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Dimanche
16 novembre 2003 : SANTIAGO, Puerto Egas, BARTOLOME, Playa,
Phare
Le plus beau pour la fin.
GMTFr : -7H 0° sud 90° ouest météo : beau,
force 2 à 3, mer belle
Lever
tôt et discussion avec Augusto, il est né à Floreana,
notre île d’hier et deux de ses frères y habitent
toujours.
Nous connaissons le coin, c’était l’un des plus
beaux de la première semaine, Puerto Egas, le seul endroit
où nous avons vu des otaries à fourrure. Passés
en fin de journée, nous revenons le matin. Un plus, pas
un seul autre bateau, seuls, avec les GUBS. Toujours aussi beau
et spectaculaire. La plage noire du débarquement est superbe,
les otaries dorment sur le promontoire, deux huîtriers avec
leur solide et long bec rouge arpentent le sable. Sur les rochers,
amoncellement d’iguanes de mer, quantité d’oiseaux
impressionnante, bataillons de crabes qui marchent en mesure… Une
maman otarie surveille ses deux rejetons, celui d’un an et
celui de quelques semaines qui jouent ensemble. Son langage de
mère est très compréhensible, « calmez-vous » et
pour le petit, « il faut manger ». Quand son grand
part faire un tour, elle commence l’école. Un vrai
job de mère. Dans tous les trous il y a quelque chose à voir,
les quelques centaines de mètres jusqu’aux otaries à fourrure
nous prennent plus de deux heures. La mer s’engouffre sous
des ponts de lave puis finit dans une impasse pour exploser en
un petit geyser. On se baignerait bien avec les otaries à fourrure
et leurs cousines de Californie qui font leur numéro dans
les trous d’eau bleu limpide, mais c’est maintenant
interdit. Une otarie à fourrure plonge de son promontoire,
suivie dans l’eau par un sillage de bulles (l’air entre
ses deux pelages qui s’échappe). Le plongeon est beau,
pas d’écume, les pirouettes superbes, la remontée
sur le promontoire d’un coup de nageoire averti magnifique.
Ca vaudrait largement une médaille d’or en plongeon
et en natation synchronisée aux Jeux Olympiques. Sur le
chemin du retour, il faut porter Garance à bout de bras.
Ca n’enlève pas l’odeur, mais ça peut
sauver un short ou un tee-shirt. Peine perdue. Sauf pour Garance
qui a apprécié les différentes position de
transport.
Navigation de jour pour aller jusqu’à Bartolome. Au
passage nous reconnaissons la plage chocolat de Espumilla et Bucaneer’s
Cove. Après le déjeuner en mer, un des seuls de la
croisière, sieste pour toute la famille. C’est le
moment que choisissent un wahoo de trente kilos et un thon albacore
(ailes jaunes) de quinze kilos pour monter sur le bateau. Bartolome
c’est une minuscule île, magnifique et tranquille.
Nous profitons de la plage, une otarie passe devant le masque,
Choupie et Chris disent bonjour aux pingouins, eux dans l’eau
les pingouins sur les rochers. Julia et Félix construisent
un nouveau château avec pont-levis, mais décoré par
des coquillages. Montée en haut de l’île par
le grand pont en bois, superbes vues sur les îles que nous
connaissons bien maintenant, Santiago, Sombrero Chino, Bembridge,
Santa Cruz, Daphne… Il nous aura manqué cinq minutes
pour avoir la belle lumière du soleil couchant. Les trois
enfants se régalent dans le vent des cimes. En attendant
la panga dans un début d’obscurité, un pélican
assure le spectacle. Superbes vols latéraux au dessus du
public, piqués parfaits, il attrape un poisson un plongeon
sur deux, une otarie fait des ronds dans l’eau. Elle maintient
le banc enfermé pour le pélican tout en profitant
de ses plongeons pour attraper les fuyards. Bonne coopération
win-win. Pour monter sur la panga, il faut enjamber les otaries,
parce qu’à une heure aussi tardive elles n’ont
aucune intention de bouger de leur marches.
Faute de l’avoir vu cru, nous mangeons le wahoo cuit au dîner.
Excellent. Chris a droit à un bout au vin blanc avec les
enfants avant un autre bout à la plancha avec les GUBS.
Merci Fernando. Histoires de galères de voyage au dessert.
Quand tout le monde est couché, Fernando et Chris regardent
les photos des Galápagos et du Canada sur l’ordinateur.
Cette nuit grosse navigation jusqu’à notre point le
plus nord de la croisière, l’île de Genovesa.
La phrase du
jour : "Le
rocher il souffle grand comme un géant et nous on est mouillés
comme, comme…. comme des esquimaux" Félix.
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Lundi
17 novembre 2003 : GENOVESA, Bahia Darwin, Prince Philip Steps.
L’île sauvage.
GMTFr : -7H 0° nord 90° ouest météo : couvert,
force 3 à 4, mer agitée
Personne
n’a dormi pendant la longue traversée de cette nuit.
Mer trois quarts arrière avec petite mer croisée de
travers, un cocktail d’enfer pour roulis magistral à faire
tomber du lit (ce qui d’ailleurs arrive à Garance).
Pour les marins de quart ça ne change rien, pour les touristes
si. Alan, l’anglais lève tôt dont la femme chante
des cantiques toutes les nuits, est sur le pont le premier pour rejoindre
Chris. Un beau requin des Galápagos ou à pointes noires
suit le Beagle dans le houle, aileron bien droit dans la vague. Avant
que la croisière se lève, Augusto nous raconte un bout
de l’histoire de sa famille. Six filles, six garçons,
un père agriculteur pionnier à Floreana, une mère
qui déploie des trésors d’ingéniosité et
d’imagination (confitures et vins de papaye, de goyave…)
pour faire rentrer de l’argent. La vie d’une famille,
au milieu d’une poignée d’autres familles, dans
un coin au bout du monde. Petits lieux, grandes histoires et grandes
familles. Il n’y avait pas la télé… Il
fallait bien s’occuper.
Pendant que Maud et Pounette récupèrent de la nuit
agitée sur le Beagle, débarquement du matin en « desembarco
majado » (wet-landing) sur la plage de sable blanc de Bahia
Darwin. Encore un endroit hors du commun. Genovesa c’est l’île
aux oiseaux. Partout. Sur la plage, entre chaque rocher, fous masqués
avec œufs et juvéniles, mouettes à queues d’aronde
avec poussins, dans la mangrove, fous à pieds rouges (et becs
bleus… ils sont adaptés à quoi eux Mr Darwin
?) et nids de frégates. Dans tous les trous de lave, il y
a un oiseau, un œuf, un poussin, des couples, ou tout ensemble.
Il faut faire attention à ne pas marcher sur une mouette en
photographiant un fou. Chris fait une photo macro d’un jeune
fou à pieds rouges dans son nid. L’allongement de l’objectif
n’est pas du goût du fou. Pan ! Un bon coup de bec dessus.
Ca aurait fait une bonne photo si Chris avait été moins
surpris. Attention ! Tu vas marcher sur une mouette. Elle ne se lèverait
pour rien au monde de son œuf posé sur le sol entre cailloux
et morceaux de corail. Le panorama est superbe. Un mur de lave sépare
la mer d’un côté d’une sorte de lagon de
l’autre. Une otarie en profite pour nous faire admirer ses
prouesses en eau calme. Le chemin monte à travers les oiseaux
jusqu’à la falaise, face au large. Le temps est couvert,
il y a du vent, la mer est un peu agitée, ça convient
bien à l’endroit.
L’après midi, nous mettons nos pas dans ceux du Prince
Philip, pour arriver à un immense champ de lave face à la
mer. A perte de vue, des oiseaux et leurs nids, des oiseaux qui arrivent,
d’autres qui repartent, tous en pleine activité nuptiale
ou parentale. Un désert colonisé par les oiseaux. Très
impressionnant et pas vraiment accueillant. Et puis c’est notre
dernière excursion… il règne une ambiance de
fin de croisière, même si personne n’en parle.
Un peu fin de rêve.
Le cocktail du soir, avec équipage en blanc, est un petit
moment d’émotion. Tous les participants ont été impressionnés
par les animaux, leur proximité, la gentillesse et la prévenance
de l’équipage, le Beagle et la façon dont il
est manœuvré et organisé. Notre petite famille
remercie particulièrement l’équipage, leur attention
pour les enfants. Le Beagle, c’était notre maison pendant
quinze jours. Merci à tous. Nous nous souviendrons d’Osvaldo
capitan pêcheur, Louis, dit « colorado », l’excellent
marin à casquette, œil de lynx et sourire imperturbable
aux lèvres, Marcello le sec qui bataille avec Félix,
Osvaldo l’Andin qui a appris à dire « « non-non » en
français grâce à Garance, Fernando le cuisto
super-soupes sous surveillance quotidienne de Julia, Tricky qui a
du mal le matin et Félix le grand mécano qui passe
ses nuits dans la cale pour réparer les pompes. Cette nuit
route presque identique à celle d’hier, dans le sens
inverse.
La phrase du
jour : "Si
je fais un nid ici est-ce que tu crois qu’il y a un oiseau
qui va venir dedans ?" Julia.