Journal de bord
CHILI
Novembre 2003 / Désert d'Atacama

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-4H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 08 Heures du matin à Santiago

Lundi 01 décembre 2003 : La Bolivie.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo : grand bleu
Le désert d’Atacama et le nord du Chili étaient boliviens et péruviens avant la guerre du Pacifique, il y a une centaine d’année. Ici, on n’est jamais loin de la Bolivie et de l’Argentine, à peine plus au nord, et du Pérou. Chris et Choupie en profitent pour passer la frontière. La Bolivie, c’est en haut de la côte à quarante à l’heure, comme pour aller aux Monjes et arrivé sur le plateau, à gauche. Marcelo se débrouille avec les douaniers qui tamponnent le passeport des étrangers. Marcelo, lui, n’a pas de passeport ni de papiers. Ici il est Atacamenien et la solidarité Atacamena suffit. Tout de suite après le poste frontière, au bord de la lagune Blanche, nous nous arrêtons à l’auberge. Grande concentration de 4X4 boliviens qui récupèrent les voyageurs arrivés du Chili. Les véhicules chiliens ne sont pas personae gratta ici. Une façon comme une autre de favoriser le développement local… Autre signe extérieur bolivien, on sert de la coca au petit déjeuner. En infusion. Mais on peut emporter les feuilles qui restent si on veut. Ca fait passer le mal de tête dû à l’altitude et possède beaucoup d’autres vertus. Chris teste, Choupie non.
La lagune est très belle, différentes des autres vues jusqu’ici. L’ambiance est totalement différente aussi, très andine. Même la lumière n’est pas la même. Les flamands roses si. Au bout de la Laguna Blanca, on tombe sur la Laguna Verde. Le Licancabur, le sommet le plus haut de la région, se reflète dans ses eaux vert pâle. Comme nous avons du temps, nous quittons notre promontoire entre les deux lagunes pour aller de l’autre côté de la Laguna Verde, au pied du Licancabur. Depuis ce chemin emprunté uniquement par les alpinistes tentés par l’ascension du dieu géant, qui est aussi le chemin des Incas venus sacrifier au bord du volcan, la vue est magnifique avec les deux lagunes encadrées par d’autres volcans. Plus nous montons, à pied, plus la vue est belle. Choupie déclare rapidement forfait, Chris suit Marcelo. Dur. En haut de la dune de cailloux, une autre dune de cailloux. Il faut continuer à monter pour voir la vue côté chilien. En haut de la deuxième dune, une troisième. Puis une quatrième et une cinquième. La nouvelle dune est totalement invisible tant qu’on n’est pas en haut de la précédente. A ce petit jeu, le souffle se raccourcit, les stops sont de plus en plus nombreux. Nous avons marché une heure, de 4300 à 4800 mètres environ. La nouvelle crête de cailloux en cache peut-être une autre. Marcelo et Chris redescendent vers Choupie qui a fini par s’inquiéter sans avoir pu regarder du côté Chilien. Chris ne verra plus jamais le Licancabur, le volcan sacré des Atacamenos, du même œil.
Déjeuner au bord de la Laguna Blanca, à l’abri du vent, là où surgissent les eaux chaudes. Mais personne n’a vraiment envie de se baigner. Au poste frontière, nouveau tampon, de sortie celui-là. La Bolivie, c’est encore plus rude que le Chili. Et c’est aussi beau. Nous reviendrons voir la Laguna Colorada et le Salar de Uyuni une autre fois. Il aurait fallu trois jours pour faire ce tour là et laisser les enfants. Le retour à San Pedro, en descente, ressemble au retour vers l’écurie.
La soirée des « grands », Chris, Choupie et Julia est occupée jusqu’à une heure du matin par l’exploration du ciel chez Alain, l’astronome français. Maud est déjà venue il y a quelques jours. Alain s’est installé par ici car c’est un des endroits au monde où le ciel est le plus pur. Les télescopes géants de la région sont là pour cette raison. Lune, plan des planètes, galaxies lointaines, super nova de première ou de deuxième génération. Mais comment ont-ils découvert tout ça ? Le clou du spectacle reste quand même Saturne et son anneau et la nébuleuse d’Orion.
La phrase du jour : "On fabrique une lagune". Julia et Félix jouant dans la boue.

LES ENFANTS ET LE DESERT
« Et c’est où le désert où il pleut souvent ? Je veux dire où il pleut le plus ». Julia.
« Quand même ils ont fait des routes dans le désert, ils sont pas locos (fous) ». Julia.
« C’est pas rigolo le désert, il n’y a pas d’arbres, pas de musées… ». Julia.
« On peut acheter de l’eau quand même ? ». Félix.
« Dans le désert il faut toujours boire ». Félix.
« Il coule mon nez ? ». Félix ( dans le désert si on ne boit pas ou qu’on enlève casquette et lunettes, le sang coule du nez).
« Il y a très peu de monde dans le désert. Ca aussi c’est une bonne phrase du jour ». Félix.
« Tu nous avais dit que dans le désert il n’y a pas d’eau et et il y a plein de rivières ». Julia.

Mardi 02 décembre 2003 : Loupé.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo : grand bleu
Les journées loupées ça existe, même pendant le tour du monde. Rio Grande est un peu trop loin, surtout après une nuit bien courte à cause des étoiles. Le village ressemble à des choses vues, en moins bien. La route n’est passionnante qu’à de très rares endroits. L’ombre trop rare pour un pic-nique. Mais la gentillesse de Marcelo et son excellent barbecue nous font passer un bon moment. Nous avons certainement atteint les limites de la zone compte tenu de nos moyens. Il resterait quelques très belles ascensions de volcans, le trek de cinq heures dans les gorges qui mène à notre lieu de pic-nique du jour… Mais pour des plus aguerris que nous.
Au retour quelques « pétroglifos » (dessins sur les rochers) pendant que tout le monde somnole. Du coup personne n’arrive à dormir pendant la vraie sieste à l’hôtel. Ca nous donne un peu de temps pour organiser la suite du programme vers le sud du Chili et la France.
La phrase du jour : "Moi je veux aller à l’hôtel, me déshabiller, me mettre en pyjama, faire pipi et dormir" Félix (on lui ressortira ce programme parfait…).

Mercredi 03 décembre 2003 : Presque tranquille.
GMTFr : -4H tropique du Capricorne 69° ouest météo : grand bleu
Notre guide Marcelo a changé selon la volonté de Rosana. Javier nous amène dans un lieu connu, les thermes de Puritama. Javier est chilien. De Santiago. En territoire Atacameno, ça ne suffit pas. Pic-nique onze heures - quatorze heures, puis retour et sieste. Le soleil de plomb, l’eau chaude, la fatigue accumulée, après quelques bonnes baignades les enfants dorment dans le van sur le chemin du retour. Pour une fois, ils ont un peu de temps, ils construisent une nouvelle lagune. Les grands préparent les bagages, vont faire leurs adieux à Rosana et essaient de planifier le voyage vers le sud.
Une journée de transition.
Les sacs sont pleins de sable ou plutôt de fine poussière, celle qui s’infiltre pas les trous de la carrosserie et s’incruste partout. Une poussière fine comme une farine très bien moulue qui monte au nez quand on la respire. Mais comment faire pour ne pas la respirer ? Ici, on ne porte pas le chèche. Et pourtant on pourrait. Tout est gris. Les cheveux sont secs. La peau est sèche. Les gorges sont desséchées et certains toussent. Le désert est arrivé à ses fins. Il est largement plus fort que nous. Il nous a eus à l’usure. Pas par en haut, soleil, froid, chaleur. Par en bas, avec la poussière. Nous partons avec le sentiment d’avoir presque tout vu mais aussi de ne pas pouvoir rester beaucoup plus longtemps. Nous avons besoin d’air, d’oxygène, d’eau douce, de verdure. Car même le contact avec l’eau change dans le désert. Celle de la douche ne suffit pas, ne répare pas. Les piscines sont toutes troubles, chargées de poussière et d’insectes imprudents ou trop assoiffés. L’eau des thermes est chaude, celle des ruisseaux glacée. Dans le désert d’ Atacama, on ne manque pas d’eau… on manque d’une bonne eau réparatrice.
Les sacs sont prêts. La leçon de Santiago et de l’excédent de bagage est retenue. Tout ce qui pèse, médicaments, trousse de toilette, guides, matériel divers… est casé dans les sacs cabine. Grosses chaussures de marche aux pieds demain pour tout le monde, avec polaires et parkas sur les épaules. Ca tombe bien, demain, nous allons au sud. Et dans cet hémisphère, plus on va au sud plus il fait froid.
La phrase du jour : "Je crois que si je laisse pousser mes cheveux pendant tout le tour du monde, quand je vais rentrer à Marseille elles vont pas me reconnaître les cousines" Julia.

LES PHOTOS / POUR GAGNER DU TEMPS / PHRASES DU JOUR EN RAB


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