti.
Nous reprenons le même chemin en sens inverse. Le soleil est moins haut, les couleurs plus chaudes, la route plus belle. Félix profite d’un arrêt à Aguas Calientes pour mettre ses pieds dans les salins. Rester chaussures coincées avec de la boue qui pue jusqu’aux chevilles n’est pas vraiment de son goût. Heureusement l’eau pour tout rincer est chaude, mais c’est papa qui va devoir porter maintenant. Dans la montée vers notre dernier col de la journée, un gros renard à queue argentée surpris court se cacher derrière la colline. Dernier choc de la journée. D’en haut, soleil dans le dos, magnifique vue sur Miniques et son eau bleu canard profond. Toujours le jaune cuivré des touffes d’herbe, les couleurs oxydées des volcans et des montagnes qui encerclent la lagune. Le bleu est énorme. Tout le contraire des pastels que nous avons vus depuis ce matin. Photos numériques et argentiques, vidéo, tout pour essayer de conserver un bout de ça dans notre mémoire. Mais pour bien voir et sentir il faudra revenir. Les flamands apportent une petite touche de vie en rose dans cet endroit majestueusement minéral et salé. Miscanti, offre le même spectacle en différent et plus petit. Nous sommes prévenus maintenant, ça n’est pas le même choc. C’est très beau. Toujours le bleu intense. Miscanti, cinq mètres plus haute, alimente Miniques. Deux Chiliens sont en train de construire un petit mur de pierres. Pas de vent ici. Pas de sel visible non plus. Moins rude, presque vivable, dans la lumière de fin de journée.
La descente vers San Pedro est baignée de douce lumière blanche rasante. Repos général dans la voiture. Tout est beau, le moindre caillou, tous les arbres, le petit cimetière de ce matin, les volcans, le plateau. Il est question de se reposer demain en famille plutôt que de tenter l’ascension du volcan Lascar, huit heures de marche à 6000m. Une bonne idée non ?
La phrase du jour : "J‘en reviens pas qu’il soit active le volcan". Julia. "Ca veut dire quoi active ?" Félix. "Ca veut dire qu’il fonctionne" Julia.

Dimanche 30 novembre 2003 : Repos.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo : grand bleu
Le dimanche c’est fait pour se reposer non ? Alors nous nous reposons. Tous. Seul fait marquant, le serveur du restaurant à midi. Un extra. Il relit sur la carte ce que nous lui demandons, reviens avec la liste des plats impossibles qu’il a déjà notés, sert trois fois de suite la même empanada aux légumes alors qu’on en attendait une aux fruits de mer. Ce n’est pas dimanche pour tout le monde.
La phrase du jour : "Moi j’aimerais retrouver Pauline et Marie-Charlotte" Félix. "Je crois que c’est pour retrouver les escargots de Bandol" Julia. "N’importe quoi ! C’est pour le 4X4 de parrain parce qu’on peut monter derrière. C’est fermé derrière et c’est pas dangereux. Il y a une vitre qui s’ouvre derrière. C’est ça qui m’amuse !" Félix.

IMAGES DU DESERT DE ATACAMA
La lumière blanche poudreuse de l’altiplano.
Les visages des Atacamenos.
Les ombres du soir sur le moindre caillou.
La lune et ses croissants « à l’envers ».
L’anneau de Saturne.

LES PHOTOS / POUR GAGNER DU TEMPS / PHRASES DU JOUR EN RAB


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