Lundi 26 avril 2004 : Katherine, gorge une étoile.
GMTFr : +7H30 14° sud 132° est météo : beau et sec
La difficulté c’est de rester juste, surtout après un petit-déjeuner supercholestérolé recommandé par l’inénarrable Lonely-Planet, auquel il ne faut jamais faire confiance pour la bouffe. Ne pas leur faire confiance pour la bouffe, à des Anglo-saxons, c’est normal, mais très imprécis et incomplet comme guide de l’Australie, c’est plus étonnant pour une collection Australienne.
Une étoile, c’est un peu sévère pour les Katherine Gorge, mais deux étoiles ça ne serait pas mérité par rapport à d’autres sites, quant à trois étoiles, ce n’est pas envisagé une seule seconde. Alors, pour les cas de conscience, il faut revenir à la norme. Une étoile, attraction locale, deux étoiles, attraction nationale, vaut le déplacement, trois étoiles, attraction internationale, vaut le voyage. A l’échelle de l’Australie, deux étoiles, c’est presque une attraction internationale, car l’Australie n’est pas un pays, c’est un continent. Pour les gorges, une étoile, il n’y a pas de doute. Site très touristique et très exploité, assez beau mais pas continentalement remarquable, pilote du bateau qui n’arrête pas de parler pendant deux heures (on se croirait à Sea World, Californie), deux étoiles, ce serait rétrograder le niveau général du pays, immense, sauvage, plein de ressources et de surprises. Une seule étoile pour la gorge de Katherine, ses falaises rouges, son crocodile d’un mètre.
Sur les conseils de Français croisés sur la route, nous passons notre deuxième nuit à Katherine, au Maud Creek Country Lodge. Ils y ont vu un python qui pendait d’un arbre, mais la propriétaire les a rassurés, « il a plus peur que vous ». Pour les araignées grosses comme des assiettes, « il suffit de taper sur le mur, elles détalent à la moindre vibration ». Choupie, qui a le goût du risque, nous fait coucher là, encerclés par des palmiers plantés en rang serré à un mètre tout autour de notre case tropicale . Coucher, parce que, pour ce qui est de dormir, nous attendrons le prochain hôtel.
La phrase du jour : « Garance on l’aura entendue des milliers de fois, surtout quand elle est petite ! » Julia.
LE PARADOXE AUSTRALIE
Elle est là où on ne l’attend pas. Dans la voiture, au détour d’un écart de quelques centaines de kilomètres de piste, dans un bled perdu au milieu de rien.
Une terre d’aborigènes qu’on voit parfois, qu’on ne rencontre jamais.
Une mythologie du bush et de l’aventure, pour un monde de blancs qui habitent presque tous de grandes villes et font volontiers un détour de 600 km de route plutôt que 100 de piste directe.
Du culturel aborigène balbutiant, du culturel blanc presque inexistant.
Un nombre de sites incalculable, séparés par des distance éprouvantes.
De vrais WASP, mais vraiment cool qui ne se prennent pas au sérieux.
Une immensité pleine de vide mais quand on y est, on est dedans, on est absorbé. |
Mardi 27 avril 2004 : les termitières et Gunlom.
GMTFr : +7H30 13° sud 133° est météo : beau et tropical
Nous avalons encore pas mal de macadam pour rejoindre le Kakadu Park, notre Graal. Nous ne savons pas très bien ce qu’il faut y faire, mais il paraît que c’est génial. Ca fait partie des mythes de la route. Quand on part traverser le Sahara, personne ne connaît le Marabout près d’Insalah, mais arrivé devant, tout le monde sait qu’il faut faire trois ou sept fois le tour, avant de continuer sa route. Tout le monde le fait, dans le désert on ne plaisante pas, personne n’oublierait. Nous n’oublions pas le Kakadu Park, trop contents d’avoir un arrêt devant nous au milieu de l’immensité.
Notre route est la grande nationale sud-nord qui coupe tout le continent en deux. Elle est goudronnée, une voie pour monter, une voie pour descendre, deux voies pour soi presque tout le temps quand on y roule seul pendant des kilomètres. Les deux attractions majeures du jour sont les road trains et les termitières. Les trains de la route font 100 à 150 tonnes avec leurs 3 ou 4 remorques. 6 roues à chaque coin de la remorque, 24 roues par remorque, moins 6 roues sur la remorque accrochée au camion, plus les 10 roues du camion, ça nous fait dans les 100 roues pile. Une tonne à une tonne et demi par roue. Ce qu’il faut voir, c’est un road train qui double un autre road train, en se mettant dans l’axe au milieu des deux monstres, derrière. Mais pas trop près, car si on est écrasé, aucun des deux ne s’en apercevrait… Les termites sont plus pacifiques, moins bruyantes, mais tout aussi spectaculaires. Elles ont construit des termitières partout, de vrais grands ensembles, des centaines de bâtiments avec des tours de plusieurs milliers (dizaines de milliers) d’habitants et de trois mètres de haut. Pas si pacifiques au fond, les termites. Nous en verrons de beaucoup plus grandes plus loin paraît-il.
L’entrée du parc de Kakadu rappelle celle de Banff, au Canada. Le briefing de la ranger ne concerne pas les ours, mais les crocodiles. « Ce sont des animaux sauvages, on ne peut jamais savoir où ils sont, ils peuvent être partout, à n’importe quel moment. On se promène et on se baigne à ses propres risques dans le parc. Mais les accidents sont rares, une touriste allemande s’est fait croquer l’année dernière, mais la nuit, dans un trou à croco, là où il na faut pas tremper son petit doigt dans l’eau, même de jour ». (Bien fait pour elle alors ?). La ranger, elle, se baigne, mais elle assume. Quelques conseils sur les spots à visiter et « bon séjour à Kakadu ».
Un kilomètre plus loin, nous prenons à droite pour le spot de cascades et bilaboong de Gunlom . Nous ne savons pas ce que veut dire bilaboong, à part pour les surfers, mais ça doit être bien. Pic-nique par 35°C à l’ombre et 95% d’humidité, avant d’entamer une montée très raide. C’est dur, surtout avec Garance sur les épaules. Mais en haut, quelle récompense ! Cascade qui tombe de piscines naturelles en cascades, puis en piscines naturelles encore, avant de chuter sur près de 100 mètres vers l’étang en bas, tout petit. L’eau est belle, l’endroit fréquenté, mais nous sommes seuls en arrivant et ils semble impossible à atteindre par les crocos. Toute la famille dans l’eau tiède. Les conseils de prudence de la ranger sont suivis à la lettre. « Ousurment », (Félix) des touristes arrivent et se baignent aussi, puisqu’ils nous voient et que nous connaissons parfaitement le coin, ils sont en confiance… et comme ils (surtout elles, bien grasses et blanches) sont plus appétissants que nous, tout le monde est parfaitement rassuré. L’endroit est de toute beauté, avec piscine débordante sur le bush et les rochers rouges en contrebas, au loin. Un grand moment, qui nous change du sable, de la poussière et de la sécheresse du désert. Nous profitons de la fraîcheur et du moment.
La descente est sans risque. A Jabiru, la « ville » du parc, nous échappons à l’Algeco aménagé du Aurora, pour finir au Crocodile Hôtel, luxe, en forme de crocodile, on entre par la bouche… on dort dans le ventre… logique. Dans le hall, un énorme crocodile empaillé est sur le point d’attraper un barramundi, le poisson roi de pêche sportive locale, derrière le desk, un cuir naturel de croco de plusieurs mètres est exposé dans un cadre. Avant d’être mangés, mangeons. Le dîner est bon.
La phrase du jour : « Les termites, les termitières, les fourmis, les fourmilières… » les parents. « Le ciment, le cimetière. » Julia.
LES
PHOTOS / LE CROCODILE /
PHRASES DU JOUR AUSTRALIE