Dimanche 14 mars 2004 : Auckland Maori et Kiwi.
GMTFr : +12H 37° sud 175° est météo : couvert
Comme nous ne fréquentons pas l’église Anglicane cela nous laisse du temps le dimanche matin. Au programme, musée d’Auckland avec spectacle maori, centre d’océanographie puis tour à 250 mètres d’altitude pour vue générale sur la ville et éventuel saut dans le vide attaché à un câble. Chris doit caser en plus un match-racing de trois heures en baie d’Auckland comme équipier sur NZ40 ou NZ 41, les bateaux de la coupe de l’America. L’objectif semble être de rattraper la journée envolée dans l’avion.
Au musée. Les salles maoris sont spectaculaires avec une immense pirogue de 30 mètres, taillée dans un seul tronc, pour 80 guerriers, de magnifiques maisons en parfait état en bois sculpté rouge sur pilotis, collections de rames, lances, hameçons, vannerie, statues, boucliers. Un peuple de guerriers marins anthropophages, des formes et pensées auxquelles nous ne sommes pas habitués, un sens artistique certain bien qu’un peu compliqué, une vraie culture. Le clou du musée, pour les enfants, c’est le spectacle maori. Chant de bienvenu, danses guerrières, vol du pupu (?), démonstration d’adresse, Hakka. Les enfants sont subjugués, Garance sursaute à chaque grand cri. On n’a pas envie de se mettre en travers de leur passage, surtout les deux gros costauds ! Même les femmes n’ont pas l’air commode. Alors que Christophe va naviguer les autres visitent la partie « sciences naturelles » du musée. Le top four est : moa empaillé, oiseau de trois mètre, de haut ! genre énorme autruche que les maoris chassaient et aujourd’hui disparu ; vidéo sur les différents types d’éruption volcaniques, il faudra aller à Hawaï ; séance de gobage de mouches par des petits lézards vert cru dans leur aquarium, Félix fasciné ; galerie d’oiseaux empaillés et de mollusques dans du formol.
Du côté NZ (prononcer N-Zi), les quais ont été spécialement aménagés pour 10 ans de coupe de l’America. Si longtemps que les Kiwis avaient fini par penser qu’elle ne repartirait jamais. Il leur reste le rêve, un port très bien aménagé à l’architecture moderne réussie, des classes America un peu partout, sur des bers au milieu d’un quai, le nez qui sort d’un hangar, coques noires ou blanches et dans l’eau NZ40 et NZ41 qui font naviguer les amateurs en baie d’Auckland. Quatre gros costauds pour faire marcher le bateau, au lieu de seize en temps normal. La course racing a été annulée pour cause de participants trop peu nombreux en ce jour sacré de boat-show à Auckland. Il y a là quelques bateaux intéressants et des vieux gréements en bois sympas en état remarquable. NZ c’est tout au bout du quai. Grand mais tellement simple et évident. On dirait un 420 géant. Notre bateau n’est pas un de ceux qui ont gagné la coupe à San Diego ou Auckland, c’est celui du défi Antibes qui n’avait pas été fini à temps par les Français et qui a servi de sparing partenaire à l’équipe de néo-zélandaise pour la dernière coupe. Un beau bateau quand même. On l’a affublé de deux moteurs pour qu’il puisse entrer et sortir du port sans assistance. Petit briefing du skipper et le spectacle commence. Les moulins à café (manivelles à double poste debout face à face) commandent les winchs. Il y a quatre moulins à café. Grâce aux commandes à pied, on peut mettre de 1 à 4 moulins à café sur un ou plusieurs winchs, selon l’effort à fournir et le nombre de tâches à accomplir en même temps. Nous montons la très grande voile à deux moulins, quatre personnes, pas que des costauds. C’est dur. Le génois a été abandonné à la perte (on peut difficilement dire au profit…) d’un foc à enrouleur, plus dans les cordes de notre équipage de marins du dimanche 14 mars et moins dans l’esprit course du pur sang. Superbe bateau. Le plus spectaculaire est le démarrage dans les risées de cette énorme masse. Grosse cylindrée bien que bridée. Les Néo-Zélandais ont inventé le noir, ou plutôt le noir s’est imposé à eux naturellement. C’est ce qui vient à l’esprit un après-midi gris de fin d’été sur la mer grise. Pas un blanc sale, un gris venu du noir. Le mat et la baume noir mat, les shorts et le polos noir délavé, la toile à voile noire avec sa texture si particulière, tout est trempé dans le noir de la baie. La baie d’Auckland où tous les voiliers du monde se sont donné rendez-vous en ce dimanche après-midi. La simplicité de NZi40 et sa douceur à la barre sont déconcertantes. En tirer la quintessence en course serait une toute autre histoire. Mais maintenant on sait comment est faite la jauge des 12 mètres JI (Jauge Internationale) : il faut que la hauteur du mat permette de passer sous le pont d’Auckland afin que les Kiwis puissent s’entraîner sans encombre. Un grand souvenir, ça commence bien la Nouvelle Zélande.
Le programme est loin d’avoir été respecté, nous verrons la suite demain. Retour sur le port en soirée pour un dîner de parents en amoureux.
La phrase du jour : « C’est quoi cette danse Félix ? » « La danse du hamac ! » (Hakka) Félix.
Lundi 15 mars 2004 : Auckland et le camping-car.
GMTFr : +12H 38° sud 175° est météo : couvert, découvert
Nous aurons le camping-car aujourd’hui. Un nouveau départ. Avant d’aller le récupérer, nous remplissons nos obligations Aucklandaises. Direction la Sky Tower, la Tour du Ciel, tout un programme à la Néo-zélandaise : ascenseur rapide avec vue intermittente jusqu’au 56 ème étage, ascenseur sol de verre du 56 ème au 60 ème étage pour ceux qui n’ont pas le vertige, escalade d’une centaine de mètres pour passer de 200 à 300 mètres d’altitude pour les sportifs, saut de mètre 192 à mètre 0 attaché par un câble pour les calus. Au 56 ème nous admirons la belle Auckland et sa magnifique baie, les plus rassurés marchent sur une dalle de verre au dessus du vide, aussi solide que du béton dit la pancarte… Au niveau 192 mètres, la plate-forme au dessus du vide ne nous donne pas envie de nous jeter de là attaché par un câble. C’est pourtant ce que fait un petit garçon de 10 ans, égalant le record du plus jeune, celui du plus ancien étant détenu par une mamie de 86 ans. Le câble déroule à toute vitesse, le gamin descend à 75km/h de moyenne. Pas d’ascenseur à fond de verre pour aller au 60 ème, publicité mensongère, ça va arriver bientôt, le marketing est en avance sur la technologie. De là on a une belle vue plongeante sur la plate-forme et un Néo qui disparaît dans le vide bras écartés. Il reste coincé dans le vide à quelques mètres du départ. Problème technique ? Non, c’était juste pour la photo. Il disparaît dans le vide. Nous redescendons… en ascenseur, pour déjeuner chez un Chinois certainement Coréen. Nous avons eu chaud. A voir leur nombre partout où nous passons dans le Pacifique, on pourrait penser que les Chinois de tous pays ont colonisé le Pacifique. En regardant de plus près la carte, on s’aperçoit que c’est plus près de chez eux que de chez nous.
Le Underwater Expérience varie entre sordide et magique. Sous-terrain, les pingouins ont le choix entre les faux rochers en résine peints en blanc et les quelques tonnes de glace pilée déversées quotidiennement dans leur aquarium. Les poissons, raies, requins ou tortues sont visibles depuis un tunnel de verre, leurs couleurs sont bien loin de celles qu’ils ont dans le lagon de Moorea. Mais le plongeur nourrit tout le monde, la tortue qui ne peut pas couper son calmar se le fait sectionner par une dorade de passage, les raies qui se collent au tunnel en passant à quelques centimètres des visages des enfants qui se déguisent en pieuvre (Julia), pingouin (Félix) et requin (Garance) vers la sortie. A la boutique, un magnet dorade coryphène, nous avons bien fait de venir. Et mission de visite des attraction d’Auckland accomplie, en deux jours au lieu d’un.
Le clou de la journée reste le camper-van, c’est comme ça qu’ici ils appellent les RV (Recreational Vehicule) des Canadiens, que les Français appellent camping-car. A ne pas confondre avec les mobile-home. Un Volkswagen. Il est minuscule. Deux mètres de moins que le Chevrolet du Canada. Espace vital réduit au minimum, pratiquement aucun rangement. Espérons qu’il fera beau. Nous irons plus souvent à l’hôtel. Nous sommes obligés de laisser les trois quarts des vêtements et tous les sacs à la consigne de notre loueur. La prise en main est rapide, l’appropriation communautaire et affective sera plus longue. Quelques courses pour remplir les coffres avant le début de la croisière, pardon madame nous sommes du côté droit de la route c’est une vieille habitude continentale, elle en rigole encore. Notre premier repas camper-van est 100% Mac Donald’s, soleil couchant sur la zone industrialo-commerciale qui jouxte l’aéroport, face au Subway (sandwichs).
On peut être heureux un lundi soir sur un parking goudronné, en train de manger de la junk food dans un camping-car bondé, à des dizaines de milliers de kilomètres de chez soi.
La phrase du jour : « Vous vous bossez jamais et nous on bosse. Il faut attendre d’être grands comme vous pour arrêter. Moi, j’en ai marre de bosser, même si j’aime beaucoup l’école. » Julia.
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