Journal de bord
POLYNESIE
FAKARAVA – TUAMOTU (tua = large, motu = île)
Février 2004

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-11H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 01 Heures du matin à Tahiti

Mercredi 25 février 2004 : installation.
GMTFr : -11H 18° sud 145° ouest météo : soleil voilé
Fakarava, atoll des Tuamotu, Polynésie française. A une heure à peine de Tahiti en avion à hélices, si vous réussissez à échapper aux chiens des loueurs de voitures à l’aéroport de Tahiti, après vous être levé à 5h45 du matin. Arrachage difficile aux limbes du luxe. Départ pour un petit coin réputé perdu et tranquille.
Fakarava, Tuamotu. Un atoll. Les consignes dans l’avion sont en français puis en polynésien, c’est tout. Aurions nous semé les Américains, premiers touristes en nombre devant les « métros » ? Une bande de corail de dix mètres à deux cents mètres de largeur qui forme un grand rectangle. A l’extérieur, le large bleu, à l’intérieur, le lagon, vert au bord bleu marine au milieu. Ce ne sont pas les Grecs qui ont inventé la géométrie, ce sont les cocotiers. Une grande passe au sud, une autre au nord, trente cinq kilomètres de grand côté, quinze de l’autre. Et voilà, le tour est joué, un des plus grands lagons de Polynésie. La piste d’atterrissage est en soupe de corail, la route est en soupe de corail. Sauf un petit bout goudronné qui va jusqu’à la résidence de Gaston (Floss), le président de la région, première contributrice au budget du RPR, pardon, de l’UMP. (Note de l’éditeur : pour rigoler un peu tapez RPR, Word connaît ; tapez UMP, Word ne connaît pas et propose comme correction, « dump » TEV dans le JDB). Dure lumière blanche malgré les cocotiers qui font de leur mieux sous un soleil vertical. Chaleur nouvelle pour nous. Nous ne sommes pas encore dans l’ambiance. Mais quel que soit l’endroit, même dans le canapé de sa maison le soir en rentrant du boulot, il faut un temps d’adaptation.
Hôtel Maitai, Vahiana, Fakarava.. Comme dans les magazines. En bois vernis, bungalows le long du lagon vert, grand ponton avec faré au bout, patates de corail et poissons multicolores dans un mètre d’eau. Après la sieste bienvenue pour tout le monde, Julia et Félix bénéficient de leur expérience Minorquine pour profiter bruyamment du spectacle corallien. Un festival de phrases du jour. Une première expérience pacifique à tous points de vue réussie, à mettre dans leur carnet de plongées.
Le poisson du jour : poissons de récif devant le bungalow, requin dormeur (1,50 m) et requin à pointes noires (2,00 m) sous le ponton de l’hôtel Maitai.

Jeudi 26 février 2004 : Tetamanu, passe sud de Fakarava.
GMTFr : -11H 18° sud 145° ouest météo : grand soleil
Tetamanu, journée de Polynésie parfaite. Départ en speed boat à 8h30, presque la fin de la matinée quand on se réveille à 5h30. Une petite heure de bateau le long de la bande de corail recouverte de cocotiers. Un village, quelques maisons de pêcheurs, de rares plages. A moins de cent mètres du rivage, dans deux mètres d’eau claire, le bateau slalome au milieu des patates de corail. Un coin de Polynésie un jeudi sur la terre. Premier stop à Irifa. Langue de sable orangé déserte, eau limpide aux reflets verts, cocotiers, bleu marine avec petits moutons blancs là où l’eau est profonde. Courses de bernards l’hermite pour les enfants. Là on y est.
Nous sentons seulement aujourd’hui ce qu’est un atoll, son sens profond. Tourné vers l’intérieur, avec une ou deux portes seulement, comme un riad Marocain. Un monde presque clos, à l’intérieur on est chez soi, à l’abri. Toutes les habitations sont sur la partie interne de l’anneau de corail. A quelques dizaines de mètres seulement de la côte extérieure qui donne sur le large, elles tournent le dos au sauvage. Le cuit dedans, le cru dehors. Le civilisé ici, le sauvage loin. On se sent chez soi à l’intérieur d’un atoll, à l’extérieur c’est un autre monde lointain et proche.
Tetamanu. Deuxième arrêt, au bord de la passe sud, la plus grande de Polynésie, ancien chef lieu de l’île. Une église reconstruite trois fois, les ruines de deux premières avant celle encore en fonction, deux pensions de famille où il faudra revenir un jour où nous ne ferons pas le tour de monde, deux bateaux de pêcheur et surtout, un tombant de corail splendide sous le ponton. En jetant quelques morceaux de pain la concentration de poissons corallien finit par ressembler à celle d’une cité. Des formes et des couleurs superbes, surtout les violets, dans une eau purifiée par les allers retours dans la passe toute proche. Calme, aucun luxe. Des requins passent.
Pic-nique pas très loin de la passe. Les nonos, (petites mouches qui piquent), nous attendent. Le soleil aussi. Les petits bancs de sable prennent la forme des courants. Sur l’un d’eux, une minuscule dune de coquillages miniatures a été tamisée par la marée, posée sur un sable de gros grains oranges et blancs. Les enfants font de la soupe au concombre de mer en riant, Chris part avec les polynésiens, Jeoffrey le capitaine chef animations en tête, pêcher dans le lagon, Antoine le cuisto prépare le déjeuner, au cas où… La pêche est très amusante, dans deux mètres d’eau à traquer les « rougets » (ou gros-yeux ailleurs, à mi-chemin entre les soleils des Caraïbes et les cardinaux connus sous tous les cieux) et autres capitaine et pagre. Pas très sportif, pas très gros comme poissons, un fretin de valetaille, mais un très bon moment dans l’eau autour des platiers à inspecter le fond des failles du corail. Au retour, un petit requin pointes noires s’intéresse distraitement à notre butin de flibustier. Il nous dédaigne avec l’attitude hautaine de celui qui sait qu’un jour il sera grand et nous tout petits.
Et le barbecue-poisson-cru-salades est prêt. C’est demain que nous commençons le régime. Il fait une chaleur énorme, avec les nonos en prime, à croire que vraiment, il n’y a pas de paradis sur terre. Les enfants jouent dans l’eau, top de surf lycra anti-coups de soleil, casquette et écran total, la soupe de concombres de mer prend bonne tournure.
Retour direct vers nos cases à travers l’atoll. Garance s’endort dans les bras de Maud. Félix s’endort dans les bras de la maman d’Alexandre, un copain, qui s’endort sur Félix. Julia s’endort la dernière. Au quai, tout le small world se réveille. Un douche et départ à 6h00 pour dîner au village chez Cécile en compagnie des rencontres du jour. Le couple de bouchers belges, rois du boudin, et leur fils sont très sympas. Antoine le cuisinier et Christel, parents d’Alexandre, Polynésiens de longue adoption, aussi. Dîner très sympa et très bon chez Cécile. Son mari a la tête d’un descendant de Fletcher révolté du Bounty, en mieux. Sourire en coin sur dents blanches sans la moustache pour faire moderne et beaucoup plus baraqué. Un descendant direct du Bounty, c’est sûr. De quoi animer les rêves de ces dames sous les étoiles des tropiques.
Le poisson du jour : rougets de récif au barbecue, perroquet à l’enrobé de coco.

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