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Vendredi
16 janvier 2004 : le Full Paine.
GMTFr : -4H 45° sud 74° ouest météo : bleu,
nuages, grand vent
Le Full Paine est un concept destructeur. Comme son nom
l’indique, on fait tout dans la journée. Après
il ne reste plus rien à faire… Mais ça vaut la
peine de brûler toutes les cartouches.
Nous commençons tard, mais bien, par une visite à l’hôtel
Grey, sur le lac Grey. Belle vue sur l’énorme glacier
au fond du lac. Mais le plus spectaculaire aujourd’hui, c’est
le vent. Pratiquement impossible de tenir sur la terrasse en bois,
face à la vue, et au vent qui descend directement du glacier.
La croisière du matin en bateau jusqu’au glacier a été annulée.
Julia, Félix et Garance rigolent dans la tempête, tous
les cheveux à l’horizontale, en drapeau.
Nous déjeunons à l’administration du parc. C’est
l’occasion de discuter avec deux Californiens qui parlent Espagnol
( ! ). Ils nous prêtent leur couteau de trekeurs, nous leur
offrons du fromage français arrivé hier, ils nous font
goûter le maté. Tout le monde se régale. C’est
l ‘amitié Franco-Américaine tout en bas de l’Amérique
du sud.
Le Salto Grande, c’est l’endroit où il y a autant
de vent que face au lac Grey. Notre guide suiveur ne nous est pas
d’une utilité folle, voire quelconque. L’endroit
est beau. Les enfants retournent directement au minibus pendant que
les grand entament un marche d’une heure pour aller sous les
Cuernas del Paine et le Paine Grande. Les Cuernas, ce sont deux cornes
pointées vers le ciel, marron à la base, grises au
milieu, noires en haut. Granit, sédiments, lave, pour les
couches, l’ordre importe peu, sauf à Julia plus tard,
le tout érodé pendant quelques dizaines de milliers
ou millions d’années par un gigantesque glacier disparu
depuis. Le temps est magnifique, le vent rajoute un petit goût
d’aventure, le chemin superbe, face au massif avec d’un
côté des petits lacs et de l’autre des dunes écossaises
vertes. Les nuages ont des couleurs et des formes magnifiques et
défilent à toute allure derrière et au dessus
des Cuernas. Le groupe de marcheur s’étire, vitesse
de marche et arrêts photos faisant la différence, mais
tout le monde se rejoint sous les Cuernas qui dominent le lac Péhoé.
Très beau. Très dépaysant pour ceux qui sont
arrivés il y a deux jours à peine. Assez spectaculaire
et beau pour les plus aguerris.
Sur la route, les premiers guanacos des Niçois. Ils tiennent à s’arrêter
pour prendre des photos. On les comprend. Il sont un peu déçus
quand nous leur disons que nous en avons vu une cinquantaine de fois.
Mais pendant quelques kilomètres il y a des guanacos partout.
Au bout d’une demi-heure, il ont vu des guanacos au moins vingt
ou trente fois. Les derniers dans un champ à côté d’une
estancia, à côté d’un troupeau de moutons… Nous
prenons quand même une photo de Félix et Julia à deux
mètres des guanacos. L’immense plage de la laguna Amarga
est face au Torres del Paine. Les fameuses tours rocheuses qui ont
donné leur nom à tout le parc. La lumière n’est
pas bonne mais on peut faire de bonnes photos. Les enfants trouvent
des pierres blanches à incrustations noires, de petites plaques
de sel friables, qui vont forcément exploser dans la voiture
, et du cambouis. Mais comment font-ils ? Un peu plus loin, c’est
les chutes Paine. Très impressionnant. L’eau vive nous
change de l’eau glacée. Le mouvement du statique.
Retour à l’hosteria où nous attend notre passigin,
le petit bac pour traverser la rivière. Le même repas
qu’hier. Difficile de changer le cuisiner en pleine saison.
Et la même bonne nuit, avant un réveil à 6H45
demain matin, pour aller, si le vent le permet, en bateau sur le
lac Grey.
La phrase du
jour : "Guanaco.
Guanaco ? Guanaco…. Guanaco !" Garance.
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Samedi
17 janvier 2004 : le Lago Grey.
GMTFr : -4H 45° sud 74° ouest météo : nuages,
grand vent
Réveil à sept heures moins le quart. Pour l’Europe.
Ici ça fait du six heures quarante cinq. Nuance. Et Choupie
est sensible à ce genre de nuances… Très sensible.
Le chef d’excursion est au top, c’est à dire
absent. Nous réveillons les enfants pour un petit déj
rapide avant de partir pour le Lago Grey et son tour en bateau
au dessous du glacier du même nom. C’est la deuxième
attraction majeure du parc pour les non-marcheurs, c’est à dire
pour nous… Tout le monde est sur le pied de guerre et le
vent qui souffle ce matin ne dit rien qui vaille. Les bateaux d’hier
et d’avant hier, matin et après-midi ont été annulés.
Et d’ailleurs, Macarena vient d’avoir les gens du bateau,
le tour de ce matin est annulé. Il fait gris. Les autres
possibilités sont, marcher, mais entre les enfants qui ne
peuvent pas, certains qui ont mal aux pieds ou aux genoux et les
parents qui ne veulent pas à cause des enfants qui ne peuvent
pas… cette éventualité est rejetée rapidement à l’unanimité du
groupe. On peut aussi faire du cheval. Mais alors, comme personne
ne fait de cheval dans le groupe, pas trop loin. Et pas trop longtemps
non plus… Pendant ce temps, notre « transfert » jusqu’à l’hôtel
Grey, face au glacier et au lac Grey, nous attend de l’autre
côté de la rivière. Nous décidons d’aller
déjeuner à cet hôtel qui a une vue splendide,
face au glacier et au vent.
Les enfants jouent à attraper les merles et les moineaux à cols
rouges en attendant leurs pâtes. Ils en ont de la chance
de manger des pâtes. Car ici, le ramage est loin de valoir
le plumage. Mais la vue est belle et on n’entend pas le vent
dehors. Pas de bateau cet après-midi. Annulé. Trop
de vent. De toutes façons il n’y avait plus de places.
Nous partons marcher. Mais pas trop loin. Et en se faisant trimbaler
jusqu’au spot par notre transfert. L’idée est
de traverser la langue de galets qui sépare le lac en deux.
Un petit pont suspendu qui bouge dans le vent au dessus d’un
torrent et c’est tout de suite l’aventure. Un peu plus
loin il faut escalader une butte d’au moins sept ou huit
mètres en s’aidant d’une corde (il y a des marches
creusées dans la terre aussi). Et nous voilà en pleine
Patagonie. Les Américains filment tout et appellent CNN
de leur téléphone cellulaire satellite. Les enfants
et Choupie restent sur la plage, à l’abri du vent
pour faire un château, Julia, et le défendre en chevalier,
Félix. Garance hésite à attaquer la forteresse
ou à séduire un chevalier errant de passage dans
les parages. Les courageux traversent la langue de galets exposée
plein vent, puis crapahutent jusqu’au bout de la petite presqu’île
qui domine les quelques très beaux icebergs détachés
du glacier. Le retour est encore plus périlleux avec la
descente de la butte en rappel et le passage du pont fragilisé par
les nombreux passages de cet après-midi. Compte tenu du
nombre de touristes croisés, il faut croire que personne,
parmi tous les gens qui sont en ce moment sur le parc, n’aime
marcher… Nous sommes tous là. Mais quelle aventure
!
Retour en transfert, dîner sans intérêt culinaire
majeur ; de quoi nous pousser hors du parc dès demain. Il
y a un vent d’enfer, la météo de l’armée,
ici on peut compter sur elle, pronostique le même vent demain.
Nous annulons les résa pour le bateau du lac Grey et confirmons
le minibus pour Punta Arenas demain matin.
La phrase du
jour : "Mange
bien s’il te plait Félix !" ; "Mais c’est
un bateau !" Félix ; "non,
c’est un bout de pain avec du beurre" Choupie.
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Dimanche
18 janvier 2004 : Torres del Paine à Punta Arenas.
GMTFr : -4H 45° sud 74° ouest météo : nuages
Petite journée de route tranquille. Nous partons à onze heures
moins le quart au lieu de neuf heures et demi mais tout va bien. Gilbert prépare
ses récriminations à l’agence au retour. Laissé à Rio
Gallegos, à seulement 350 km de Puerto Natales. Mais sans transfert.
Pas de possibilité de louer de voiture pour les problèmes de
permis internationaux connus… pas de taxi, pas de bus. Une vraie galère
de piste et de frontière. Tous les hôtels indiqués complets
jusqu’au dernier moment et arrivés ici, de la place qui se libère
tous les jours…
Le Torres del Paine nous laisse un petit goût d’inachevé.
Nous aurions pu en profiter un peu plus et un peu mieux. Mais, une hosteria
plus sympathique que nous ne le pensions, aucune vie à laquelle participer
en dehors des quelques hôtels du parc, un guide nul, un manque de motivation
pour la marche, un vent violent. Il a manqué peu de choses pour que
cela ressemble à Atacama. Un Marcelo, une Rosana. Nos amis du désert
du nord. Tiens, Marcelo a appelé pour nous souhaiter une bonne année.
La route pendant une heure traverse le parc. Un nouveau presque full Paine,
sans les arrêts visites, mais avec la vue et les guanacos. Jose, notre
chauffeur, est très sympa. Il est né à Puerto Natales,
il connaît bien la région, la piste. Il en connaît même
le moindre kilomètre et le moindre arrêt pipi. Nous voyons beaucoup
d’autruches. Pas très beau comme animal, avec l’air bête
en plus, mais exotique à fond. Ensuite, moins de cailloux grâce
au sel déversé sur la piste, le secret qui nous a permis de rouler
comme sur un tapis volant en Nissan. La route pas mal et Cerro Castillo, là où il
y a une semaine environ nous avons passé la frontière, pneu crevé.
La poussière du bus et nous déjeunons à Puerto Natales.
Au Maritimo. Notre restau fétiche dans notre ville fétiche. Centolla
(araignée), congrio et ostiones al pil-pil (coquilles St Jacques à l’ail).
Les new comers trouvent ça très bon. Nous aussi. Ensuite, la
Patagonie des livres et des mythes, jusqu’à Punta Arenas. Plate,
dénudée, ventée, avec des lacs, quelques arbres rabougris,
un ciel superbe et d’immenses estancias à moutons ou à vaches.
Punta Arenas ne nous séduit pas au premier coup d’œil. Ni
au deuxième. Mais c’est d’ici que nous voyons la terre de
feu pour la première fois ainsi que le détroit de Magellan et
ses eaux gris foncé. Tous les hôtels recommandables sont pleins.
Mardi (demain) 1800 personnes débarquent de 3 gros bateaux de croisières
(c’est en première page du journal). Nous nous logeons pour aujourd’hui
et demain, nous verrons pour la dernière nuit. C’est bon de commander
une salade room-service et de regarder le foot puis le film du dimanche soir à la
télé avec Stalone. Cobra, un must, pour connaisseurs uniquement,
regardable au deuxième degré uniquement. La mondialisation va
bon train grâce à Murdock, la NBA et le Real Madrid. Plus vite
que la construction de l’Europe… Il ne nous manque que l’équipe
du dimanche soir pour être au top du top.
La phrase
du jour : "On
s’est envolés" Julia et Félix dans
le vent du Torres del Paine.
LES
PHOTOS / POUR GAGNER DU TEMPS /
PHRASES DU JOUR EN RAB