 |
Mardi
04 novembre 2003 : SANTA CRUZ
Bingo !
GMTFr : -7H 0° sud 90° ouest météo : couvert,
chaud
Nous
partons sur le Beagle pour deux semaines cet après midi, avec
un bon de discount de last minute… ça paye les frais
et surtout ça nous fait quinze jours au top. Journée
dédiée aux préparatifs : téléphone,
mails, bagages, argent, billets d’avion, adieux à nos
amis du Red Mangrove que nous reverrons dans une semaine…
Montée à bord, organisation des cabines, briefing par
le Senor Cruz lui-même et dîner dans la montagne pour
rencontrer Georgina, la duena très pro et le couple d’Anglais
avec lesquels nous allons passer la première semaine.
Nous prenons la mer dans la soirée. C’est toujours un
moment particulier un bateau qui prend la mer. Le sentiment de tout
avoir bien préparé, la route en tête et sur la
carte, le bruit du moteur, les vibrations de la coque. Une impression
de quitter quelque chose et de commencer une nouvelle aventure. Une
impression d’être totalement conscient, prêt, et
en même temps d’être envahi par une torpeur générale.
Les lumières de Puerto Aroya disparaissent dans la nuit, le
bruit du moteur diesel et le balancement du bateau.
La phrase du
jour : "Quand
est-ce qu’on part aux Galápagos ?" Félix
(à Puerto Aroya).
 |
Mercredi
05 novembre 2003 : ISABELA, Sierra Negra, Puerto Villamil.
Début de croisière en fanfare.
GMTFr : -7H 0° sud 91° ouest météo : couvert,
bruine, brouillard
Petit
déjeuner à 7H00, déjeuner à 12H00, dîner à 19H00,
gilet de sauvetage pour tout le monde y compris équipage dès
qu’on met le pied sur l’annexe. On ne rigole pas avec
la discipline à bord mais Garance adore son gilet rouge, orange
et jaune. Ouf ! La chasse des toilettes ne fonctionne pas ce matin.
Les joies du bateau.
Notre première expédition de la croisière n’est
pas aquatique mais pédestre, avec l’ascension du Volcan
Sierra Negra, le deuxième plus grand cratère du monde
(5km de diamètre). La météo là haut n’a
pas l’air fameuse mais il paraît que parfois ça
change et qu’on passe au dessus des nuages lors de l’ascension.
Un petit 4X4 avec bancs en bois à l’arrière nous
monte au pied de notre volcan à travers les champs de lave
d’abord et la forêt ensuite. La dernière irruption
d’importance remonte à 1974. Les champs de lave sont
immenses, noirs ou gris avec des cactus géants. Le spectacle
donne une idée de ce que devaient être les Galápagos
quand elles sont sorties de la mer. Plus nous montons, plus les arbres
grandissent, la forêt s’épaissit, le temps est
humide. Notre marche va durer 45 mn dans la boue, mais nous étions
prévenus. Au bout de 35 minutes de montée un peu pénible
et totalement inintéressante dans la bruine et le brouillard,
avec les enfants sur le dos ou dans les bras, le guide nous rassure,
nous avons effectué à peu près à la moitié du
trajet. Fantastique ! Les enfants, pas totalement idiots, sont fatigués.
Il faut les porter pratiquement en permanence ou faire de tels efforts
de psychologie que c’en est encore plus fatigant. La galère
continue un bon moment. Elle aura durée 1H20 pour la montée.
Mais ça valait vraiment la peine. La bruine s’est arrêtée.
Le brouillard est encore plus dense. On voit à 20 mètres
et encore, quand ça se lève un peu. Devant nous tout
est gris, sur nous tout est marron, nous sommes couverts de boue.
Même les parkas sont ruinées grâce à l’action
conjuguée des pieds des enfants quand nous les avons portés,
de leur étalage par terre pour ne pas se mouiller encore plus
le cul, de la déambulation de Garance dessus. Superbe vue
en pente descendante sur 200 m carrés de forêt « introduite » (espèces
qui n’existaient avant leur introduction par l’homme).
Au fond, là où nous voyons rien, il paraît que
c’est plat. Autour, que nous distinguons encore mois, un cratère
de 5 kilomètres de diamètre. Le fascinant spectacle
du brouillard a du mal a nous captiver plus longtemps que le temps
des sandwichs. Le retour, ou plutôt l’évasion,
se passe beaucoup mieux. Ca descend et nous quittons cet endroit
redoutable. Les enfants marchent tout le long des 1H10 de descente.
Aller-retour, depuis le 4X4, avec les faux-frais, cette magnifique
entrée en matière nous aura pris 3 heures. De retour
sur le bateau, trois pompes à eau gisent démontées
dans la timonerie… mauvaise limonade pour les toilettes. Cool
c’est pas notre bateau.
La petite expédition de 14H est retardée. Tout le monde
dort. A 15 heures aussi. A 16 heures, seuls les Anglais sont en état
d’aller se promener. Fabio, tombé à l’eau
au milieu des requins, revient nous chercher pour un tour sur l’îlot
devant le bateau. Fantastique. Manchots, dont certains sont en train
de muer, au milieu des pieds bleus, tortues de mer partout, requins à pointes
blanches dans le petit canal entre les rochers, très gros
iguane de mer au repos avec otaries sur la plage à deux mètres
et d’autres qui jouent dans l’eau au bord de la plage,
trous qui grouillent d’iguanes de mer pendant que d’autres
sont en train de manger les algues disponibles à marée
basse. Comme dans les documentaires sur les Galápagos. 1%
des efforts de ce matin, 100 fois plus de plaisir. Un rapport de
un à dix mille, calcul de commerçant.
La nuit tombe, petit tour dans Puerto Villamil et ses rues de sable
damé. Un bout de bout du monde. Les pêcheurs ont ramené de
l’albacore (thon à ailes jaunes), les petits hôtels
sur la plage ont l’air bien sympa, certains proposent la demi-pension à 10$.
Une Norvégienne, repartie bosser il y a quelques jours, a
passé deux mois ici avec ses enfants. C’est une bonne
idée, à retenir pour la prochaine fois où nous
chercherons un coin vraiment tranquille.
Les toilettes fonctionnent mais nous en attendons une pompe de secours
ce soir vers 20H30. L’équipage et le capitaine n’ont
pas dormi la nuit dernière et ont travaillé sur les
pompes toute la journée. Pas de navigation cette nuit. Le
programme de demain est allégé, nous ne verrons pas
Elisabeth Bay. La pompe arrive avec un quart d’heure de retard,
par DHL local : une barque de pêcheur de 5 ou 6 mètres
avec un 85 chevaux et trois gros jerricans d’essence en plastic
bleu. 50 miles de traversée dans la nuit entre deux îles
du Pacifique. Les deux gars mangent un bout et repartent illico.
Aller-retour, ça représente Nice la Corse. Sacrés
marins.
La phrase du
jour : "Ca
c’est le chemin pour amener à manger aux vaches. Aux
femelles. Parce que les mâles ils sont assez grands pour
se débrouiller tout seuls" Félix (sur
le chemin du volcan).