Journal de bord
AUSTRALIE
L'Outback (le hors arrière ou le très reculé)
Avril 2004

Uluru le dieuSamedi 17 avril 2004 : fantastique Uluru.
GMTFr : +7H30 25° sud 131° est météo : désertique tempérée
Uluru est indéniablement un des plus beaux endroits que nous ayons vus depuis le début du voyage. Tour d’Uluru, soleil déjà bien levé, vers 8h00 du matin. Rien à voir avec hier soir. Nous faisons le tour dans l’autre sens, celui des aiguilles d’une montre. Avec sa forme presque ovale, il y a toujours un bon côté pour la lumière. Nous découvrons énormément de nouvelles choses que nous n’avions pas remarquées hier : des cicatrices profondes et refermées dans la roche, des cuvettes en cascades, qui se succèdent depuis le haut du rocher, remplies d’eau quand il pleut les 30 cm annuels, qui se rejoignent avec un gros trait noir laissé par l’eau qui s’écoule, une fente qui laisse apparaître le jour sur des dizaines de mètres comme si l’écorce du rocher avait craqué. La lumière a la pureté des endroits secs. Julia et Félix prennent beaucoup de photos numériques. Ils commencent aussi à avoir des vues sur la vidéo et à l’argentique.

Direction Kata Djuta, les 36 têtes arrondies qui dépassent du désert, à quelques kilomètres de là. Après un arrêt lookout sur le chemin, avec attaque de petites mouches noires par centaines, nous marchons dans une immense gorge au milieu des Australiens et des Japonais. C’est fou le nombre de Japonais qu’il peut y avoir ici. Ils se multiplient ou quoi ? Cependant, ils ont un grand avantage, à part leur guide qui hurle parfois, ils ne font pas de bruit, mais avec leur nombre, leur physique et leur accoutrement, difficile de dire qu’ils sont discrets… Les Olgas gorges sont à la dimension de l’Australie, gigantesques. Les gens ressemblent à des petits soldats minuscules posés à côté d’un décor démesuré. Il fait bon, à l’ombre des deux parois verticales, un petit courant d’air rafraîchit le touriste à embonpoint. Cela ne motive que plus les mouches collantes, trente ou quarante sur le bras, le double sur la sac à dos, un vol d’éclaireuses en permanence autour du visage qui tentent de se poser sur la bouche. Attention quand on avale une mouche, impossible de la recracher, Chris en a fait l’expérience. Julia, habillée en rose, est épargnée. Demain filet anti-mouches sur la tête, comme dans les films et tous en rose. Le coin n’est pas sauvage, mais tellement gigantesque qu’il reste tranquille, c’est ce qui fait le charme de l’Australie qui nous plaît tant. Que du vrai, pas de chichi, ni de marketing trop affûté, l’immense à l’état presque brut. Un peu plus loin, nous passons devant le départ du sentier de la Valley of the Winds, mais, quatre heures de marche, c’est hors de notre porté et de notre volonté de marcheurs peu convaincus.

Quand on commence tôt, la journée est plus longue. Nous sommes de retour vers midi, la journée déjà bien remplie. Après-midi piscine pour Choupie et les enfants pendant que Maud et Chris repartent à Uluru pour la fin du jour et le coucher du soleil. Petite promenade le long du rocher, dans une ambiance très aborigène et douce, rouge-orangé de la roche, vert tendre des arbres, ombres, lumières, sentier de découverte. Les mouches ne nous lâchent pas, mais nous sommes équipés de nos filets autour du visage et cela fait longtemps que nous savons que le paradis n’existe presque pas sur terre. On oublie les mouches, qui sont chez elles, en profitant du spectacle.

Coucher de soleil depuis le parking à voitures. Même ambiance, sans les petits nuages d’hier qui arrêtaient les rayons de soleil rasants. Le sombre commence par arriver sur la plaine alors que le monolithe, plus haut, est toujours éclairé. Orange vif, rouge rouille, rouge sombre, violet, gris. Le soleil est couché. Il est l’heure de rentrer. Pour les courageux, les lève-tôt, les mystiques, demain à 6h15, lever de soleil sur Uluru. On y vient peut-être une seule fois dans sa vie, nous y serons…

La phrase du jour  : « Vite ! Le troupeau a disparu (les touristes) ! » Félix.

ULURU
Géant dont le dos noueux dépasse de terre.
Coque de navire viking renversée.
Météorite géant tombé du ciel au milieu du bush.
Statue de dieu Grec sortant de terre.
Œuvre d’art conceptuelle moderne.
Olympe aborigène.
Symbole mérité de l’Australie.

Lever sur UluruDimanche 18 avril 2004 : Uluru, nous reviendrons.
GMTFr : +7H30 29° sud 135° est météo : désertique tempérée
On ne regrette jamais de se lever tôt. 6h30 à l’entrée du parc, c’est même déjà un peu tard, mais il faut aussi profiter du calme du matin pour écrire le jdb. Chris est parti tout seul. Le ciel est noir avec un minuscule croissant de lune, le dos en bas comme dans l’hémisphère sud, le reste du disque qui apparaît en transparence. Le long de l’horizon une bande orange et jaune, c’est le jour qui se lève. La masse d’Uluru se découpe en noire dans cette lumière années 70’. Sa forme parfaitement définie apparaît plus distinctement que de jour. C’est absolument magnifique, on en oublie la foule qui est venue pour l’événement quotidien. Car si le coucher de soleil attire touristes et locaux, le lever du Roi est le must absolu que personne ne rate, sauf nous, francs tireurs pas prévenus. Les images, loin de pouvoir restituer cette ambiance magique, ne servent pas à représenter mais seulement à avoir une porte ouverte pour le retrouver le chemin du moment et du rêve. Uluru, c’est une force magique et douce, un dieu facile d’accès et bienveillant. Un dernier tour et puis il est temps de quitter le lieu,. Mais un dieu approché ne vous quitte plus jamais.

Après cette entrée en matière matinale, il nous reste 750 km de nationale à faire. Les Australiens du coin nous trouvent courageux, ils ne sont pas en train de faire le tdm et n’ont pas fait 4500 km de carretera austral et de Nacional 40. Mais, même pour nous, ça fait quand même beaucoup. La route est droite, sans intérêt majeur, agrémentée de quelques happenings distrayants. Un dromadaire sauvage qui se repose. Un dingo, chien jaune sauvage à poil ras et grandes oreilles. Des aigles énormes, un bon mètre de haut dressés sur leurs pattes, en train de manger les kangourous écrasés du bord de route. Quatre émeus avec l’air toujours aussi bête et peu sympathique qui nous montrent leurs culs. Pour finir l’étape avant-déjeuner, disque des musiques de Disney. Ca met tout le monde en joie et 500 km avalés. La highway n’est pas la Carretera Austral ni la Nacional 40, mais il y a une jouissance à rouler dans cette immensité avec l’impression de ne pas être surveillé. Sans respecter les limitations de vitesse mais celles de prudence. Un goût de liberté retrouvée, jamais perdue ici. Le snack infâme nous dégoûte et nous repartons avec quelques provisions pour un pic-nique dans la voiture, nous mangeons et les kilomètres défilent, double gain. Le bleu (fromage) de la station pourrie est plus que piquant, le raisin immangeable, les brugnons finissent par la fenêtre… Mais les kilomètres sont avalés et, au deuxième tour de Disney, nous apercevons nos premiers tas de scories de mines. Les suburbs de Coober Pedy.

Des trous de plus en plus nombreux, des tas de sable de plus en plus hauts, nous approchons de la capitale mondiale de l’opale. Impossible de vivre ici, rien ne pousse, rien ne grandit, rien n’engraisse. La seule solution, creuser pour faire fortune, s’enterrer pour ne pas griller, par 50°C et plus à l’ombre, pendant la saison chaude. Incroyable ambiance avant même d’arriver en ville. Nous avons vu quelques bouts du monde, ici c’est le trou du monde. Tout semble devoir y finir, les machines, les voitures, les hommes, les chiens. Installation dans nos chambres troglodytes, pas de fenêtre, pas de lumière du jour, des galeries creusées avec une fraise qui a laissé sa trace à même roche dure, notre hôtel est une ancienne mine d’opales reconvertie. On n’y passerait pas sa vie, mais ça nous fera un souvenir de plus de Coober Pedy. Chris part soleil couchant faire des photos de cet endroit fascinant. Grosse ambiance au chinois le dimanche soir, tous les Chinois de la ville s’y sont donné rendez-vous avec des langoustes ! C’est là que Félix et Maud contractent leur gastro ou à la station pourrie de midi ?

La phrase du jour  : « Quand est-ce qu’on creuse ? » Julia.

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