Dimanche
07 mars 2004 : transferts.
GMTFr : -11H 18° sud 150° ouest météo : soleil
et nuages
Ce n’est pas Bora que nous quittons, c’est
le Relais Mati, Rodolphe et Frédérique, leur long ponton
qui a servi pour la pub Pacific de Ricard. Vous savez la nana torride
en maillot jaune qui sortait de l’eau avec une carangue au
bout de la flèche de son fusil de chasse… sous marine.
Le relais Mati, une dose de nature dans cinq doses de mauvais développement.
Reste Moorea.
Hors-bord jusqu’à l’aéroport et adieux
chaleureux entre mer et ciel. Avion, qui se pose à Huanine,
tiens il y fait beau aujourd’hui, parfait pour un tour de l’île
en pirogue, le deuxième atterrissage est le bon. Bagages,
transfert jusqu’à l’hôtel en bus de cinquante
places, certainement payé par une île concurrente pour
saper l’image de Moorea. Déjeuner poissons crus décongelés,
ambiance dimanche de juillet à Pallavas les Flots sur le sable
devant l’hôtel. Tentative d’organisation des jours
suivants.
Journée incompressible. Beau coucher de soleil. Ouf.
La
phrase du jour : « C’est le paradis ici.» Chris. « Comment
tu le sais ? Tu crois que c’est un bout du monde ?» Julia.
Lundi
08 mars 2004 : wahou !
GMTFr : -11H 18° sud 150° ouest météo : grand
bleu
C’est pour les Tuamotu et le 08 mars 2004 que nous
sommes venus en Polynésie. Arrachée à la dernière
minute, la journée en bateau se transforme en succès
international. Nos hôtes sont les pros du lagon, des dauphins
et de l’apnée. Lui de Polynésie Française,
elle chinoise de Hawaï, une petite fille, tous jeunes et beaux.
Un bon bateau bien abrité du soleil, un programme incroyable
: raies, barracuda, statues, requins, dauphins.
Petit arrêt au motu « dream island » où manifestement
c’est là qu’il faut loger quand on vient passer
un peu de temps sur l’île. Tout près de la barrière,
l’eau est d’une limpidité méditerranéenne,
le spot superbe. La Niçoise de Roquefort les Pins qui a vécu
quinze ans ici et passe six mois par an sur Moorea depuis dix ans
ne s’y est pas trompée. C’est sur le motu que
nous la récupérons. Direction les raies… A Bora
les Manta n’étaient pas au rendez-vous. Cinq minutes
de bateau et nous jetons l’ancre. Une raie, dix raies, trente
raies tournent autour du bateau dans un mètre d’eau.
Des pastenagues marron clair, grises ou bleutées. Elles volent
partout, à se demander comment nous allons pouvoir descendre
mettre les pieds sur le sable. C’est Heifara qui y va le premier.
Nous suivons les uns derrière les autres. Heifara ne les nourrit
pas mais il a des sardines dans la main qui les attirent. Il les
caresse sur le nez, nous essayons de faire comme lui avec plus ou
moins de succès et de hardiesse. Mais tout le monde caresse,
de gré ou de surprise. Jamais de force avec les raies. Elle
sont très douces et font attention de ne jamais nous toucher
avec leurs queues rugueuses. L’eau est magnifique, les raies
tournent autour de nous, même la plus grosse, bleutée
qui va bientôt lâcher ses petites raies dans le lagon.
Les requins pointent leurs bouts d’ailerons noirs. Des petits
mais une dizaine, attirés par l’odeur de poisson et
l’excitation des carangues. Annie est fascinée par l’œil
rond et fixe des pointes noires qui lui tournent autour d’elle
sans la troubler. Le pro plonge et essaie d’attirer les petits
requins avec deux sardines, mais seule une pastenague vient danser
avec lui. Ancien plongeur professionnel, pêcheur de nacres
aux Tuamotu, il a dû rencontrer pas mal de requins déjà,
des gros, il a du coffre. Pas question de rivaliser en profondeur
ou en durée au fond de l’eau. Lili, pas très
rassurée au début, se tropicalise à grande vitesse.
Elle est plus impressionnée par le contact avec les raies
que par les petits requins qui passent à quelques mètres.
Annie se fait aspirer la main par une raie concasseuse de coquillage.
Attention, ça pince ! Fort. Les enfants rigolent. Félix
finit au dessus du niveau de l’eau, Julia se familiarise vite
avec ces animaux aussi grands qu’elle. Maud est encore moins
rassurée que Lili, mais ce n’est pas tous les ans qu’on
vient en Polynésie et pas sur toutes les îles qu’on
approche ainsi les raies. Elle se laisse frôler par quelques
raies qui arrivent par derrière. En criant parfois. Mais elle
rigole. Garance dans l’eau rigole aussi, du bateau donne des
ordres à tout l’équipage batifoleur. Les pointes
noires sont très proches, Lili les surveille. Une fois dans
sa vie. Alors. Et nous levons l’ancre. Direction le barracuda
de un mètre quatre vingt et les statues.
C’est tout près, un peu en retrait de la passe. Dans
deux mètres d’eau, en souvenir des sculptures traditionnelles
détruites par les missionnaires de la civilisation occidentale,
un artiste maori a fabriqué puis coulé ici des statues
traditionnelles. Elles reposent sur le sable blanc du lagon, protégées
par l’eau bleue et un barracuda géant. Le géant
est absent aujourd’hui, une petite raie léopard dans
une douzaine de mètres d’eau pour les apnéistes.
Des coquillages cachés sous le sable qu’on retrouve
en suivant leur trace, un concombre de mer plus gros que les deux
cuisses réunies de Julia, une conque Hollywoodienne. Dans
l’eau claire du lagon près de la passe. Un des plus
beaux coins que nous ayons fréquentés dans la région.
Pas seuls comme aux Tuamotu, mais juste un bateau de plongeurs un
peu plus loin. Une pression pilotique mesurée. C’est
déjà une des grandes journées du voyage. En
route pour l’inoubliable.
Passe dehors, nous sortons du lagon. Toujours autour du même
motu. C’est notre première incursion le long extérieur
de la barrière. La mer est extrêmement calme, les vagues
déferlent sur le corail en bon ordre, le creux arrière
vers nous, l’écume au dessus. On distingue clairement
les fonds de 20 ou 25 mètres en passant en hors-bord. Magnifique.
Nous attachons le bateau à un corps mort, quelques coups d’accélérateurs
rassembleurs, les requins déboulent. Une quinzaine de pointes
noires dépassant un mètre en surface, trois gris approchant
deux en bas. La hiérarchie, dans le fond des mers, est inversée.
Quelques sardines jetées en pâture excitent tout ce
beau monde. Surtout qu’avec les carangues au milieu, plus rapides
et voraces que tout le monde, les pointes noires sentent mais ne
voient pas la monnaie. Les gris, au dessous de ça, surveillent.
Avec eux, c’est une autre musique. Après quelques minutes
de ce petit cirque, tout le monde tourne comme sur la piste, passablement énervé,
prêt à bondir. Chacun son objectif. « Vous avez
vu l’excitation, ça va être plus calme, qui veut
y aller ? » Il rigole le capitaine. Vingt mètres d’eau, à l’extérieur
du lagon, avec cette mer belle on distingue même les gris à chaque
passage. Les carangues foncent dans toutes les directions pour ne
laisser échapper aucune miette. Juste de quoi s’ouvrir
l’appétit. Et nous dans l’eau ? Mais il n’a
pas l’air de plaisanter, il a déjà ses palmes,
sa ceinture avec couteau mais bon…, son masque. Dernière
recommandation, ne pas se jeter à l’eau, rentrer doucement
dedans. Pourquoi ? Pour ne pas les effrayer ou pour ne pas les attirer
trop près ? Le voilà à l’eau. Et nous
de le suivre. Tous. Sauf Garance. On manque de ces choses quand on
a un an et demi autour du monde. Les pointes noires sont plus calmes,
les gris tournent en nous regardant de bas. Les moins rassurés
tiennent la main du capitaine à tour de rôle, mais tout
le monde s’enhardit rapidement. Annie dérive au milieu
des pointes noires, Julia reine du tuba avec Choupie, Félix
sur les épaules de Chris, Maud près du bateau, Lili
un peu plus. Les gris disparaissent. C’est encore plus troublant,
car si nous ne pouvons plus les surveiller, eux, si. Heifara, va
faire un tour au fond, Chris le suit mais juste un petit aller-retour.
Le spectacle dure un bon moment. Les enfants sortent de l’eau,
Annie continue à observer. Puis les pointes noires se rapprochent
un peu plus et semblent s’énerver de nouveau, il vaut
mieux sortir. C’est Félix qui leur lance une des défense
dessus, ils viennent aux renseignements… Merci Félix.
Il est déjà deux heures de l’après-midi,
nous allons déjeuner sur la plage.
Au menu, beignets de poissons du lagon (perroquet), assiette de poisson
cru… Les patates douces, manioc et fruits à pain, sont
tous mangeables, voire bons. Une journée vraiment exceptionnelle.
Garance n’a toujours pas fermé l’œil, Leihala,
la fille Heifara et Nani, deux ans, ne l’a pratiquement pas
encore ouvert. Question de tempérament. Garance appelle sa
copine bébé. Puis c’est l’heure des dauphins.
Entrés dans la lagon par une passe peu profonde, à la
poursuite d’un banc de poissons ou pourchassés par un
grand prédateur, ils n’arrivent pas à retrouver
la sortie. La remontée rapide du fond dans la passe leur fait
peur. Ils restent dans un grand trou d’eau. L’année
dernière pour les faire sortir il a fallu les attraper un
par un. Les voilà. Le premier vient se positionner sous l’étrave
alors que nous allons très lentement. D’autres sortent
leur nageoire de l’eau, deux par deux. Ils sont petits, presque
uniformément gris, avec un rostre long, ce sont des longs
becs, joueurs mais difficiles à approcher dans l’eau.
Nous essayons de les écouter mais ils restent pratiquement
silencieux. Ils semblent s’économiser par ces temps
de lagon forcé en eau trouble. Nous les suivons parfois du
bateau parfois dans l’eau, sans pouvoir les apercevoir avec
nos masques. Une approche très tranquille, encadrés
par Nani qui est venue ici faire des études sur les dauphins,
qui a rencontré Heifara et qui est restée. Il est l’heure
du départ, comme dans toutes les bonnes journées le
spectacle n’est pas tout à fait terminé.
Dans la passe, nous arrêtons le bateau pour regarder les surfers.
Un kilomètre de rame pour arriver jusqu’à la
vague, certains sont venus en planche, d’autres en pirogue
avec le surf accroché derrière. Il y a des artistes
dans le lot. Félix déclare qu’il fera du surf
quand il sera grand. Aucune objection des parents. Nous rentrons à nouveau
dans le lagon pour nous rapprocher de l’hôtel. Très
beau spectacle de fin de journée tranquille dans l’eau
claire, le grand hors-bord qui suit les balises en évitant
quelques patates de corail de marée basse, des perroquets
et des chirurgiens qui rentrent précipitamment dans leurs
trous sous notre passage, un pointes noires qui détale à bâbord,
une tortue qui tente d’en faire autant à tribord. La
plage de sable. Merci pour cette fantastique journée. Il paraît
que le plus beau c’est les baleines, de juillet à octobre.
Cette année un baleineau a posé sa tête sur le
pont du bateau. Il faudra revenir.
JFG finissent leur journée tardivement sur le sable avec Laurie
et Jeremy du bungalow voisin, sous les lumières du restaurant.
Il est question d’aéroports, « d’halicoptères »,
de pistes et d’avions. Garance, levée depuis 6h00 ce
matin, pas une minute de repos de la journée, toujours au
top. Elle aime la mer on dirait ?
La phrase du jour : «On
saura trois langues. Français, espagnol, anglais. On saura trois danses.
Le tango, celle d’ici et celle de là-bas.» Julia.
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