Lundi 17 mai 2004 : boue.
GMTFr : +6H00 18° sud 122° est météo : couvert puis beau
Départ pour notre fameux Cap Leveque, un point d’orgue du Kimberley, la pointe nord ouest de l’Australie, là où l’on voit le soleil se lever d’un côté du cap et se coucher de l’autre. Un de nos derniers bouts d’aventure, une de nos dernières pistes de bravoure, réputée difficile. Le centre d’information touristique dit qu’il faut un conducteur expérimenté, mais ne connaît pas l’état de la route après la pluie de cette nuit. Il faut dire qu’en général, les CIT connaissent le 20/80 (20% des références avec lesquels on fait 80% du chiffre d’affaires) et nous sommes plutôt spécialisés dans le reste. Après les courses, nous sommes sur la route à 11h00, 210 km devant nous, dont 200 de piste.
Nous atteignons rapidement la piste, large pour trois, rouge, très humide, collante, argileuse. L’eau de la nuit ne s’infiltre pas, elle ruisselle, la tôle ondulée habituelle a laissé place à une pâte molle dessus, dure dessous, une vraie patinoire à éclaboussures garanties pur jus. Après un début acceptable, torrent de boue, piste de plus en plus molle, nous choisissons un endroit dur pour réfléchir, continuer ou faire demi-tour. Quand nous roulons, crabot en permanence, essuies-glaces à fond presque tout le temps, pied presque au plancher pour rouler à 60 km/heure. La décision est difficile. Cap Leveque n’est certainement pas le plus joli coin du tour, ni d’Australie. Mais c’est un coin du voyage et du continent, une sorte d’Ushuaia de l’étape Australe, nous en parlons depuis longtemps, c’est une sorte de but à atteindre. Nous pouvons continuer et passer, ou rester plantés un peu plus loin, pendant quelques heures au plus. Bonne galère en perspective. Mais surtout, pour aller où, sous une tente sous la pluie, coincés là-bas avec la route du retour impraticable voire coupée ? Personne ne connaît la météo, nous sommes en pleine saison sèche. Chris est pour continuer car il n’y a pas de danger et trois jours de provisions dans la voiture, Choupie et Maud pour rentrer de peur de galérer, les enfants veulent continuer, ils trouvent ça amusant. La vérité sort de la bouche des enfants, mais nous rentrons à Broome, ce qui veut dire à 95% que nous n’irons pas à Cap Leveque. Pas cette fois en tous cas. Personne ne peut nous indiquer la météo parmi les voitures croisées sur la piste, mais tous sont optimistes sur notre possibilité de passage. De retour à Broome, au centre d’information, rien de clair sur la météo inhabituelle et changeante, merci pour l’info, ni sur l’état de la route. Le 4X4 est littéralement couvert de boue séchée, il n’est plus gris, il est rouge, couleur du camouflage en Australie. C’est clair, nous n’avons pas démérité, 80 km de boues rouges non toxiques mais éprouvantes.
Fin de journée tranquille entre lecture, « Jety » de Broom, où les enfants peuvent comparer au moins un dizaine de techniques de pêche différentes, coucher de soleil à Cable Beach, frisbee sur la pelouse face à la mer.
Dans le nouveau bungalow de Coco, on sait qu’on dort bien. Pour Cap Leveque, déjà derrière nous à 95%, la nuit porte conseil.
La phrase du jour : « Les enfants rangez vos sacs à dos ! » « Pourquoi, on change de pays ? » Félix.
DE PASSAGE A BROOME (au cas où…)
Aller en 4X4 au bout de la plage de Cable Beach (attention au sable mou).
Aller voir un coucher de soleil depuis la pelouse de Cable Beach.
Faire un tour à la Jety voir les pêcheurs et tenter d’attraper quelque chose.
Aller au cinéma de plein air.
Manger au Sri Curry Shop à côté du fish and chips de Chinatown.
Aller absolument jusqu’à Cap Leveque. |
Mardi 18 mai 2004 : 5%.
GMTFr : +6H00 16° sud 122° est météo : beau, nuages, vent
Nous faisons partie des 5%. Et c’est bon. Départ pour Cap Leveque, mieux préparés psychologiquement que la veille. La route a grandement séché, elle n’est plus à raconter. A part quelque flaques de boue orangée que nous attaquons joyeusement de front essuie-glaces à fond et quelques traversées de chenilles urticantes processionnaires, pour ravir les enfants et assurer les arrêts pipi. Formalité d’à peine trois heures porte à porte, grande récompense au bout du chemin d’Australie.
Le Cap Leveque, pointe nord ouest du continent, est superbe. Confluence des pays d’Orient, de l’Océan Indien et d’Australie, sable jaune, blanc corail et brique, purs ou beaux mélanges des îles. Un air de bush qui se finit en oasis près de la mer. Tentes, plage, 4X4 sur la plage jusqu’à Hunter Creek pour les hommes, lumière divine, pêche sur la plage ouest au coucher du soleil. Cap Leveque ne se raconte pas, on y vient, on le respire, on le vit, tranquille.
La phrase du jour : « Il n’y en a qu’un d’aller au port. » (aéroport). Félix.
Mercredi 19 mai 2004 : Cap Leveque le beau.
GMTFr : +6H00 16° sud 122° est météo : vent, couvert puis beau
Nuit de grand vent, les tentes claquent et soulèvent leurs jupes, certains ne dorment pas beaucoup. Julia aura appris à lire et écrire entre Ucluet, Nord de l’île de Vancouver au Canada et la péninsule de Dampierre, extrême nord ouest de l’Australie. Nouveau tour par la plage, le chemin des aventuriers, jusqu’à Hunter Creek. Magnifique. Tout est beau. Le paysage, les couleurs, les sables, les traces du 4X4 au bord de l’eau, la piste qui disparaît sous la pellicule de sable poussée par la brise, le bout d’aventure.
Plage à la « plage baignade », pêche bredouille mais joyeuse à Hunter Creek, coucher de soleil sur la plage « ouest ». Un gros programme pour ce coin tranquille. Car ici, comme dans beaucoup d’autres endroits, moins on en fait, plus on en profite. Le vrai programme, profiter du lieu et du temps qui passe.
La phrase du jour : « Moi tous les animaux que je connais c’est : la vache, le veau, le cochon, le fou, le fou masqué, le fou à pied rouges… » Julia.
Jeudi 20 mai 2004 : piste sèche.
GMTFr : +6H00 18° sud 122° est météo : beau
Au revoir Cap Leveque, un coin qui plait aux Français depuis qu’un pirate national en avait fait sa base de rayonnement pour terroriser cette partie des mers lointaines. Petit rythme de retour avec arrêt à la communauté (on ne dit pas village pour les aborigènes) de Lombadina, très bien tenue car c’est une dry community (sans alcool), son église en palétuvier, sa décoration simple, ses moustiques, sa pelouse verte à l’anglaise, ses aborigènes qui boivent un coca à l’ombre, sa plage de sable blanc qui fait mal aux yeux. Un peu plus loin c’est Beagle Bay, l’entrée de la community est toujours à 5 dollars, mais par adulte, plus par voiture, son église au sol incrusté de bandes de nacres d’huîtres perlières, comme dans les avions pour trouver la sortie… son autel, incrusté de nacres et de grosses porcelaines, sorte de bout étincelant de la façade du facteur Cheval. Lieu paisible, belle église blanche à finitions extérieures rouges qui se dégagent sur le ciel bleu.
Nous retrouvons notre bungalow de Broome, allons karsheriser la voiture et acheter le must du Kimberley, une canne à pêche avec moulinet. Bel instrument, plein de leurres (en anglais, c’est le mot français, mais il est impossible à prononcer), autant d’espoirs. Chris se fait déposer sur la Jety. Il ne pêche rien, mais pendant une heure, au milieu des Australiens, soleil couchant, il est Australien lui aussi. Un petit dauphin passe plusieurs fois tranquillement en eau calme, les enfants de retour sur la jety en profitent aussi.
La phrase du jour : « Jésus ressuscité, ça veut dire que Dieu a sauvé son fils, comme il peut tout faire, il l’a fait revivre… ». « N’importe quoi, la magie ça n’existe pas ! » Julia.
LE KIMBERLEY
Faire l’effort de venir jusque dans le Kimberley et traverser par la Gibb River Road, c’est un tout, surtout ne pas passer par la highway. Pour nous, ce fut El Questro, Cap Leveque, voire même Broome. Ca dépend de l’heure, de la lumière, de l’heur. Ca peut être ailleurs pour vous. |