Journal de bord
AUSTRALIE
L'Outback (le hors arrière ou le très reculé)
Avril 2004

Garance prend son relaisMercredi 21 avril 2004 : Oodnadatta - Kings Canyon = 760 km.
GMTFr : +7H30 24° sud 132° est météo : continental couvert
Départ à 8h moins 20. 200 km de pistes sur la Oodnadatta Track, c’est 2 heures sur la mythique piste sud-nord, 28 kangourous sauvages, deux voitures croisées. Puis, la highway goudronnée. Les kangourous ne sont plus sauvages, explosés par les trucks de la nuit, les aigles les dépècent sur le bord ou sur la route. Nous approchons d’un aigle cramponné sur kangourou, il ne décolle pas, une voiture en face, impossible de l’éviter, il décolle au dernier moment pour s’écraser violemment contre le montant de la portière. La vision des ailes écartées, dont une en travers du pare-brise, avec bruit en conséquence, relève du cauchemar et de Tex Avery. Un aigle de moins, un rétroviseur cassé. 560 km de goudron. Choupie conduit à gauche, c’est tout droit, on ne peut pas se tromper de côté. 3h moins le ¼, arrivée au Kings Cayon resort. Nous avons roulé pendant 7 heures. Une étape standard pour l’Australie. Les enfants sont habitués.
La phrase du jour  : « Quelle route on fait demain ? C’est de la piste ? » Félix, touché par le virus de la piste.

Tout ça pour çaJeudi 22 avril 2004 : Le Roi Canyon.
GMTFr : +7H30 24° sud 132° est météo : désertique tempérée
Choupie, super motivée, démarre tôt avec Chris pour la marche de 4h00 autour des falaises du Kings Cayon. Ca commence fort avec une montée de plusieurs centaines de mètres de dénivelé. A froid ! Le soleil se lève et éclaire comme il faut les rochers rouges, couleurs chaudes, ombres noires, température idéale pour la marche. Nous brûlons un à un les groupes de touristes partis avant nous. Ca n’est pas Uluru, mais ça vaut le déplacement et la marche. A pics vertigineux, surplombs rocheux, paysages jamais vus ailleurs (un de nos critères qualitatifs majeurs après quelques mois autour du monde à voir souvent des choses extraordinaires). Le tout bouclé en un 2h15, y compris le petit déjeuner tartines au peanut butter savouré en haut du canyon, face au vide, contre 3h30 à 4h00 indiqués partout. De retour à 9h30 au resort.

Le soir, Chris garde Garance qui n’a pas l’âge requis pour la balade en dromadaire. Ils en profitent pour une petite marche en amoureux dans les gorges du cayon. Pour le gros de la troupe, sans Obélix, dromadaire à travers le bush. Il y a des attractions, comme les parcs de Disney, qu’on ne ferait jamais sans les enfants et ce sont souvent de bons souvenirs. La ballade à dos de dromadaires, tous casqués, les dromadaires attachés à la queue leu leu, en fait partie. Vicky, le dernier dromadaire de la file, sur lequel sont Choupie et Félix, a la fâcheuse habitude de passer au milieu des arbustes et des buissons, même des épineux, Félix adore.

Au dîner, c’est Julia qui goûte le crocodile la première. Pas mal, mais plein de gras ? Aujourd’hui, une grande balade sur le cayon et deux premières, le déplacement à dos dromadaire, à ajouter à notre grande liste de moyens de locomotion, du crocodile dans les estomacs.

La phrase du jour  : « J’en ai marre de compter tous les kangourous. » Julia.

Le Nissan PatrolVendredi 23 avril 2004 : long, très long.
GMTFr : +7H30 24° sud 133° est météo : ciel voilé
Nuit difficile pour Chris qui a du se battre avec le crocodile. L’Australie impose son immensité. Nous roulons toute la journée pour aller de Kings Cayon à Alice Springs. Deux heures de piste en tôle ondulée ou cassante le long des beaux Gardiner Ranges, pour arriver au croisement de Palm Valley.

Vers Palm Valley, la piste est réservée aux 4X4, ça va nous changer du vibromasseur tôle ondulée. Sable profond, mer de galets dans le « nid » de la rivière (Julia), franchissement de grandes plaques de rochers les quatre roues écartelées, quelques flaques à crocodiles… l’aventure australienne. Le coin est très beau, au fond de gorges rouges et, tout au bout, des palmiers, une oasis. On se croit loin, mais les Aussies ont l’habitude du rude. les 4X4 défilent, certains en vieux couples, d’autres en famille, il y a même des bus spéciaux qui se pointent. Ca ramène notre performance à sa juste valeur. Sur la piste du retour, un peu de crabot (super 4X4) dans du sable mou hors piste et à fond dans une grande flaque qui remplit la voiture d’eau. Ca plait beaucoup aux enfants et ça rafraîchit tout le monde.

Retour sur le goudron. Depuis notre arrivée, pratiquement aucun contact avec les aborigènes. C’est le moment, à la station service Outback profond, de la communauté du trou local. Que du fuel, les aborigènes qui discutent à l’ombre, Choupie qui fuit les toilettes de loin. Pour faire pipi, il faut aller au village à deux kilomètres. En haillons, nez coulants de morve, cheveux décolorés et coupes psychédéliques, une volée d’enfants aborigènes fait du vélo autour des pompes à essence, exaspérant le pompiste WASP. Le reste des enfants est dans la supérette, tenue nickel, harcelant la patronne et ses pots de bonbons, avec quelques cents insuffisants en main. Les toilettes, fermés à clé et protégés de grillages, sont praticables. Le choc de deux mondes qui ne devraient pas être en contact.

La longue route continue, nous faisons même un bon détour pour aller voir des Mc Donell Ranges vantées par les guides. Mais fatigue aidant, longue route épuisant, crise de foie allongeant, le paysage et le spot n’emballent personne. Il est temps de faire route directe vers Alice Springs et un bon hôtel. La tentative Desert Palm Hotel avorte et nous finissons une nouvelle fois au Crown Plazza. Choupie a perdu son portefeuille. Ca n’arrive que lorsqu’on est très fatigué. Elle stresse un petit coup, ça l’épuise, nous ne sommes plus habitués au stress… et finit par retrouver ses cartes bleues au Desert Palm où ne nous sommes pas restés. Le repos enfin. Demain, pas de voiture, s’il vous plait.

La phrase du jour  : « On pourrait pas prendre des chemins un peu plus classiques ! » Félix (qui vient de se cogner la tête au plafond du 4X4 en hors piste).

JuliaSamedi 24 avril 2004 : one day off.
GMTFr : +7H30 24° sud 133° est météo : désertique tempérée
Un jour off, c’est un jour où on ne fait rien. A peine aller au Tourist Information Center, glaner quelques informations sur la suite du voyage. Sur internet, il est question de maisons à Bruxelles, au téléphone, de meuble de Jean Prouvé et Charlotte Perriand.
La phrase du jour  : « Qu’est-ce qu’ils attendent les aborigènes à l’ombre ? » Julia.

En famille à Devil MarbleDimanche 25 avril 2004 : record battu.
GMTFr : +7H30 14° sud 132° est météo : beau et sec
Nous partons pour une bonne journée de highway plein nord, vers notre destination finale du lendemain, Katherine. 600 km à s’enquiller avec un seul stop intéressant en chemin, Devils Marble. Comme c’est une petite étape, nous ne décollons pas aux aurores. 9h30, c’est le top départ. Une heure, passage du tropique du Capricorne, nous revoilà sous les tropiques, puis deux, puis presque trois. Nous nous arrêtons dans une des attractions majeures des 1.500 km Alice Springs - Darwin, un pub de 74 ans d’âge, recouvert de billets de banque. Impossible à manquer, il est dans tous les guides. Une attraction pareille, normal !

Devils Marble, ce sont des énormes rochers rouges aux formes rondes que l’érosion a laissés en équilibre. Parfait pour la photo du dimanche, en plus, c’est dimanche. Quelques centaines de kilomètres, passage d’un ou deux bleds totalement inconnus, deux ou trois camions géants, quatre remorques de plus de 30 tonnes chacune, 120 à 150 tonnes lancées, ça force le respect et on laisse le passage… il est trois heures de l’après-midi quand nous arrivons au terme de nos 600 km. Nous avons le choix entre nous ennuyer ici, à Tenant Creek, jusqu’à demain matin, ou continuer un peu. Nous continuons. 200, puis 300 km plus loin, nous avons le choix du dormitory et d’un pub de station service middle ou continuer. Nous poussons un peu plus loin. 180 km à faire avant la fameuse tombée de la nuit et les kangourous qui se jettent comme des fous sous les roues des voitures. Une heure et demi, la nuit est tombée depuis un moment, le paysage a changé, beaucoup d’eau, des nuées d’insectes écrasées sur le pare-brise. L’arrêt théorique est à 7 km de la route, il ne nous inspire que moyennement. Nous continuons tout droit. Direction Katherine. Plus que 100 km. Nous y arrivons sans encombre, en suivant l’un ou l’autre dans la nuit, les enfants ont trouvé un nouveau jeu pour l’arrière du 4X4, après la cabane, il font atelier photo.

Mercure de Katherine, pizza delivery goût américain. 1200 km aujourd’hui, sur la route nationale, à travers l’Australie. Record de kilomètres automobiles en une journée de tdm battu. Sans même s’en rendre compte.

La phrase du jour  : « Les enfants on passe le tropique du Capricorne ! » « On va voir des animaux ? » Félix.

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