Journal de bord
Octobre - Novembre 2003 / Puerto Ayora - Galapagos

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-7H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 05 Heures du matin à Quito

Vendredi 31 octobre 2003 : Les valeurs sûres.
GMTFr : -7H 0° sud 90° ouest météo : beau peu couvert
Départ pour le centre de recherche Darwin pour le groupe sauf pour Christophe qui continue sa chasse à la croisière. Georgina, appelle Chris directement à l’hôtel pour lui proposer une croisière sur son bateau, le Beagle. Tout Puerto Ayora est au courant que nous cherchons une croisière. C’est le gros coup, car le Beagle est un des meilleurs bateaux offrant des croisières, 35 mètres pour 12 personnes, avec le parcours idéal de deux semaines et le tout au tiers du prix tarif. Un des avantages du tour du monde, quand on a le temps, sur place : on est bien informé et c’est beaucoup moins cher. Reste à confirmer la deuxième semaine. Sous un soleil de plomb, rencontre avec les bébés tortues puis avec des tortues énormes et placides et enfin avec des iguanes jaune vif. Partout le message est clair : protégeons la faune et la flore de l’homme. 97 % des espèces endémiques des Galápagos subsistent, ce qui est exceptionnel. L’homme est arrivé au 16ème siècle mais , à quelques exceptions notoires près, a très peu modifié les écosystèmes de l’archipel. Merci de faire des dons car la recherche coûte cher. Déjeuner local à 2$ : le poulet a dû courir beaucoup avant de se laisser attraper par le cuisto mais leur soupe parfumée à la coriandre est délicieuse. Après-midi déception pour Chris car la deuxième semaine sur le Beagle est compromise. Il ne reste qu’une seule cabine, une réservation est déjà prise par une agence. Tout est à revoir, car une semaine et 50% du tour de l’archipel, quand on vient jusqu’ici et qu’on a le temps, ce n’est pas satisfaisant.
Du coup, pour se changer les idées, petit tour sur le quai pour se ressourcer avec des valeurs sûres, les poissons, les pêcheurs. Un vrai spectacle. 300 kg de poisson, la pêche de deux jours au large sur les bancs. Le quai, pas plus de 20 mètres, habituellement très calme, juste quelques hamacs, grouille de poissons, de pêcheurs, d’acheteurs, de touristes qui ne restent pas plus que le temps d’une photo, de pélicans et d’un héron. Pas besoin de poubelles, les pélicans sont pires que les goélands (message personnel à destination de Jean Apiou). Ils avalent tout, tête, arrêtes et queue d’un poisson de 6 kilos, en une seule fois, pour autant qu’ils arrivent à l’arracher aux autres pélicans. Le héron n’est pas mal non plus et il distribue pas mal de coups avec son long bec. Super ambiance, beaucoup de bruit. Nous finissons pas acheter une sorte de carange rose (palomina) et un bacalao. Chacun de deux kilos, pour trois adultes et trois enfants, même en filet pour la plancha, ça devrait suffire. Le bacalao, ici, contrairement à partout ailleurs dans le monde, ce n’est pas la morue, c’est le mérou !
Lina, notre super hôte du Red Mangrove, se met en cuisine pour l’occasion, Gustavo son mari et elle vont se joindre à nous pour dîner. Sa soupe, avec les têtes des poissons et légumes est tellement bonne que leurs amis de passage réclament une assiette. Ils auront droit à du poisson aussi. De fil en aiguille Choupie et Chris partent passer la fin de soirée dans un bar avec excellente musique live locale, à discuter avec Lina, Gustavo et le couple de nouveaux amis, lui parti du Chili il y a vingt ans et elle fille de l’ambassadeur de l’Equateur aux US ayant vécu à New York pendant 15 ans. Le chanteur est dentiste dans la case d’à côté pendant la journée, le soliste à la guitariste est très bon. Excellente soirée sous l’équateur. Nous verrons demain pour la croisière.
La phrase du jour : "Papa, moi je trouve qu’un pélican ça vole beaucoup plus vite qu’une frégate, moi" Julia.

Samedi 01 novembre 2003 : la montagne à la mer.
GMTFr : -7H 0° sud 90° ouest météo : beau, visibilité moyenne
Petit déj sur la terrasse. Pour changer, certains testent le chocolat au lait. Bien meilleur que le thé aux herbes option menthe ou camomille. Comme tous les matins, les fous à pieds bleus profitent de la petite anse protégée par les blocs de lave devant notre terrasse pour pêcher en plongeant à toute vitesse dans l’eau. De vraies flèches. ce matin la pêche a l’air de bien marcher, ils plongent à trois ou quatre d’un coup. Même les pélicans, pourtant bien nourris par le quai des pêcheurs se donnent la peine de travailler un peu. Des iguanes marins tout noirs prennent le soleil sur les deux mètres de notre quai en pierre envahi de crabes rouges (Zayapa). Quand les fous plongent, ils replient leurs ailes et foncent dans l’eau avec leur gros bec bien costaud adapté à la situation. Ca fait un grand plouf et ils ressortent comme des bouchons une à trois secondes plus tard en secouant la tête. Ils sont parfaitement coordonnés pour arriver dans l’eau exactement ensemble. Le lion de mer qui croise toujours dans les parages pêche avec eux. Il a l’air content de son repas car il part faire des cabrioles un peu plus loin, fait l’arbre droit en nous montrant sa queue… Une mouette des laves (gris anthracite avec contour de l’œil noir) surveille depuis un rocher, le petit chat de l’hôtel depuis la terrasse. Un iguane de mer de taille très respectable, plus d’un mètre, longe la côte tranquillement. Lui n’est pas vraiment intéressé par l’histoire car il est herbivore. Les frégates regardent tout ça de haut. N’importe où ailleurs, ce serait le spectacle de la journée, aux US ce serait le Wild Marineland showtime . Ici c’est notre petit dej de tous les jours. Les enfants rigolent comme des fous avec le petit chat.
Arrivée du RDV du mois : Arturo Cruz. Ca vaut bien Corto Maltese comme nom, non ? Le « dueno » (propriétaire) du Beagle, n’a pas vraiment le look marine anglaise. Polo à trous rouillés, short et tongs. C’est lui qui peut transformer une super semaine sur son bateau en la croisière idéale pour nous de deux semaines. Description du bateau et de la croisière, description des enfants, tranquilles, habitués à voyager, habitués au bateau, connaissances communes, le monde est petit… Tout ça se présente plutôt bien. Arturo appelle Quito, les trois inconnus néfastes qui ont posé une option pour la semaine deux n’ont rien payé. Mardi à la première heure, s’ils n’ont pas payé, la deuxième semaine est pour nous. Nous sommes samedi, dimanche tout est fermé, lundi est férié en Equateur, mardi à la première heure, c’est presque bon… Suspense garanti pour le week-end. Arturo va parler de tout ça avec sa femme Georgina qui gère le commercial depuis Quito. Le mode de règlement international intéresse nos futurs hôtes…
Avant le départ pour l’excursion du jour, fin de matinée apprentissage de la lecture pour Julia et Maud, courses-lessive pour Choupie, centre Darwin pour Chris. Gustavo et Lina nous accompagnent chez David pour la visite de la montagne. Bonne parillada accompagnée de très bonnes sauces et papas (pommes de terre) maison, superbe point de vue sur les îles autour. Dommage que le temps ne soit pas plus clair. Visite des Gemelos, les cratères jumeaux (en fait ce sont des effondrements) pleins de végétation endémique. Assez étonnants. Les tortues et la lagune sont le clou du spectacle. Nombreuses, énormes, pas farouches ou plutôt pas rapides… spectaculaires à leur façon…enfouies dans la vase ou en train de tendre le coup pour attraper quelques brins d’herbe. Tout le monde les aime. David, notre guide, est très sympa et d’une douceur qui n’existe plus en Europe ni aux US. Les frégates viennent boire dans la lagune en rasant l’eau comme des canadairs. Une fois désaltérées, elles refont quelques tours pour se laver le ventre et remontent de quelques mètres pour s’ébouer dans le ciel avec un bruit caractéristique. Pendant une seconde on dirait qu’elles vont tomber. La lagune à tortue est vraiment un endroit à part, calme au milieu du calme environnant. Félix en profite pour se gaver de tomates sauvages délicieuses grosses comme des cerises, que Garance lui chippe à la première occasion.
Pour continuer cette bonne journée, promenade à cheval. Ce qui n’a rien d’extraordinaire, sauf quand personne n’est jamais ou presque jamais monté. Bonne ambiance, très gentils chevaux, seule Garance ne vient pas. Elle reste avec Gustavo, il la protégera avec son pistolet de 9mm. Très belle vue d’en haut de la montagne, mais la descente est périlleuse, Choupie finit par se retrouver au trot sur son cheval qui ne supporte pas d’être suivi et qui était dernier, Maud manque le virage à droite sur son cheval qui veut toujours être devant les autres. Tout le monde arrive sain et sauf à l’entrée du tunnel de lave. Enorme tunnel, du format métro parisien pour ceux qui connaissent, de 500 mètres de long environ. Malgré l’éclairage, Choupie n’apprécie guère d’être enfermée et fonce vers la sortie en entraînant Maud, Lina et Julia. Les hommes restent derrière et apprécient les stalactites et mites de lave, la tête de pirate que le hasard a sculpté dans la pierre, le calcaire mou et blanc comme de la chantilly, la sortie dans la lumière verte des feuilles tropicales.
Au retour, petit arrêt au restaurant de Evelyn et Eduardo, nos amis de l’autre soir, pour un petit thé. Le jardin a l’air beau mais il fait nuit. Retour au Red Mangrove après une bonne journée. Lina se met en cuisine pour la fête des natifs de Cuenca demain, Maud et les enfants mangent à l’hôtel, Choupie fait arpenter à Chris la partie haute de la rue Charles Darwin à la recherche d’improbables et introuvables fruits de mer, avant de se rabattre sur un poulet frites. Ils le mangent en marchant dans les rues de Puerto Aroya en tentant de refaire le monde à partir des Galápagos et de trouver une solution pour que le développement profite aux Equatoriens.
Nouvelle bonne journée de visite des « autres Galápagos » en attendant la croisière.
La phrase du jour : "On a roulé dessus ?" (la tortue) Félix.


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