Lundi
01 mars 2004 : merci Air Tahiti.
GMTFr : -11H 18° sud 150° ouest météo : variable
Annie et Lili arrivent de France à 6h30. Trente
deux heures de voyage depuis Toulouse, elles sont un peu fatiguées.
Choupie a réveillé Chris à 5h00 du matin en
appelant l’aéroport, elle avait entendu un avion passer
au dessus de l’hôtel… Et hier soir il a fallu attendre
minuit et la fin de autant en emporte le vent à la télé.
Tout en studio. Redoutable, ou merveilleux, c’est selon l’appréciation
personnelle de chacune des tenues de Scarlet. Les femmes la trouvent
belle, les hommes pointue. Avec en plus le glutamate sur l’estomac
toute la nuit, même les locaux de l’étape sont épuisés.
Au réveil des petits shtroumpfs, l’animation monte d’un
cran devant les piscines du Beachcomber.
Départ en catastrophe à 8h30 pour l’aéroport
qui est à deux pas. Deux voyages pour transporter tout le
monde plus bagages en Twingo. Premier run sans les bagages car le
bagagistes ne réapparaît pas. Le deuxième à l’arrachée
pour avoir le temps de rendre la voiture à l’aéroport.
Les bagages enfin réapparus à l’entrée
de l’hôtel, à fond dans le coffre, sauf le sac
d’un certain Monsieur Spiegel qui s’est immiscé au
milieu des nôtres, à la place de celui de Lili. Fonce à l’aéroport,
justement la fille de la location est sur le parking, signe les papiers,
bagages sur un chariot, court tout le monde en poussant les bagages, « pas
la peine de se presser, l’avion est annulé. » Cool.
Personne ne nous a appelés à l’hôtel. Si
personne ne sait pourquoi les compagnies nous demandent toujours
nos numéros de téléphone, tout le monde sait
pourquoi on les hait. Entre temps course pour repartir à l’hôtel
rendre le bagage intrus et récupérer celui de Lili.
Pour que la confusion soit complète Choupie vérifie
que tous nos bagages laissés à la consigne du Beachcomber
y sont bien. Bingo il en manque plein. Ils sont tout bonnement partis à la
blanchisserie. Petite discussion avec la chef de service pour être
sûr de tout récupérer dans 10 jours, il faut
avoir confiance, surtout quand on est à la bourre. Retour éclair à l’aéroport.
Nous sommes sur le vol suivant, 10h30 au lieu de 9h30, il y a de
la place, nous avons échappé, « par chance », à celui
de 16h00. Mais le 10h30 n’est pas direct, il passe par Moorea
et Bora-Bora, le vol prend deux heures au lieu de quarante minutes… A
dix heures quarante cinq, « on » nous annonce que le
vol a un problème technique, il aura une heure de retard… Sur
l’horaire théorique de 10h30 ou sur l’heure actuelle
de 10h45 ? « Mais ce n’est pas de notre faute Monsieur,
nous venons juste d’avoir l’information ». Pression
sur la responsable du vol pour savoir la vérité. Nous étions
sur le vol annulé, avons deux personnes qui voyagent depuis
maintenant 36 heures, des enfants de 6, 4 et 1 an qui vont manger
quoi dans l’avion de midi à deux heures, vu le nouvel
horaire, nous pourrions encore être en ce moment tranquilles à l’hôtel
? « L’avion n’a pas pu décoller. « On » en
fait venir un autre qui sera là vers 11h15, le temps de le
préparer et il repart avec vous. Pour les enfants nous avons
du jus pomme-ananas 105% synthétique. La haine est un sentiment
assez éloigné de l’esprit tour du monde. Un immense
mépris pour les compagnies françaises, Air France en
tête, dont le déficit a été épongé pendant
cinquante ans par les impôts des Français et qui a transmis
son état d’esprit pourri à toutes ses pseudo
filiales, pour venir faire la belle maintenant. Comme à la
SNCF, pas de clients, uniquement des usagers qui remplissent inutilement
des bétaillères, empêchant de faire voler les
avions tranquillement. La morgue de l’aristocratique Aéropostale
en plus. Tous des descendants de Saint Ex. Ca ne les rend pas heureux.
Pour nous, il suffit d’attendre d’être un peu plus
loin, à l’abri. On se déshabitue de la France
et on la supporte de moins en moins. Vivement l’étranger.
L’escale de Bora-Bora, permet d’admirer son lagon, mais
les touristes de l’avion qui descendent, nous ne les aimons
pas. Question de mentalité. Ou de fatigue ?
Nous atterrissons à Huanine, Polynésie Française, à 14h
et des. Pratiquement 6h pour un vol de quarante minutes, Choupie
est sur le pont depuis 5H du matin et Annie et Lili voyagent depuis
40h, sans dormir. Jolie petite île haute, (petite montagne
volcanique), verdoyante, pension de famille à l’accueil
très chaleureux. Cadeaux, premier bain pour les Toulousaines,
pluie, sieste, dîner poisson cru, dormir, tout en vrac en attendant
demain.
La
phrase du jour : « Les enfants mangez avec les doigts mais
ne vous essuyez pas sur vos tee-shirts ! » Choupie (tropicalisation
en cours, objectifs en baisse)..
Mardi
02 mars 2004 : tour de l’île.
GMTFr : -11H 18° sud 150° ouest météo : pluie
intense
Il y a quelque chose de Grec dans le fait de « faire » le
tour de l’île. Une certitude de fini, une idée
de connu intégral. Une sensation d’éternel recommencement
reposant, d’avant la relativité. Surtout quand les îles
sont petites. Beaucoup d’îles Grecques sont petites,
Délos par exemple. Connaître complètement, presque
au sens biblique, une quantité de petites îles, tout
en sachant qu’il en reste beaucoup sur lesquelles on n’a
pas mis le pied mais qu’on pourra ou simplement pourrait connaître
totalement, n’entraîne absolument pas le même sentiment
qu’en connaître une grande à moitié.
Nous faisons le tour de l’île et de l’intégralité de
ses routes et pistes. Des arbres, des vues, des ananas, beaucoup
de pluie, des gens qui pêchent en famille à trente pas
de leur maison, des coins où l’on rêverait d’avoir
la sagesse de savoir y vivre, la mer. Attraction majeure, le Fare
Potee. Case sacrée restaurée des ancêtres, sur
pilotis, murs en bambous, plancher et plafond en palmes tressées.
L’écologie, la vraie. Lieu sacré, pierres debout,
pierres esplanade, pierre dossiers pour les nobles, noms maoris non
retenus et magnifiques cylindres tambours de bois ancestraux, introuvables
dans le commerce. Très pluvieux comme endroit.
Après un très bon déjeuner sur le quai de la
capitale, chez Raymonde, il est temps d’aller nourrir les anguilles
sacrées. Pendant notre déjeuner, un pêcheur est
sorti puis revenu. Le temps de pêcher un thazard de 10 kilos
et une espadon de 55. Tout le monde n’emploie pas son temps
avec le même succès, il n’a pas eu le temps de
manger… Les anguilles sont gavées à la boite
de poisson genre corned-beef. L’odeur boite de conserve fermée
est déjà intenable. Elles en raffolent. Les mollets
dans l’eau boueuse, les anguilles sacrées à yeux
bleus (cerclés de bleu) et oreilles (fines) sortent la tête
pour aspirer jus et bouts malodorants ou sucent les doigts de pieds.
Seuls candidats au bain de pieds, Chris, Félix et Julia. Garance
dort dans la voiture. A l’arrivée des déesses,
Julia et Félix se transforment en ouistitis et s’agrippent à tout
ce qui dépasse de la surface de l’eau, bras, épaules,
oreilles, cheveux, en hurlant, tête renversée, pieds
en l’air. Grosse rigolade de ceux qui sont dignement restés
sur le quai de la rivière de boue et aussi de l’arbre
papa. En ayant seulement touché la boite, on a les mains qui
continuent à puer le poisson jusqu’au lendemain.
Le belvédère c’est l’endroit où il
y a le garde fou en bois. Rouler doucement pour ne pas le manquer,
seule indication permettant d’imaginer que c’est bien
de là que la vue est fantastique. Glaces et thé glacé de
la maison blanche sont très bons, le lieu tranquille. Une
dernière ramification du tour exhaustif nous amène,
un après-midi de labeur, dans un village Polynésien.
Grosse activité autour du jeu de pétanque. Et c’est
bouclé.
Tour complet, dans le sens essentiel du terme. Fermé, y’a
plus rien à voir. Pas obligé de pousser de l’avant
ou de tout remettre en question, encore moins de se révolter.
Il faudra entreprendre un jour la fusion de la relativité et
du fini. Une sorte de paradis perdu du futur.
La phrase du
jour : « Il y a tout ici. C’est un coin perdu mais il
y a tout.» Julia.
Mercredi
03 mars 2004 : tentative pirogale.
GMTFr : -11H 18° sud 150° ouest météo : grande
pluie parfois violente
Partira, partira pas ? L’attraction majeure de l’île
c’est le tour, de l’île justement, mais en pirogue.
Stops lagon de corail, ferme perlière, pic-nique, shark-feeding
(requins-nourrissant), fin de vuelta. Il pleut une queue de cyclone
qui passe au loin en Nouvelle-Calédonie et la Polynésie
en est toute perturbée par solidarité tropicale sud.
Choix Cornélien entre rester et n’avoir rien à faire,
toutes les cartouches humides de la terre ferme ont été brûlées
hier en présence d’Annie, ou aller se faire doucher
en pirogue. Si la visibilité dépassait les cinquante
mètres et les précipitations tombaient sous les un
centimètre par minute, choisir paraîtrait moins difficile.
Pour une raison inconnue, ou l’attrait de l’inconnu,
nous partons. C’est plus dans notre genre, partir, que rester.
Vu de la mer, Lili dirait du large nous sommes à 200 mètres
de la plage, ça ne s’améliore pas. L’horizon
a disparu depuis longtemps pour laisser place à une large
bande grise où sont perdus ciel et mer. Des vagues de cinquante
centimètres ensevelissent le balancier qui disparaît
dangereusement ou esthétiquement, selon les points de vue,
dans le lagon argent. Aucun vent, la pluie tombe tellement serrée
et drue que la mer s’aplatit, percée de milliards d’impacts
rebondissants. Le parasol déplié devant protège
peut des bourrasques d’eau douce. JFG, trempés sous
imperméables, gardent un trou pour voir ce qui se passe dehors.
Le lagon est trouble, un vrai scoop, nous tirons jusqu’à la
ferme perlière, on verra pour le corail au retour. Tout le
monde a froid en Polynésie.
La ferme perlière propose des perles moins belles que celles,
réputées, de Fakarava et pour le double du prix. Merci
pour l’hospitalité sèche. Pour les requins, inutile
d’y songer. Ne reste plus que le pic-nique et le lagon corail
comme attraction. Mais étonnamment, le lagon est encore trouble
lors de notre deuxième passage. Reste le pic-nique. Poisson
cru, bon et rôti de dindonneau, très apprécié des
poissons, donc bon aussi, à quelque chose. Il nous reste le
retour, formidable car presque sec, avec vue. Lili est rassurée,
voilà notre pension. Au bout du compte une bonne journée,
des endroits vus là où la route ne va pas, un premier
contact avec la mer et les motus pour les new-comers et des choses à raconter
aux copains au retour s’il y a des trous au bronzage.
Rentrés tôt, une dizaine de petites raies aigle nous
tiennent compagnie dans cinquante centimètres d’eau.
Ca laisse aussi le temps d’aller pêcher avec Joël,
rencontré cinq minutes avant, à dix mètres du
bord, sur son bateau. Il a attrapé des chinchards au filet
et va pêcher la carangue avec. Une touche de barracuda, une
autre de carangue, une murène attrapée qui se détache
et plus rien. Demain. Merci Joël.
Dîner à côté à la pension Mauari.
Cuisine un peu compliquée mais bonne. Ca en jette plus comme
endroit mais c’est moins nous. Nous étions déçus
de ne pas pouvoir passer notre séjour ici, nous sommes ravis
de la pension où nous logeons. Les lois de la nature.
La phrase du
jour : « Quand je pense que je suis dans une pirogue au milieu
de vagues de dix mètres, sous une pluie de queue de cyclone
alors que je pourrais être place Saint Georges en train de
boire un café tranquille !» Lili.
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