Journal de bord
Nouvelle Zélande
COTE OUEST

Samedi 20 mars 2004 : la côte ouest, enfin !
GMTFr : +12H 43° sud 171° est météo : pluie abondante puis sec
Les enfants sont en pleine forme depuis la Polynésie et grande harmonie dans le groupe depuis longtemps maintenant. JFG jouent dans la boue du camping, plus aptes à faire feu de tout bois mouillé que les adultes. Pour ne pas passer complètement à côté de la NZ, point général sous la pluie matinale. Nous sortons tous les guides et pointons les attractions majeures du pays. D’abord, enlever la gangue de toutes les « activités » plus ou moins antinaturelles qui brouillent la visibilité : les sky-dive (chute libre en parachute) nous avons le même au Muy, à quelques kilomètres de Bandol, nous n’y sommes jamais allés, les descentes de pistes béton en luge plastic avec volant (TEVJDB), les bateaux à vapeur, à roue… qui sillonnent le moindre lac inoubliable, les sauts à élastique sauf peut-être celui de Queenstown, la Mecque, les raftings innombrables, les jet-boats (petites cigarette ultra-rapides) qui polluent les gorges des rivières… Nous ne ferons pas de mauvais esprit et nous participerons certainement à l’une et l’autre de ces activités kiwi. Mais entre le marketing outrancier, le quadrillage agricole de la terre et les « activités » inventées, les Néo-zélandais ont transformé leur pays en Disneyworld géant pour adultes. Après pointage des guides, nous jetons deux kilos de publicités diverses, trop d’information tue l’information, la vérité apparaît plus clairement. Sur l’île du nord, nous avons peut être manqué Waikato et White Island, la Bay of Plenty, certainement belle, ne nous manquera pas après la Polynésie, ce sera pour la prochaine fois où nous passerons par Auckland qui nous a beaucoup plu. La météo est médiocre, pour ne pas dire mauvaise, il paraît qu’en février c’était horrible, or ici, la marche et les activités outdoor sont l’unique occupation avec le pub, à part dans quelques grandes villes. Toutes les photos des guides montrent des paysages plein soleil. Autre constat, les marches sont longues, de 4 à 5 heures jusqu’à plusieurs jours, donc hors de portée pour notre équipe. Avec tout ça, reste la côte ouest. C’est pour aujourd’hui. Les glaciers Franz Joseph et Fox, la région de Queenstown, Doubtful ou Milford sound, Christchurch et quelques inévitables baleines, que les Suisses pourront importer sur le lac Léman après la coupe de l’América pour relancer le tourisme dans la région de Genève… Pour ne plus douter, nous repointons toutes les pubs généralistes qui proposent des tours du pays. Rien ne nous a échappé, mais le plus important ne se trouve que rarement dans les guides, jamais dans les pubs, parfois dans les pubs.

Après ce point général, nous démarrons à plus de midi. Sous la pluie. La côte ouest tient ses promesses rapidement et pendant 100 km, jusqu’à Greymouth, nous sommes en Nouvelle Zélande. Pacifique gigantesque et gris avec les vagues bien alignées dont les sillons avancent inexorablement avant d’exploser sur d’immenses plages grises, nuages et ciels gris et bas, rochers, galets et sable gris mélangés sur des kilomètres, oiseaux de mer qui passent. Arrêt sandwich et meat-pie (gâteau de viande) dans un pub vert avec tous les matchs du super 12 de la saison affichés et un test de cricket à la télé géante. Pluie. A Pancake Rocks, point d’intérêt touristique, curieux rochers en strates où l’océan a creusé arches, passages et trous souffleurs. Nouvelles plages grises. Tous les gris du noir le plus pur. Magnifique et bien dans son élément sous la pluie.

A partir de Greymouth, joli, mais sans intérêt majeur et surtout, des temps de parcours très longs. Il est 6h00 du soir. Nous puisons notre énergie jusqu’au fond de la réserve de gasoil qui nous amène jusqu’à une station BP. Fermée. Les 40 km de marche arrière jusqu’au poste précédent sont impossible, la station suivante vers le sud, notre direction, est fermée selon Frank, un Australien arrêté avec nous qui a aussi besoin d’essence pour continuer vers le nord. Mais Brian et David, les pompistes dont les numéros de téléphones fixes et mobiles figurent sur la porte, ne répondent pas. Au troisième numéro, une femme nous indique qu’elle va essayer de joindre Brian. C’est elle qui se pointe à la station quelques minutes plus tard. « Brian ne peut pas venir, il est occupé » (busy). « Ca va durer longtemps ? » « Ca dépend, ça peut. Il est au pub. Mais ne dites pas que c’est moi qui vous l’ai dit ou il me tue. » David et Chris vont au pub. « Je ne l’ai pas vu en passant » dit Chris. « On ne peut pas manquer le pub » répond David plus habitué à la zone. Et nous ne le manquons pas. Il est bondé, grand écran avec super 12 à la télé, bière devant chaque mâle et chaque femelle, plus de mâles que de femelles. Frank explique notre cas, à Brian pas du tout décidé à venir remplir nos réservoirs son verre de bière encore à moitié plein. Nos problèmes sont même diamétralement opposés. Verre plein, réservoirs vides. Ca chauffe vite dans le pub, c’est de l’Australien et du Néo-zélandais profond qui se parle, pas l’anglais qu’on apprend à l’école. Il faut bien avouer que Brian est vraiment particulièrement désagréable, cela confine à l’antipathique. Chris dit qu’en tant que Français père de famille, il n’est pour rien dans l’histoire entre Nzies et Aussies. Les copains de pub mettent la pression sur Brian, la fille du groupe propose de venir nous servir à la place du gros c… Frank propose de mettre quatre bouteilles de bière sur la table, pour faire on poids, ce qui semble démesuré à tous les Néos sympas. Frank fait mine de partir dégoûté par ce péquenot de Kiwi, Chris se renseigne auprès de la compagnie pour savoir s’il will do it or not ? He will répondent-ils. Le gros lourd a fini son verre, il vient, repart car il oublié ses clés, nous ouvre la pompe. Pour lui, le plein est déjà fait, il aurait plutôt besoin d’une bonne vidange. Ce sera 20 NZ$ (10€) de surcharge pour chacun. Un bon bon souvenir de pub et de road story pour Chris, un son of a b… pour Frank. Frank, un bon copain et sa femme croisés sur la route, qui nous auront donné des infos intéressantes sur l’Australie qu’ils ont parcouru pendant deux ans et sur le sud de la NZ, pas mal, beaucoup de monde, pas du tout sauvage, beaucoup de voitures. C’est pas nous alors ? Au prochain match de rugby Australie-NZ, Chris supportera les Wallabies, pas les Blacks, c’est sûr.

La route encore, belle lumière qui trouve un petit passage entre les nuages. Ce soir nous évitons de justesse le camping auquel nous étions voués et presque résignés par la fatigue accumulée. Grandes chambres d’hôtel, Super 12 suivi d’un film américain débile (pléonasme) à la télé. Demain glaciers. OK nous ont dit les Aussies, ils n’avaient jamais vu de glacier. Nous, nous en avons déjà croisés quelques uns et des sérieux…
La phrase du jour  : « Il peuvent te faire des contrôles dix ans en arrière (les impôts). » « Qui ça à l’école ? » Julia.

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