Journal de bord
Novembre 2003 / Les Iles Galapagos

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-7H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 05 Heures du matin à Quito

Samedi 08 novembre 2003 : FERNANDINA, Punta Espinosa.
La belle.
GMTFr : -7H 0° sud 91° ouest météo : beau, force 2 à 3, mer belle
La pointe est certes épineuse mais surtout très belle. Enchevêtrement de petite pointes de lave qui avancent dans la mer, grandes plages de sable, mangrove, le tout pour agrémenter un des caps au nord de Fernandina. Fernandina est l’île la plus à l’ouest, donc la plus récente et active d’un point de vue volcanique. C’est un volcan entouré d’un champ de lave désert qui descend dans la mer. Un héron nous accueille. Les iguanes de mer profitent de la marée basse pour brouter les algues tout en se réchauffant au soleil. Le top pour ces animaux à sang froid, sauf quand une buse comme celle que nous apercevons au sommet d’un rocher a faim elle aussi et n’a qu’à se demander quel iguane elle va manger. Un de moins, mais il en reste encore pas mal. Attention tu vas marcher sur un iguane ! Traversée des palétuviers au milieu des otaries et de leur progéniture plus ou moins âgée pour arriver au champ de lave. La couche de lave est ici de trois ou quatre mètres. Pour la dernière couche. On peut par exemple descendre entièrement dans certaines failles pour aller récupérer la casquette de Julia. En fait, ces îles ne sont que l’accumulation de couches de laves qui finissent pas émerger de l’eau. Très beau coin. Retour au bord de la mer, où nous nous asseyons devant une petite crique avec tout le confort et plage de sable, pour regarder un couple de cormorans aptères s’entortiller avant clac-clac. Comme à la télé dans les documentaires de National Géographic, mais sans le cadre noir autour. L’amant putatif tente de se joindre à la danse mais il n’est pas franchement bienvenu. Le mari se positionne constamment entre lui et la belle et le chasse, même sous l’eau. Incroyable de voir comment ils nagent, tiens un poisson, l’amant en profite pour prendre des forces au passage. Au cas où. La convaincre, même pour le mari, est tout un boulot. En plus elle semble hésiter un moment. Tentée par l’amant ou par pure perversion ? Franchement, compte tenu du travail et de la récompense, il vaut mieux être un homme. La danse prénuptiale n’est pas forcément aussi esthétique mais la récompense franchement plus savoureuse. Pendant ce temps un iguane nous longe et les lézards avancent à quelques centimètres de nos pieds. Une tortue montre sa tête de temps en temps, les otaries qui dorment au sec dans la faille sous nos pieds n’ouvrent même pas un œil. Un petit mal s’approche de la plage, ce qui n’est pas du goût du pacha qui fait la sieste les pieds dans l’eau. L’intrépide repart comme une torpille et fait une bonne apnée de plus de 100 mètres sans regarder derrière. Non mais ! De l’autre côté de la mangrove, sur un petit ponton en ciment, une femelle nous barre le passage. Une famille avec ses petits joue dans une eau marron. Les enfants imitent le cri des otaries, entre aboiement de chien et ronflement d’humain, ce qui attire les plus jeunes. Tous les enfants se regardent, sous le regard attentif des parents. Il suffirait de quelques jours pour que tout ce petit monde joue vraiment ensemble. Prenant tout le monde de vitesse, Garance tente de caresser la petite femelle qui somnole sur le ponton et qui réagit illico. Il ne faut pas exagérer tout de même. Sympa mais sauvage. Retour à la Panga.
Avant le déjeuner, baignade personnalisée pour la famille Barnoin-Brouchet, dans une piscine naturelle parfois visitée par les tortues et les requins à pointes blanches. Pas de problème nous dit Fabio. Si le naturaliste le dit… L’eau est verte mais transparente, nous apercevons des petits mérous et un beau poisson coffre bleu à points blancs. Ce coin n’est pas référencé dans les guides. Merci beaucoup Fabio.
Départ pour James Bay après le déjeuner. Une grande navigation de 50 miles environ. Nous ne voyons pas de baleines alors qu’elles fréquentent assidûment l’endroit. La côte nord d’Isabela est très belle, volcan Ecuador qui tombe dans la mer, colonie de frégates dans le ciel, rocher Muneco, minuscules et rares plages de sable, un désert de lave sur lequel vient se fracasser la grosse houle du Pacifique. Un petit événement, vers trois heures de l’après midi, le passage de l’équateur dans les sens sud-nord. Le GPS affiche un magnifique 000° 000’ 000’’. Pile l’équateur avec une précision supérieure à 50 mètres. Dans la soirée nous repasserons l’équateur dans l’autre sens. Osvaldo, notre capitaine, raconte sa vie d’enfant embarqué pour des campagnes de quinze jours sur des bateaux de pêche de 9 ou 10 mètres. Il aime la mer mais il en a peur et la respecte beaucoup. Vers six heures le soleil sort des nuages, il se « lève » à l’envers, jusqu’à être une énorme boule orange au dessus de l’eau. Quelques minutes plus tard il se pose sur l’océan puis commence à disparaître. Il se couche « à l’endroit ». Un demi soleil, « on dirait un grand pont chinois » (Félix, souvenir du jardin Japonais de San Francisco ?), un dernier croissant, un petit point orange, fin. Tout le monde applaudit, Garance saute de joie.
La phrase du jour : "C’est quand qu’il se relève le soleil pour qu’on revoit le même spectacle ?" Julia.

Dimanche 09 novembre 2003 : SANTIAGO, Playa Espumilla, Buccaneer’s Cove, Puerto Egas.
Fantastique.
GMTFr : -7H 0° sud 91° ouest météo : beau, force 2, mer belle
Le très beau sable couleur chocolat de Playa Espumilla, tente Choupie, mais c’est une réserve. Et ici, tous les sables sont beaux. Alors pas de sable pour la collection maison. Il faudra revenir de temps en temps dans le coin pour toucher et regarder les sables, noirs, blancs, chocolat, roses, gris, ocres avec tous les tous grains et tous les mélanges possibles. La lagune derrière la plage est à sec, pas de flamands roses, mais une buse qui nous observe, comme celles très nombreuses dans le haut du ciel. Les otaries au bout de la plage viennent observer les enfants tout en attrapant quelques poissons au milieu des plongeons des fous à pieds bleus. Un requin à pointes blanches suit consciencieusement le bord de la plage dans moins de 50 centimètres d’eau. Les crabes fantômes oranges se déplacent dans un ordre militaires, tous ensemble au pas, sauf quelques uns pourchassés par Félix et Garance. Une jeune buse a attrapé un crabe pendant qu’un autre crabe chasse Choupie et Félix du bord de son trou. Tout le monde n’impose pas le même respect ! Choupie se baigne, pas refroidie par la présence du pointes blanches, il est vrai qu’il allait dans l’autre sens… Une tortue tente une sortie difficile vers la terre ferme, mais la marée n’est pas assez haute et la journée commence à peine. Elle reviendra ce soir, nous une autre fois.
Pendant ce temps, l’équipage a pratiqué le sport favori de tous les équipages, la chasse à la chèvre sauvage, avec plus de succès que la fois précédente (une chèvre) et la pêche (deux mérous de deux à trois kilos et un capitaine). Malheureusement, nous mangeons la chèvre à midi. Pour ceux qui connaissent le cabri ou la chèvre, il est facile d’imaginer la chèvre sauvage, même en sauce à la bière… Heureusement des pêcheurs nous échangent quatorze cigales de mer vivantes contre des magazines, des journaux, un poulet et quelques bouts de viande congelée. Le capitaine a même droit à dix kilos de têtes de langoustes géantes pour sa générosité dans le troc. Encore plus fort que super Lina pour la négo Osvaldo ! Voilà qui nous réserve des repas plus heureux.
Buccanner’s Cove mérite largement son nom et sa réputation. C’est le repère de pirates parfait, avec accès à un point d’eau, grottes dans la falaise pour cacher un trésor, montagne pour défendre et surveiller le coin, tortues pour disposer de viande fraîche. Pas vraiment hospitalier ni accueillant, d’ailleurs nous ne jetons pas l’ancre, mais très impressionnant. Les énormes rochers de bâbord permettent d’imaginer toutes sortes de monstres, de figures de pirates ou de sphinx. Un vrai site pour film de pirates hollywoodien. Magnifique endroit avec toutes sortes de roches de toutes sortes de couleurs, en particulier des ocres et des rouges qui mériteraient un coucher de soleil. Pour fêter le spectacle, une petite raie manta fait un looping dans les airs à la sortie de la crique.
James Bay fait partie des grands spots à ne pas manquer. Grande colonie d’otaries de Californie et petite d’otaries à fourrure, les premières que nous voyons. Grottes et ponts de lave noire avec eau limpide à l’intérieur. Plages et criques qui se succèdent, avec chacune sa famille d’otaries et de bébés du jour qui tètent leur maman, huîtriers, pluviers… Nous aurions bien passé plus de temps ici, mais le soleil se couche. Deux petits manchots sont déjà en position nuit sur leur rocher. Magnifique journée couronnée par les cigales à la plancha et les recettes de langoustes échangées entre Chris et Fernando, le cuisinier du bord.
La phrase du jour : "Ma fille pèse neuf pierres. Dix pierres font entre cent quarante et cent quarante cinq livres. Et il faut deux virgule deux livres pour faire un kilo. Mon autre fille pèse sept pierres et demi" Sylviane, Birmingham (TEVJDB).


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