Journal de bord
Nouvelle Zélande
ILE DU SUD

Mercredi 17 mars 2004 : autour du monde depuis 6 mois.
GMTFr : +12H 41° sud 174° est météo : pluie beaucoup
Nous fêtons les 6 mois de tour du monde sur la route et sous la pluie. 17 septembre, 17 mars, il nous a fallu six mois pour aller au bout du monde, presque au bout. Restent une traversée de trois heures en ferry-boat et 700 ou 800 kilomètres pour atteindre le sud de l’île du sud de NZ. C’est notre bout du monde à nous, vu depuis l’Europe, pour les Néo-Zélandais, un coin un peu retiré du pays, rien de plus. Tous est relatif, une des leçons du tour du monde. Nous partons de Wakhapapa, sans faire le magnifique tour du volcan Tongariro, pour cause de pluie forte et de terrain forcément humide après ce qu’il est tombé cette nuit. Nous quittons le petit Saint Andrews. Pour ceux qui connaissent la région, ou le golf, ou ceux très peu nombreux qui connaissent les deux.
Route sous la pluie et à travers les moutons. Ce n’est pas une légende. 3,9 millions d’habitants, 49 millions de moutons, plus de 12 moutons par habitants, c’est la NZ. Les vaches sont deux fois « moins nombreuses » que les moutons, mais où sont-elles ? En plus, la région que nous traversons est la partie la plus agricole du pays. Laura, une bergère allemande est sympa avec son quad, son joli sourire, sa casquette et ses cinq cents moutons. Elle aime certainement la pluie. Très beaux paysages sur la route de crêtes et de gorges, largement détériorée par les pluies et sa mauvaise construction, qui va de Taupu à Bulls. Repas difficile à Manakau, où nous n’avions aucune raison valable de nous arrêter, le camper-van n’étant pas en panne. Il vaut mieux suivre les indications camping que restaurant du Lonely Planet, quoique, même pour le camping… Cependant, Manakau, un contact intéressant avec la NZ profonde, mais alors très très profonde. La route n’ayant plus aucun intérêt jusqu’au ferry, nous continuons à tailler la NZ en attendant des coins meilleurs.
Pile pour le ferry vers l’île du sud, sans rien préparer. Trois heures de traversée sans vagues, les enfants profitent du playground, de la télé chaîne toons et des jeux d’arcade. Très économique les jeux d’arcade à leur âge, car la démonstration suffit à leur évasion, pas besoin de pièces. Le bateau passe entre des îlots, encore de sacrés marins par ici, mais on le savait déjà et nous arrivons à Picton, NZ, île du sud. Nous approchons du but. Le camping Suisse est très sympa, Christian nous donne en français le parcours idéal autour de l’île. Exactement ce que nous cherchions, à 20.000 kilomètres de l’Europe.
La phrase du jour  : « Il peut pleuvoir comme ça en France ? » Julia.

Jeudi 18 mars 2004 : taille vieux, taille la route.
GMTFr : +12H 41° sud 172° est météo : pluie puis beau
Depuis Picton, la route suit joliment une vallée jusqu’à Linkwater puis retombe dans un anonymat anglo-américain pas désagréable mais pas exaltant non plus, Havelock, Pelorus Bridge, Nelson... que rien ne devrait tirer de leur anonymat total avant longtemps. Elle, la route, recommence a présenter un intérêt méditerranéen près de Moteuka et à l’entrée du parc Abel Tasman.
Il est temps de faire le point au dîner dont les conclusions sont intéressantes. Pas de paysages grandioses sans pays immense et la NZ est un petit pays, après le gigantesque Canada, en camping-car aussi, les 4800 km du nord au sud du Chili, l’impressionnante Patagonie Argentine, l’archipel de Polynésie française dont les dimensions se superposent à celles de l’Europe. Un marketing super efficace qui, vu des antipodes, fait passer des attractions montées de toutes pièces pour des curiosités naturelles. Un pays réputé sauvage où tout est balisé et aucun espace laissé libre entre moutons et hommes. Nous savons où sont une partie des vaches qui font contre poids aux moutons. Nous les avons croisées aujourd’hui.
Soit nous sommes en train de passer à côté de la NZ, ce qui est tout à fait possible, soit il va falloir revoir nos objectifs ici. Mais du sauvage, peu…
La phrase du jour  : « Elles (chutes de Ruahawa) sont plus petites que les chutes qu’on a vues là-bas (Iguaçu) » Félix. « C’est pas la plus belle cascade que j’ai vue de ma vie, mais elle est bien quand même. » Julia. ( La New Zealand digest des enfants, or, la vérité sort…).

Vendredi 19 mars 2004 : Abel Tasman National Park.
GMTFr : +12H 41° sud 172° est météo : voilé puis pluie abondante
Organisés les Kiwis, ce sont des anglo-saxons, tout est possible chez eux, c’est un pays neuf. Greg, le manager de La ferme du vieux Mac Donald nous organise un tour privé de dernière minute sur les taxis boats qui sillonnent le parc. Quatre jours de marche, pour faire l’aller-retour à pied ou en kayak avec matériel de camping, à travers les beaux paysages du Abel Tasman, se transforment en trois heures de speed-boat. Nous continuons à tailler à la hache dans un pays qui se prête plus au ciselage de précision. L’habitude, ou le virus, des grands espaces.
Mike, notre guide blond du jour aux origines suédoises, il y a peu de chances de trouver des Marcelo modèle chilien ici, nous embarque depuis le bureau dans notre bateau remorqué jusqu’à la plage par un tracteur. Le tracto-bateau, un nouveau mode de locomotion que nous n’avions pas encore utilisé. L’intérêt du Abel Tasman, tout au nord de l’île du sud, réside dans un track (sentier) qui traverse une forêt en longeant la mer, de belles plages de sables blancs à orangés, une réserve marine. Quelques phoques à fourrure, des huîtriers en compagnies, quelques curiosités locales, un pic-nique, une collecte de coquillages laissée sur place, un bateau de pêche qui passe, une bonne journée au bord du Pacifique. Deux cents kayaks croisés quand même, en fin de saison, le pays est bien quadrillé sur mer aussi. Un peuple d’agriculteurs marins.
Après-midi de route dans le bush néo-zélandais. Traversée des jolies vallées et de petits cols vers le Pacifique côte ouest. La route est belle, tourne beaucoup. Les distances sont courtes en NZ, mais à 60 km/h de moyenne, sans les arrêts, on passe beaucoup de temps à rouler. Ponts, pluie, rivières, troupeaux de moutons au milieu de la route, pluie, lacs, vaches, élevages de daims, lambeaux de brouillard qui s’accrochent aux fougères arborescentes, pluie, un bout de NZ comme on l’imagine depuis l’Europe. Une fois de plus nous arrivons tard à notre camping. Westport, ville sans intérêt que nous espérions éviter, camping mi-sordide entre boue, vieux autobus reconvertis en maisons ventouses, pluie, salle commune éclairage néon-plafond, chaises plastic élimé ou velours crasseux au choix. Le BBQ à gaz fonctionne, le mouton et le bœuf de NZ sont excellents, les campings sont loin de ceux du Canada, la NZ aussi.
La phrase du jour  : « Malheureusement je conduis pas. » Félix.

SOUVENIR DE NZ
Grande, jambes longues, dos voûté, un peu masculine mais molle, chair blanche et flasque rosie par le soleil et le froid, visage rond coupé par un nez à flancs vifs, cheveux blond plaqués mal délavé filasses avec raie au milieu, dents en pagaille, pantalon sac et chaussures de marche, loin, même avec l’aide de cinquante copines de faire oublier une seule Argentine, ce n’est pas une Anglaise, c’est une Néo-zélandaise.


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