Mercredi 28 avril 2004 : Nourlangee et la Yellow river.
GMTFr : +7H30 13° sud 133° est météo : très chaud
Commençons par le culturel. Peintures rupestres à Nourlangee. Très beau site avec abris naturels de rochers en surplomb et grandes ouvertures. L’absence de tout prédateur carnivore en Australie, en dehors du crocodile qui ne s’éloigne pas de l’eau, permet un habitat assez ouvert. Si nous étions des Gagudjus, les aborigènes locaux, nous établirions volontiers notre camp ici et, pendant les heures creuses, nous pourrions faire un peu de peinture. La grotte californienne en quelque sorte. La taille du pays et son côté désertique inondable ont éparpillé la population et restreint sa densité au minimum. Pas de mauvais exemple ni de stress carnivore, place pour tout le petit monde, les aborigènes sont très pacifiques, presque contemplatifs. Un bon coin vraiment ces grottes, pour s’installer en famille, tout confort.
Pendant les heures les plus chaudes, nous nous réfugions au centre d’information qui fait aussi centre culturel et présentation de la culture aborigène. Bien. Et climatisé.
La Yellow River , c’est l’attraction majeure de Kakadu, au lever ou au coucher du soleil. Au lever, c’est arrivée sur le site à 6h15 du matin après 30 mn de voiture depuis Jabiru. Donc, pour nous, c’est au coucher du soleil. C’est ça la famille… Malheureusement, il y a des Français sur le bateau, il faudra faire avec. La Yellow River, comme son nom ne l’indique pas, c’est la traversée d’un marais temporaire, fabriqué par la saison des pluies, asséché par la saison sèche, il est marron. Mais ici, les Tree Snakes (serpents d’arbre) nageurs ont remplacé les couleuvres et les crocodiles ont remplacé les carpes. C’est L’Australie. Le croco mâle majeur surveille son territoire de chasse, depuis son trou stratégique, à la jonction de deux bras de rivière. Le début est un peu décevant, grosse chaleur, lumière encore trop haute qui écrase tout, un marais quoi... Mais les crocos et les aigles de mer à tête blanche animent le circuit. L’arrivée au milieu des arbres inondés est somptueuse : marée de nénuphars, crocodile de 5 mètres qui cruise dans les parages, arbres géants qui se reflètent sur l’eau miroir sans ride, soleil bas, couleurs chaudes, ombres horizontales, pas un bruit, oiseaux à tous les étages, ambiance garantie. On y est. Le bateau glisse doucement entre les arbres, au milieu des nénuphars. On se prendrait pour Crocodile Dundee. On est chez Crocodile Dundee, c’est là qu’ils sont venus tourner le film. Le soleil rouge se couche derrière un nuage, les canards, les oies et les aigrettes blanches regagnent leurs nids. Très beau moment. A l’opposé du désertique Uluru.
Voir les crocos dans le marais, aussi nombreux et antipathiques, ça donne du volume au pays, un côté réalité du danger qui rend sa taille et son côté indomptés par l’homme plus tangibles. Les crocos pèsent sur le pays, ils le façonnent et agissent sur la façon dont on perçoit cette terre Australe. Les crocos sont les lions de l’Australie. Voir les crocos, ça change la façon de voir l’Australie.
La phrase du jour : « Tiens, un feu… » Julia.
Jeudi 29 avril 2004 : la East Alligator river et Ubbir .
GMTFr : +7H30 13° sud 133° est météo : chaud accablant
Matinée climatisée au Crocodile Hotel. Le Scenic Fligth est abandonné, pas de place aujourd’hui, seulement trois places dans l’hélico, une heure de Cessna depuis Jabiru pour survoler les chutes Jim Jim et Twin 5 minutes seulement. Nous sortons pour la croisière aborigène de 13h00.
L’ambiance aborigène c’est autre chose. Méga cool, pieds nus, deux jeunes, une fille un garçon, emmènent les touristes en petit bateau sur un bout de rivière. Pas de crocodiles visibles, beaucoup de pêcheurs de barramundis, explications plantes, arbres, graines, préparations culinaires, arrêt sur la rive pour quelques démonstrations de lancer de javelot chasseur avec levier manuel très simple et efficace. On y va pour l’ambiance autant que pour le paysage.
Ubbir est un grand site. Les peintures rupestres sont très nombreuses, certaines très belles, elles racontent l’histoire de Kakadu et de ses légendes. Les surplombs rocheux encore plus spectaculaires qu’à Nourlangie, sont passés du classicisme de Mies Van der Roh là-bas, au post-moderne de Rogers ici. Grande architecture. Le point de vue 360°, en haut des rochers, domine tout le marais avec lookout spectaculaire, au dessus du vide, sur les coteaux aux rochers rouges. Un vrai site sacré, le Mont des Oliviers local. Il fait une chaleur terrible, tout le monde transpire dans la moiteur infernale tropicale, mais même les enfants sont impressionnés par le site et la vue. Nous aurions du venir au coucher du soleil, on nous l’avait dit , mais nous n’avons pas écouté ce bon conseil. Il faut toujours faire confiance au local.
Sea food au dîner. Kakadu c’est vraiment bien.
La phrase du jour : « Tellement il faut chaud, tellement il fait chaud, j’ai les cheveux qui transpirent. » Félix.
A FAIRE A KAKADU
Monter en haut de Gunlom et se baigner dans les cuvettes. (**)
Croisière aborigène sur la East Alligator River. (*)
Ubirr au coucher du soleil, une heure avant (ne pas hésiter à rentrer à l’hôtel après la croisière aborigène pour revenir plus tard). (***)
Croisière sur la Yellow River au coucher du soleil et au lever du soleil. (***)
Aller voir Jim Jim et Twin falls en 4X4 et/ou en hélicoptère depuis Cooinda (trop loin depuis Jabiru et avion moins intéressant). (**/*** pas fait).
Aller voir les oies au birdwatching en saison uniquement, hors saison on peut ne pas y aller du tout.
Visiter les deux information center. |
Vendredi 30 avril 2004 : Jumping Crocodiles.
GMTFr : +7H30 12° sud 131° est météo : chaud et humid
Nous nous arrachons du Crocodile Hotel, Toulouse a gagné sa demi-finale de coupe d’Europe contre Biarritz, les enfants ont pu voir la fin de Dora l’exploratrice, pour aller, à quelques tours de roues, à l’Information Center 2. C’est le moment culturel. Car, de la culture aborigène, on en parle beaucoup, mais on en voit peu, surtout depuis les hôtels de luxe et la route goudronnée. Pas mal, mais nous avons préféré l’autre centre du parc. Les enfants apprécient la salle vidéo et le film sur l’éternel retour des saisons. Le crocodile qui bondit de nulle part sur un kangourou les impressionne un peu quand même.
L’attraction du jour, c’est les Jumping Crocodiles sur l’Adelaïde River. Il paraît qu’ils sautent hors de l’eau. Pour une fois, nous sommes en avance, festival de glaces pour les enfants au bar. Le plus difficile, c’est pour Garance, qui pousse avec la langue la glace qui lui coule sur les doigts. Elle a choisi un Magnum, bien entendu, c’est adapté à sa taille. Le bateau est grand, à double pont, on peut regarder d’en haut à l’air libre, ou d’en bas, au niveau de l’eau climatisé derrière le plexi, ça change le point de vue sur les crocos, les deux sont intéressants. Pour trouver un crocodile, pas de problème, il y en a partout. Pour les faire sauter, la technique est simple : on laisse pendre, au bout d’une perche, une ficelle avec accroché au bout un morceau de porc. On frappe l’eau avec le morceau de porc et le croco arrive. On lui agite la viande sous le nez et il se dresse hors de l’eau, à la force de sa queue, pour attraper la viande que le perchman remonte en essayant d’être plus rapide que la bête. L’activité n’est pas des plus pures, mais le spectacle est au rendez-vous. Les crocos sont d’une agilité insoupçonnée, 36 fois plus rapides que nous selon les experts en neurologie, ils arrivent à sortir tout leur corps de l’eau, jusqu’aux pattes arrières, à la force de leur queue. Le plus impressionnant, c’est le craquement des os de côtes de porc congelées désintégrées entre les mâchoires des crocos, l’œil jaune qui voit tout, le gueule qui surgit de l’eau marron sans qu’on ait vu quoi que ce soit arriver et surprend encore le perchiste qui fait ça trois fois par jour depuis des années. Les plus gros mâles dépassent les 6 mètres et pèsent 6 à 700 kg, leur tête est aussi large que le torse d’un homme. Il y a un croco tous les 3 ou 400 mètres. On n’a pas le temps de trop réfléchir ni de s’ennuyer.
Le crocodile est un fait marquant de l’Australie. C’est lui qui donne du corps au côté sauvage et brut du pays. Arrivé du fond des âges, à l’écart des autres continents, des prédateurs concurrents importés et donc des évolutions forcées, il résume l’isolement, la force immuable, l’éternel recommencement aborigènes. Sans lui, l’Australie ne serait pas la même.
Près de 300 km dans la journée, un nouvel appart-hôtel à Darwin, rien que du classique.
La phrase du jour : « C’est pas le moment de tomber à l’eau ». Félix.
LES
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PHRASES DU JOUR AUSTRALIE