Mercredi
11 février 2004 : Buenos Aires.
GMTFr : -4H 35° sud 59° ouest météo :
ciel bleu
La vie dans une grande maison avec des copains qui ont
quatre enfants. Nous ne voyons plus les enfants. Pounette se repose,
elle est crevée. Félix et Marie se courent après.
Julia joue avec les grands. Ecole, piscine dans le jardin, sieste,
caisse de petites voitures, déjeuner en tribu, courses sur
la pelouse… tout un monde fantastique pour les petits.
Choupie et Chris profitent d’un peu de liberté pour
visiter la belle ville. Taxis, toujours, vers le musée des
beaux arts. Choupie découvre Zurbaran grâce à un
moine en pleine méditation, très beau Gauguin, Tahitienne
de dos, sable jaune, mer verte et turquoise, coin de pagne bleu marine à fleurs
blanches, quelques Goya petits, sombres et puissants, statues de
Rodin et on se demande pourquoi, de Bourdelle. Pour le contemporain
Sud Américain, nous irons ailleurs, le premier étage
ne nous arrête pas.
Taxi, retour au vieux Palerme, « Palermo viejo », le
marais de Buenos Aires, pour visiter les galeries. Papeterie artisanale
top niveau, meuble international design, les mêmes qu’à Milan
ou à la Bastille, le cuir en plus au pays des « gauchos »… chocolatier
luxe, mode pointue et, intercalés ça et là,
ateliers de mécanique automobile et boulangeries dans leur
jus. Un coin très sympa qui monte, maisons basses refaites
avec goût, rues pavées bordées d’arbres,
restaurants branchés. Un coin à faire de l’immobilier…
Sortie nocturne avec les Comet’s. Visite guidée documentée
de Buenos Aires by night. Super, de visiter un endroit avec des amis
qui y habitent. Une ville, en plus, une vraie, depuis le début
du voyage ça n’est pas courant. Excellent dîner
sur la terrasse de Lomo (littéralement, filet de bœuf).
Le poids du Lomo, le choc des photos, avec les Argentines de sortie
la nuit. Au centre Arménien juste à côté,
les Argentins prennent des cours de tango. On se croirait dans le
film de Ettore Scola, le bal. Il n’y a pas que des artistes
sur la piste, mais l’ambiance est garantie 100% pur jus. C’est
promis, quand nous habiterons Buenos Aires, Choupie s’y voit
bien, nous apprendrons le tango. Il est tard pour des Européens.
Nous rentrons nous coucher dans la grande maison, merci les Cometti.
La phrase du
jour : "Surveiller
toutes les filles c’est difficile. On n’a pas dix mille
bras comme les pieuvres." Félix.
Jeudi
12 février 2004 : Saint Félix à Buenos
Aires.
GMTFr : -4H 35° sud 59° ouest météo : ciel
bleu temps lourd
Matinée réorganisation générale.
Où dormir à l’île de Pâques, mise à jour
du JDB, école, tri des photos, rangements divers… Déjeuner
très animé avec sept enfants de quatorze à un
an et demi à table, un peu comme chez Maud tous les jours
! Sacré boulot. Résultat de la matinée, cet
après-midi courses au centre commercial pour Choupie, Malba
(musée d’art moderne Sud Américain), galeries
de tableaux et de meubles sur Arroyo pour Chris.
Choupie rentre « à la maison » avec les cheveux
coupés et des cadeaux pour les enfants, Chris avec en tête
Berni, Soto, Julio Le Parc, une très belle collection d’art
cinétique pour le Balma, un beau tableau genre Fernand Léger
vu à la galerie danoise sur Arroyo et en poche un exemplaire
rarissime du Modulor, de Le Corbusier, en édition originale,
acheté un prix défiant toute concurrence internationale.
La bête est accompagnée d’une édition spéciale
de la revue L’architecture Moderne, consacrée elle aussi à Corbu.
Vestiges de l’Argentine conquérante de la première
moitié du XXème siècle. Il y a aussi une photo
d’indienne indigène datant des années 1930 ou
40, de Hans Mann, photographe argentin… autre vestige de l’histoire
du pays. Le tout est accompagné d’excellents gnocchis
artisanaux, ricotta et parmesan râpé, origine 100% italienne
garantie. Une autre piste pour écrire l’histoire du
pays.
Après la gym de Sergio, tentative de dîner entre amis
sur la terrasse. Les Cometti nous disent qu’il va pleuvoir.
Quinze secondes plus tard, il pleut. Trop forts les Cometti.
La phrase du
jour : "Moi,
je préfère avoir deux enfants que trois. Parce que
si mon mari il meurt avant vingt ans, ça fait beaucoup, trois
enfants, pendant qu’on cherche un nouveau mari." Julia.
Vendredi
13 février 2004 : République Orientale de Uruguay
et Tanguero sur Corientes.
GMTFr : -4H 35° sud 59° ouest météo : gris
et pluie
La République Orientale de l’Uruguay possède
de nombreux intérêts. En une journée aller-retour
depuis Buenos Aires, ça fait un pays de plus pour des tourdumondistes.
Peu d’effort, résultat maximum, le plein de tampons
assuré sur le passeport. Cela permet aussi de traverser le
Rio Parana, cher à Yves et Véro qui l’ont remonté avec
Eliot pendant plusieurs mois. Une trentaine de miles (55 km), sur
de l’eau douce marron pas vraiment tentante. Le terminal est
un vrai spectacle. Ce n’est pas un ponton ou un embarcadère,
mais un maréoport. Le bateau, une sorte d’airbus avec
les ailes collées dans le sens de la longueur sous lui, pour
le transformer en catamaran. Pas question de sortir sur le pont,
d’ailleurs il n’y a pas de pont. C’est le principal
intérêt de la traversée avec le fait de bien
valider que cette zone n’a aucun intérêt maritime
autre que stratégique du temps où Anglais, Espagnols
et Portugais se disputaient la maîtrise à voile et canons
des mers.
Colonia est une colonie en territoire Uruguayen. Au départ
sans grand intérêt. Une excellente parilla semble devoir être
le point d’orgue de la journée. Mais l’accumulation
de petites maisons datant du 17ème puis 18ème siècle
bien dans leur état d’origine… de musées-maisons
du Portugais, de l’Espagnol, des animaux empaillés et
autres azulejos, phare et fromagerie reconvertie en maison de la
culture, finissent par imposer leur charme discret et un rien bourgeois.
Malgré la pluie. Et puis c’est l’Uruguay ! Qui
est déjà allé en Uruguay, pays double champion
du monde de foot, il y a longtemps, c’est vrai, mais quand
même ?
Signes de la folie et de la richesse passée des années
folles, un casino, pas si fou, une arène de corrida de 15.000
places et un front de Cesta Punta avec sa tribune internationale.
Les Argentins, qui n’avaient pas de casino à Buenos
Aires, prenaient la navette vapeur pour aller jouer la nuit entière à Colonia
et rentrer un peu plus légers au petit matin. A l’arrivée,
c’était un train qui leur permettait de joindre le ponton
au casino, distants de quelques centaines de mètres. Le train était
indispensable le soir, pour ne pas perdre de temps et au petit matin
pour ne pas se perdre tout court sur le chemin embué du retour.
Il y a eu des corridas à Colonia. De 1910 à 1911. Après,
Buenos Aires a construit son casino et le président a décrété qu’il était
contre la mise à mort des toros. Il ne reste plus du ponton
que quelques piquets, aucune trace du chemin de fer. Les rails ont
du servir à construire quelque maison coloniale. L’arène
désaffectée, avec sa piste de pelouse verte, a conservé tout
son charme oriental, le fronton a servi pour des championnats du
monde en 1980 et quelques, le casino a été transformé en école
d’enseignement supérieur.
Rentrer en navette spatiale n’a pas plus d’intérêt
que l’aller, le charme de la découverte en moins. Le
taxi le long des quais du port de Buenos Aires vaut le retour.
Soirée Buenos Aires by night, organisée de main de
maîtresse par Isabelle. Tanguera, spectacle Tango qui rentre
de sa tournée triomphale à l’étranger.
Triomphe pour son retour sur Corrientes, le Broadway Argentin. Un
spectacle magnifique et très « hot », ils n’ont
pas froid aux yeux, les Argentins ! Ca donne envie… de bien
danser le tango. Plaza de Mayo, puis juste à côté café Tortoni,
avec les places de Borghèse et des autres intellos Sud Américains,
petit recorrido de Buenos Aires la nuit, guidés par des copains
qui vivent ici. Le top et le choc après la Patagonie.
Fin de nuit tardive dans la cuisine du Echeverria 930. Ambiance bureau
des élèves Borsalino, à s’échanger
des nouvelles des camarades de quarante ans que nous connaissons
tous depuis vingt ans.
La phrase du
jour : "Le
poisson coffre ça ne se mange pas, mais on peut le visiter
peut-être. Il y a peut-être des trésors à l’intérieur"
Félix.
Samedi
14 février 2004 : En attendant le Pacifique.
GMTFr : -4H 35° sud 59° ouest météo : beau
temps
Le miracle des bouquinistes ne se reproduit pas malgré une
prospection systématique de Serge et Christophe qui suivent
le parcours proposé dans le trait d’union, mensuel des
Français en Argentine, dans un article documenté sur
le sujet, rédacteur en chef, Isabelle Cometti.
Mais c’est un bon prétexte pour visiter Buenos Aires
par une belle matinée d’été, parler de
la vie entre potes, visiter une galerie commerciale luxe avant de
rentrer avec des roses pour fêter la Saint Valentin à toutes
les nombreuses filles de la maison. Nous avons quand même trouvé des
cartes du cap Horn pour le souvenir, de l’Antarctique pour
le prochain tour et pour le fond de rayon bibliothèque, une
monographie originale d’un Argentin qui utilise des éléments
de Jean Prouvé dans son architecture.
La journée s’étire tranquillement, occupée à des
tâches habituelles de voyageurs habitués, en attendant
le dîner oriental sur la terrasse. Demain, départ pour
l’île de Pâques.
La phrase du
jour : "Au
revoir les copains (Cometti). On va faire un film pour eux et on
va leur envoyer, d’accord ?" Félix.
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