Journal de bord
ARGENTINE 2
Iguazu
Février 2004

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-4H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 08 Heures du matin à Santiago

Jeudi 5 février 2004 : Missiones.
GMTFr : -4H 26° sud 55° ouest météo : chaud et pluvieux
Nous partons en petit équipage voir les Missions. Gilbert a une angine et reste au lit. Le chauffeur, Gustavo, un nouveau Gustavo, est très sympa et nous explique les plantations de pins pour la fabrication de la pâte à papier, les problèmes frontaliers avec le Paraguay par où passe la marijuana qui vient de Colombie, le tournage du film « mission » pour lequel il allait chercher des centaines d’indiens guaranis dans leurs « aldeas »… Nous nous arrêtons d’abord à la mine de pierres précieuses de Wanda.
C’est assez impressionnant de marcher au milieu des géodes d’améthyste, de topaze, d’aigues-marines, de quartz, etc. Il y en a tous les mètres, elles sont plus ou moins grosses, emprisonnées dans du basalte et certaines géodes sont ouvertes. A l’intérieur on aperçoit les gemmes, ces petits triangles de pierres précieuses. L’origine de la mine est une éruption volcanique souterraine. Les poches de gaz coincées dans le magma se sont cristallisées en refroidissant, donnant naissance à ces gemmes. La qualité des pierres, fonction de la dureté et de la pureté, vient de la pression, profondeur dans le sol, et du temps de refroidissement du gaz. Les couleurs viennent de la composition chimique du gaz. Cette mine appartient à une famille d’agriculteurs qui, il y a soixante ans, a découvert la première géode en labourant. Depuis ils exploitent de façon artisanale ces trésors, vendant en local seulement. Le guide nous explique l’excavation des géodes, à la dynamite et manuellement, le travail de taille puis nous amène à la petite boutique où, bien sûr, nous achetons quelques pierres. Les prix sont dérisoires mais finalement, à la vue de la mine, on se dit que les prix sont prohibitifs en Europe et normaux ici. Après une heure perdue pour trouver du cash dans le coin pour payer nos affaires du siècle, nous repartons vers la mission San Ignacio.
Nous déjeunons dans un restau de bord de route où on nous sert de la viande sous forme d’énormes brochettes, les fameux Churrascos. Le serveur fait le tour des tables et détache un morceau de brochette à qui veut. Il y du poulet, du bœuf, du porc, des saucisses, des ris de veau. C’est très bon et convivial. Fini le régime.
La mission de San Ignacio n’était pas la plus grande mais c’est la mieux conservée. Au tout début du XVIIème siècle les Jésuites ont fondé une trentaine de missions dans cette région au confins du Paraguay, du Brésil et de l’Argentine. Pendant plus de 150 ans ces communautés se sont formées et agrandies. Le guide nous explique que l’équilibre était le suivant : les indiens Guaranis acceptaient de vivre dans les missions administrées par les jésuites en échange de leur protection. En effet la zone était un haut lieu du trafic d’esclaves organisé par les Portugais. Petit à petit les Guaranis ont intégré à leur culture des éléments chrétiens et certaines de leurs traditions ont reculé, comme la polygamie, le polythéisme et l’anthropophagie. Pour plus de 4.000 indiens dans une communauté, seuls trois pères jésuites administraient. En fait ils dirigeaient la mission en s’appuyant sur les chefs Guaranis qu’ils intégraient dans leur école, qu’ils évangélisaient et ces derniers servaient d’intermédiaires avec le reste de la communauté. Selon le guide c’était un moindre mal pour les Guaranis qui pouvaient conserver leur langue qui, purement orale, est devenue écrite avec l’intervention des jésuites, leurs coutumes et surtout, vivaient en sécurité. Une trentaine de missions prospérèrent ainsi jusqu’en 1777 où le pouvoir des jésuites a fait ombrage au roi d’Espagne. Les jésuites ont alors été expulsés, les missions distribuées aux franciscains et à d’autres congrégations, le pouvoir administratif récupéré par le roi d’Espagne. Petit à petit les Guaranis ont dû se mélanger aux Espagnols, délaisser leur langue ou repartir dans la forêt, les missions ont disparu. Architecturalement cela devait être très beau, tout en pierre rouge, au milieu d’une végétation magnifique. L’Eglise et son cloître étaient richement décorés de céramiques et de peintures. Aujourd’hui les ruines laissent imaginer la beauté et la grandeur du site mais pas sa richesse, car tout a été pillé.
Nous rentrons sous une pluie tropicale. A l’hôtel, soirée très calme.
La phrase du jour : "Demain nous allons voir les indiens Guarani" Choupie. "C’est des vrais indiens ?" Julia. "Oui" . "Ils vont pas nous manger au moins ?" Julia. "Mais non ! Et ils mangent des frites ?" Félix.

Vendredi 6 février 2004 : Cavalcada (promenade à cheval).
GMTFr : -4H 26° sud 55° ouest météo : très beau
Les enfants vont au « junior circle » pour peindre, faire des legos, jouer à plein de choses. Ils sont ravis de pouvoir faire des activités de leur âge qui leur manquent pendant ce tour du monde. Nous devons changer d’hôtel car un grand tournoi de poker a rempli le nôtre. Nous débarquons dans un hôtel type club de vacances pour Argentins et Brésiliens avec animation piscine, mini golf, la totale. Heureusement nous nous échappons dans l’après-midi pour aller faire une ballade à cheval dans la forêt tropicale. Nous voici tous par deux (enfant + adulte) sur les chevaux avec deux guides qui nous enseignent les vertus médicinales des plantes, nous montrent les lianes, les fleurs.
Après une heure, nous faisons une halte pour un petit cours sur les pièges utilisés par les Guaranis. Quelques exemples sont disposés au milieu de la forêt. Pour amuser le touriste il y a aussi une petite démonstration de saut en liane. Le guide se débrouille bien alors que nous sommes tous incapables de revenir au point de départ. Seule Garance n’a pas essayé.
Encore une petite heure de ballade, très calme, au milieu d’une végétation très dense et des cris des oiseaux. Nous croyions aller voir une aldea Guarani mais en fait c’est quasiment impossible. Elles sont très difficiles d’accès ou bien, pour les aldeas les plus proches, les Guaranis y vivent comme les autres Argentins. Ce n’est peut-être pas plus mal, car si ces visites deviennent une attraction touristique, ce sera du gâchis, genre l’indien qui troque son jean pour un pagne le temps des photos.
La phrase du jour : "Maman tout de suite là ou je vais craquer !" Félix.

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