Journal de bord
ILE DE PAQUES
Février 2004

GMTFr = heure locale au méridien de Clermont-Ferrand.
-4H => 12H (midi) à Clermont-Ferrand = 08 Heures du matin à Santiago

Jeudi 19 février 2004 : musée.
GMTFr : -6H météo : pluie, découvert
La routine du tour passe par l’île de Pâques, la pluie aussi, excursion de demi-journée reportée. Arnaque à midi à deux pas de La Taverne du Pêcheur. Eviter absolument le restaurant qui est en face de l’autre côté de la route face à la mer. Nous nous replions vers le musée.
Du culturel de chez culturel, c’est ici que l’expression a été inventée… On lit plus que l’on ne regarde, mais c’est là qu’est conservé le seul œil de corail moai connu. Un moai féminin, très beau, vaut aussi le détour, le buste ramené en Norvège par l’expédition Kontiki, est revenu sur l’île après la découverte de la tête qui va avec, ou plutôt le contraire. Une belle histoire. Des outils, des pigments, des tissus en fibres locales, des statues en bois loin du niveau des monuments en pierre.
Au Ta Moana, très bon dîner de cuisine pacifique à tous points de vues : produits locaux, préparation et assaisonnement asiatiques, plats légers, prix amicaux.
La phrase du jour : "Les maths je m’en fous, parce que les maths c’est trop fastoche." Julia.

Vendredi 20 février 2004 : plage ET moais.
GMTFr : -6H météo : soleil, pluie, coucher de soleil
Plus on les regarde, plus on les voit. C’est le propre des grandes œuvres d’art. Beaucoup de ressources, presque inépuisables. Tous pareils, bien alignés, ils apparaissent au gré de la répétition des visites. Monumentaux, hiératiques, sibyllins, mystérieux, ils se dévoilent, se personnalisent. La pierre est belle, parfaite pour son rôle, une lave sombre assez dure pour paraître éternelle aux générations concernées, assez poreuse pour accrocher à son érosion les générations futures. Les coiffes ou les coiffures, pour celles qui ont été retrouvées, sont taillées dans une lave rouge posée sur le sommet plat du crane, imitant ainsi la couleur de la terre rouge de l’île dont s’enduisaient les Pascuans. De hauteurs légèrement différentes, une épaule toujours plus haute que l’autre, à la recherche d’une verticalité parfaite impossible mais proche. Les oreilles longues, la tête parfois très légèrement inclinée sur le côté, le menton toujours rond et proéminent avec des variations faibles. Leur port altier se décompose. Le troisième, en partant de la gauche, est le plus majestueux. Augustement plus haut et massif que les autres, plus charismatique, plus conscient de sa force et de sa puissance de demi-dieu, c’est le grand chef. Etonnamment, bien que les orbites, qui recevaient des yeux de corail à la pupille colorée, soient tous vides, on distingue le regard de chacun. Le suivant, plus petit de quelques centimètres est râblé, menton et épaules larges, front puissant. Un peu primaire mais on peut compter sur lui en tant de guerre contre les autres tribus. Le premier, réparé, n’existe pas. Les nez changent. Epatés ou plus fins, fragiles plus que le reste du quasi-monolithe, certains ont été restaurés partiellement ou totalement. L’art des restaurateurs est très loin de celui des artistes. Bouches fines aux lèvres fines, les largeurs et les mous différents, en accord avec les personnalités de chacun. Le plus beau, celui dont l’intelligence pure et droite a traversé le temps est le second. Fin, attentif, buste droit dans le sens de la tenue plus que de la gloire, regard ou plutôt vision claire sur le présent et l’avenir du groupe. Tout en lui est moderne. Le cinquième, traits lourds, épaule larges mais tombantes, un peu de ventre, est un notable sans histoire. Le sixième et le septième ne sont plus que des fragments de bustes très érodés ; beaucoup plus petits, il n’est pas certain qu’ils appartiennent au site. La huitième et dernière plate-forme est vide. Sur le dos des bustes presque cylindriques, des tatouages gravés dans la pierre.
Un peu plus haut, seul, un ancêtre. Rien à voir. Statue plate, ventre en avant, tête carrée, épaules carrées, pierre grise largement couverte de lichens, un air connu de Valdivia géant. Un air absent, comme absorbé par le temps. Parti avec les siens disparus de l’île depuis trop longtemps. Vieux, connaissant l’histoire de l’île depuis les débuts, il est un peu fatigué.
Voilà ce que l’on commence à voir à la troisième visite aux moais en bordure de la plage d’Anakena. Les enfants se baignent à proximité dans les rouleaux. Où peut-on trouver des endroits comme celui-là, sable blanc, plage, rouleaux pour jouer dans la mer turquoise, cocotiers, oeuvres d’art de classe mondiale, lieu désert et mythique, brochettes de poulet ou poisson grillé pour ceux qui ont la patience d’attendre que la doudou arrive pour ouvrir sa baraque ?
Après-midi RAS. Rinçage dans la piscine de l’hôtel, sieste, école, jdb et préparation de Tahiti… déjà. Dix mois de voyage depuis le départ en avril 2003 vers Minorque, cinq mois de tour du monde. Treize pays, parfois juste pour une escale, quarante aéroports. De Ranga Roa, île de Pâques, à quatre mille kilomètres de toute autre terre.
Chris embarque Choupie pour une expédition minute au bout du village, sous le musée, vers le site de Tahai. Le temps n’est pas au beau, beaucoup de nuages, quelques gouttes de pluie, grosses vagues et écume blanche à quelques mètres des moais. Plusieurs sont alignés, la tête du plus grand ressemble à celle de la statue de l’oreille cassée (Tintin), avec un bout du visage manquant. Les statues sont très érodées, cela crée une atmosphère particulière bien en accord avec la météo. Pour les photos, lumière en total contre-jour nuageux, il faudra repasser. Un solitaire a retrouvé des yeux, blancs, grosses pupilles noires. il fixe le ciel. Habitude, mystère, évolution moderne de la sculpture ? Les moais sont plus beaux sans leurs yeux. Ils fixent l’île et ses habitants. En fixant le ciel, leur signification change. Un dernier moai, d’un style encore nouveau et nous repassons devant les ruines de l’ancien village puis celles d’une case bateau avec vue sur le village neuf. Encouragés par cette visite, nous décidons d’aller voir le coucher du soleil à Orongo.
Depuis l’arrête du volcan, vue plongeante sur un cratère et ses petits lacs, falaise sur la mer, lieu du culte de l’homme oiseau, renaissance de l’île après l’abandon des moais. Ciel magistral, pétroglyphes (gravures « rupestres »), lumière qui baisse doucement sur les demi-maisons très basses en pierres plates, parfaitement restaurées, qui disparaissent sous l’herbe bien arrosée. L’endroit est superbe. Comme toujours au Chili, pas la moindre infrastructure, pas la moindre explication. Les enfants sont très sensibles à tout ça et courent en criant « nous sommes à l’île de Pâques ! Nous sommes à l’île de Pâques ! ». Garance donne aussi de sa voix. Ils ont oublié les œufs…
Les derniers mètres du retour, sur piste, c’est Félix qui conduit, seul. A l’aller c’était Julia.
La phrase du jour : "Il faut photographier les deux moais !" Félix.

A FAIRE A RAPA NUI
Retourner plusieurs fois sur les mêmes sites pour bien les voir. (***)
Musée au début du séjour pour avoir un fond de connaissances synthétiques.
Monter en haut du volcan de la carrière.
Coucher du soleil à Tahai, Tongariki, pour voir les moais noirs se détacher sur les ciels de couleur.
Matin sur ces mêmes sites pour prendre des photos bien éclairées.
Tour de l’île en moto.
Eventuel coup de plongée sous-marine.
Balade à cheval.
Tour de l’île à pied ou balade « aventure » de plusieurs jours.
 

LES PHOTOS / UN PEU DE TECHNIQUE / PHRASES DU JOUR ILE DE PAQUES


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